Touchée ! Coulée !
Touchée ! Coulée !
Ces mots enfouis dans la mémoire de mon enfance, (qui n'a jamais joué à labataille navale ?) font ce matin irruption dans ma vie d'adulte. Un livreur se tient devant moi, tenant à bout de bras une superbe composition florale.
Porte refermée, surprise passée, j'ouvre la carte associée et cinq petits mots m'atteignent en plein cœur : « Je t'aime ma Nathalie cassée ».
TOUCHÉE/COULÉE, engloutie dans les flots de l'amour, de la tendresse. Aucun mot, aucune pensée. Je suis anéantie. Seul, un léger ruissellement sur mes joues signe que l'océan qui m'a aspirée laisse échapper le trop plein que ma poitrine ne peut contenir.
Toi, que les périples de ta vie ont rendue si proche de ceux qui sont cassés, brisés et laissés pour compte sur le bord de la route, tu me rejoins et j'accepte de monter sur ta monture pour connaître l'auberge de l'amitié, de la fraternité.
En ces instants je souhaiterais que ce dernier mot soit féminin. Tant de sœurs éclairent ma route depuis ces dernières semaines. Mais je veux laisser en sommeil la réflexion pour que la pensée n'entrave pas la douce sensation qui lentement m'envahit.
Le soleil est haut, la climatisation rafraîchit la pièce et cependant je fonds. Je m'enfouis, je m'enfonce dans le moelleux et la chaleur d'un amour à la fois si proche et si lointain. Le serpent du jardin d'Éden, le Dragon aux sept têtes qui sommeille en chacun d'entre nous aurait-il vraiment le sang froid ? Je ne sais. Mais ces belles orchidées blanches réchauffant toutes les fibres de mon être révèlent à mon cœur toute la chaleur d'un geste d'amour.
Geste divin parce que pleinement humain, geste qui élève, geste qui relève, geste qui enlève auprès de l'Amour.
Le « tu n'aurais pas dû » viendrait étouffer le feu qui m'embrase désormais. J'écrase donc du talon ces mots qui s'enfoncent alors dans la poussière de la terre. Et le ciel s'entrouvre parce que des paumes se présentent à lui et accueillent l'offrande que des mains fermées refuseraient. Le ciel s'entrouvre parce ce que du cœur jaillissent des mots que la pudeur ou l'éducation retiennent trop souvent prisonniers.
Nous fêtons en ce jour, Marie enlevée au ciel. À l'instar du cosmonaute qui lancé dans l'espace s'éloigne de plus en plus de la terre, Marie accueillie au ciel se rapproche de notre humanité.
Le ciel de Dieu n'est pas dans les étoiles mais dans le cœur de ceux qui aiment.
« Heureuse es-tu, toi qui a cru que la Parole de Dieu s'accomplira » Tu nous montres dès ici-bas les portes du ciel.
Heureuse es tu, toi aussi qui crois en l'Amour, tu emboîtes dès ici-bas les pas de Celle qui guide les nôtres.
Heureuse es tu, toi aussi qui sais réchauffer les cœurs transis et leur redonner vie.
Heureuse es tu, toi aussi qui te rends proche de ces familles qui viennent au camion pour un verre d'eau ou un bol de soupe. Qu'importe la température du breuvage, il possède la chaleur de celle qui l'offre et procure le même bien être.
Je m'octroie le droit de goûter cet instant qui imprime en ce jour son pesant d'éternité dans la contingence de mon présent.
Ciel et terre en ce jour de l'Assomption vibrent à l'unisson.
Osons nous « laisser prendre » par l'Amour aujourd'hui et pour toujours.
Nathalie Gadéa
15 août 2013