Roms en Roumanie : minorité discriminée et vulnérable

Publié le par G&S

Selon les estimations, les Roms représenteraient entre 1 000 000 et 2 500 000 personnes en Roumanie, soit près de 10% de la population totale du pays. Partis d’Inde peu avant le 11è siècle, ils arrivent en Europe de l’Est dès la fin du 13e siècle. En Roumanie, ils se trouvent rapidement sous le joug des seigneurs locaux, avant d’être officiellement réduits en esclavage au 17e siècle. Ce n’est que dans la deuxième moitié du 19e siècle que cette pratique est abolie et que les Roms deviennent des hommes libres. Pourtant les préjugés sont tenaces et la dépression des années 1930 conduit à une montée des fascismes et du racisme : les Roms, avec les Juifs, sont les premières victimes de pogroms puis, lors de la Seconde Guerre mondiale des déportations de Roumanie vers l’Ukraine. 

La chute du rideau de fer, les violences racistes et discriminatoires institutionnalisées, qui alimentent une méfiance vis-à-vis des institutions, la pauvreté conduisent de nombreux Roms roumains à tenter de migrer vers l’Europe de l’Ouest, et en particulier vers l’Allemagne et la France. Pourtant, ces Etats mettent rapidement en place des mesures pour restreindre l’entrée sur leur territoire. En 1992, l’Allemagne signe un traité bilatéral avec la Roumanie qui prévoit l’expulsion des Roms dont la demande d’asile est rejetée ; en 1994, la France s’engage sur une piste identique.

Aujourd’hui, et malgré la mise en œuvre d’une stratégie nationale pour améliorer la situation des Roms depuis 2001, ceux-ci continuent de souffrir de discriminations et de vivre dans un dénuement important, aux marges de la société roumaine.  Selon les sources entre 40 et 80% des Roms vivraient sous le seuil de pauvreté. Les discriminations dont ils sont victimes s’expriment principalement dans les domaines de l’accès au logement, à l’emploi, aux soins et, pour les enfants, à l’éducation. Ces problèmes sont d’autant plus préoccupants que la politique menée par le gouvernement français en 2010 a fortement contribué à exacerber un sentiment ‘anti-Roms’ en Roumanie. La migration vers des pays d’Europe de l’Ouest constitue une réponse pour trouver une alternative à cette situation. Toutefois, seule une minorité de Roms roumains émigrent.

Les Roms en France

La Commission Nationale Consultative des Droits de l’Homme précise que « [l’on] entend par Roms migrants les personnes vivant sur le territoire national, venant essentiellement des pays d’Europe Centrale et Orientale et se reconnaissant comme Roms ». Sur le territoire français, les Roms (principalement Roumains), seraient entre 10 000 et 15 000 selon les estimations, essentiellement installés sur les territoires des grandes agglomérations mais de plus en plus relégués aux marges de la ville centre. Peu nombreux, ils cristallisent pourtant, du fait de leur visibilité dans l’espace public (occupations de terrains, habitat précaire et insalubre, mendicité…) de nombreuses tensions et sont au cœur des attentions politico-médiatiques. Ceci est particulièrement vrai depuis le discours du président de la République française, Nicolas Sarkozy, prononcé à l’été 2010 à Grenoble qui, depuis, a conduit à un durcissement des mesures sécuritaires et migratoires à l’encontre des Roms.

Les Roms arrivent souvent en France en famille et s’installent de façon précaire en squat ou sur des terrains publics ou privés vacants, parce qu’ils n’ont pas de ressources suffisantes pour accéder à un logement décent. Sédentaires dans leur pays, ils s’installent souvent dans des caravanes en mauvais état en France, qui constituent un abri à moindre coût. Ils ne sont pas pour autant nomades. En revanche, ils sont souvent mobiles, à deux échelles : en France, pour échapper au harcèlement policier et en premier lieu aux expulsions ; entre la France et leur pays d’origine, dans une logique de migrations pendulaires. Leurs conditions de vie en France sont extrêmement précaires puisqu’ils vivent, pour l’essentiel, sur des terrains insalubres, non viabilisés. Le manque d’hygiène, inhérent à cette situation, est à l’origine de conditions sanitaires déplorables qui favorisent le développement de maladies chroniques telles que la tuberculose, ou parasitaires comme la gale. L’exclusion sociale et économique des publics roms en France résulte en grande partie de l’application des mesures transitoires, en vigueur jusqu’au 31 décembre 2013, qui restreignent l’accès au marché du travail pour les salariés roumains et bulgares, et par conséquent aux prestations sociales. Dans cette situation, nombreux sont ceux qui se livrent à de petits travaux tels que la récupération, ou à la mendicité. 

 

 

 

 

Publié dans Signes des temps

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