Résister

Publié le par G&S

Au bout du souffle, lorsqu'il devient si ténu qu'il n'est plus que bruissement (1Rois 19,12), de grandes choses peuvent alors survenir. C'est surtout le moment de résister.

Pour nous, Provençaux, chrétiens catholiques, il faut rappeler un récit terrible et sublime, l'histoire de Marie Durand (1711-1776).

Nous sommes au début du XVIIIe siècle, Louis XIV a révoqué l'édit de Nantes en 1685 et, tandis que les élites protestantes quittent la France, dans le Sud, en Languedoc, les protestants, fidèles à leur foi, résistent.

Ils sont persécutés, violemment ; c'est le moment des fameuses "dragonnades". Les hommes sont pendus, les femmes violées ou enfermées, "ils abusent, dit un contemporain, de la tendre pudeur qui est une des propriétés de leur sexe et ils s'en prévalent pour leur faire subir de sensibles outrages…"

En 1730, alors que son père, pasteur, est déjà emprisonné, Marie est arrêtée avec son mari (il sera pendu deux ans plus tard). Elle est enfermée à Aigues-Mortes, dans la Tour de Constance (elle n'a que 19 ans). Par sa force de caractère, elle devient l'âme de la résistance, au milieu de la trentaine de femmes déjà enfermées.

Durant trente-huit ans, elles vont vivre là, dans la pauvreté, le froid, la promiscuité. Elle exhorte ses compagnes, elle multiplie démarches, lettres d'encouragement, refusant d'abjurer sa foi. On lui attribue le mot REGISTER (RESISTER en occitan), gravé profondément dans la pierre de la margelle qui entoure le puits de lumière et qui est toujours là.

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Marie Durand reste le symbole de ces femmes qui, tout au long de l'Histoire de l'Église, sans faire de grands éclats, ont su, parfois au bout de leur souffle, témoigner, résister, assurer la transmission de leur foi, maintenir la vie.

Stéphane Hessel conclut son récent petit livret par ce distique qui les résume bien :

CRÉER C'EST RÉSISTER

RÉSISTER C'EST CRÉER

Pierre Rastoin

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