Un souhait du Pape : des laïcs coresponsables
Deux mois avant les célébrations du cinquantième anniversaire de Vatican II, Benoît XVI rappelle l’importance du rôle des laïcs dans l’Église, pour qu’ils puissent « apporter (leur) contribution spécifique à la mission ecclésiale ».
Publiés dans la torpeur de l’été romain, conjuguée à la gravité des diverses crises mondiales, les textes pontificaux courent souvent le risque de passer inaperçus. Le message adressé vendredi par Benoît XVI aux participants du Forum international de l’Action catholique, réuni à Iasi (Roumanie) du 22 au 26 août, mérite pourtant une attention soutenue.
Car, comme souvent, ce pape déroute. Alors qu’on le dit partisan d’une « recléricarisation » de l’Église, le pape, appelant à un « changement de mentalité », insiste sur l’indispensable « coresponsabilité » qui doit unir clercs et laïcs.
Ce terme, en vogue dans les années 1980, désigne la place éminente que doit occuper dans l’Église « un laïcat mûr et engagé, capable d’apporter sa contribution spécifique à la mission ecclésiale, dans le respect des ministères et des devoirs (…) et toujours en communion cordiale avec les évêques », sans oublier une « union intime avec le Successeur de Pierre ».
Certains pourront s’émouvoir de ces limites posées. Mais elles ne sont que l’expression de la structure même de l’Église catholique. En son sein, les laïcs, insiste Benoît XVI, doivent être « considérés non pas comme des “collaborateurs” du clergé, mais comme des personnes réellement “coresponsables” de l’être et de l’agir de l’Église ». Ainsi, « les pasteurs de ’Église, forts de l’expérience des laïcs, ont un jugement plus clair et plus opportun aussi bien spirituellement que temporellement ».
Le rôle des laïcs, conclut le pape, est d’être « réellement coresponsables de l’être et de l’agir de l’Église », formant ainsi « une école de mondialisation de la solidarité et de la charité, pour croître, avec toute l’Église, dans la coresponsabilité d’offrir un avenir d’espérance à l’humanité, en ayant le courage également de formuler des propositions exigeantes ».
Un programme stimulant qui sera naturellement pris en compte au fil des importants événements prévus à Rome cet automne : ouverture de l’Année de la Foi, Synode sur la nouvelle évangélisation et cinquantenaire du concile Vatican II.
Particulièrement en France, alors que la raréfaction des prêtres peut entraîner, comme par inertie, une extension de leur « fiche de poste », par définition quasi indéfinie, cet appel pontifical à une collaboration juste et bonne est de nature à apaiser les malentendus.
Ni le clerc ni le laïc ne sont l’Église à eux tout seuls. C’est bien tous ensemble, chacun à sa place, sans que le prêtre soit « laïcisé » ni le laïc « cléricalisé », qu’ils peuvent construire l’Église et, surtout, contribuer au bien commun.
Frédéric Mounier
La Croix