Tyrannosaur
de Paddy Considine (GB)
L’univers de Dostoïevski redécouvert en Ecosse
Quel dommage que ce film soit affublé d’un titre aussi malheureux !
Un titre qui peut faire passer à côté de l’œuvre d’un jeune cinéaste britannique qui mérite pourtant toute notre attention, qui révèle peu à peu une grande qualité humaniste.
Certes, c’est un film dur, qui nous affronte à la violence dans les rapports humains. Mais ce n’est pas un film sur la violence, c’est un film sur la détresse.
Les deux personnages principaux vivent un drame existentiel, une solitude radicale dont ils n’arrivent pas à sortir. Ce qui intéresse le cinéaste, c’est de dépasser les apparences, de rejoindre au-delà des comportements les blessures, les profondeurs cachées des êtres, de nous découvrir la complexité et la richesse de ceux qui restent à l’écart ou au ban de nos sociétés.
On est donc très proche de l’univers de Dostoïevski. Les titres « Crime et châtiment », « Humiliés et offensés », sont bien évocateurs de l’univers du film. Cet auteur sait, comme Dostoïevski, montrer la dimension spirituelle de toute existence humaine.
Et ce premier film se recommande par d’autres qualités.
Il est rare qu’au cinéma on voie des moments de prière qui sonnent aussi juste que ceux qui sont présentés ici.
Les acteurs, Peter Mullan (déjà présent chez Ken Loach, vu récemment comme le père dans Cheval de guerre de Steven Spielberg) et Olivia Colman, sont excellents.
Et le film laisse entrevoir qu’il peut exister une issue au delà de tout désespoir.
Jacques Lefur
7 mai 2012