Rencontre avec Swamini Umananda
En mars dernier, Swamini Umananda a été initiée dans l’ordre du Sanyâs par Swami Tejomayananda. Encouragée par Swami Chinmayananda, elle a étudié les écritures sacrées lors d’une formation monastique en Inde. Elle a choisi de poursuivre sa recherche spirituelle et de consacrer sa vie au service de la société. Depuis quinze ans, elle dirige la Chinmaya Mission France à Paris et enseigne la philosophie indienne. Elle nous parle aujourd’hui de son cheminement et nous donne quelques clés pour comprendre l’hindouisme... et trouver le bonheur.
IEL : Bonjour Swamini Umananda. Merci de nous accueillir au Centre Chinmaya Shakti. Depuis seize ans, vous animez la Chinmaya Mission France. Pourriez-vous nous parler de votre cheminement au sein de cette organisation spirituelle ?
Swamini Umananda : Bonjour et bienvenue au Centre Chinmaya Shakti. Mon parcours spirituel commence dans le christianisme. Je suis chrétienne et d’ailleurs je n’ai jamais renié mes racines. Après l’adolescence, mes aspirations se sont tournées vers la compréhension du monde, mais plutôt des événements, de l’histoire. J’avais toujours au fond de moi cette quête spirituelle qui était là, mais un peu en suspens. Puis j’ai commencé, un peu par hasard, à prendre des cours de yoga et au début c’était plutôt pour trouver une certaine paix. J’avais bien compris que le yoga c’était une discipline qui apaisait et puis finalement, avec la pratique, au fil des années, j’ai eu des expériences très positives dans le yoga ; ça équilibre vraiment, ça procure beaucoup de bien-être avec une amélioration au niveau de la vie quotidienne. De plus en plus, j’ai eu envie d’approfondir. Donc, en fait au bout de cinq à six ans, j’ai préféré suivre un professorat de yoga dans une fédération à Paris pour approfondir, pour voir la philosophie qui était derrière le yoga ; j’ai fait des stages et j’ai commencé l’étude de la philosophie indienne. Mon professeur, M. Mahesh m’a conseillé de donner des cours et j’ai commencé à enseigner le yoga.
Pendant cette formation, j’ai pu rencontrer des maîtres spirituels, dont Swami Chinmayananda en 1983. Swami Chinmayananda était connu en Inde comme un grand maître spirituel, spécialiste du Vedanta. En août 1983, je l’ai rencontré lors d’un stage qu’il est venu animer en France et cette rencontre pour moi fut quelque chose de très fort. J’ai senti au fond de moi que j’étais en face de quelqu’un d’extrêmement noble, bienveillant et d’une dimension supérieure qui m’échappait. Dès que j’ai entendu sa première conférence, je savais que c’était ce message que j’attendais, un message extrêmement positif et libérateur. Cette rencontre a été vraiment percutante pour moi, d’autant plus que Swami Chinmayananda m’a vivement encouragée à venir étudier en Inde. J’ai mis quelques années à me décider et en 1989, je suis partie en Inde pour suivre une formation de type monastique très intense, avec l’étude des Ecritures sacrées de l’Inde et du Vedanta, la pratique de la méditation, l’étude du sanskrit et du chant – bref une immersion totale dans la culture indienne avec cet apprentissage de la philosophie à la source. Ces études ont duré deux ans et demi, puis j’ai eu l’occasion d’aller à la Réunion et à l’île Maurice où la Chinmaya Mission a des ashrams. Swamiji m’a alors demandé de retourner en France et de partager ce que j’avais appris. En 1992, j’étais de retour à Paris et, avec la grâce, j’ai retrouvé un emploi et je me suis réinsérée dans mon métier.
Et parallèlement, avec un petit groupe de gens qui connaissaient Swami Chinmayananda, un groupe d’études a commencé où je partageais ce que j’avais appris en Inde, et la Chinmaya Mission France a été créée. En juin 1993, nous avons invité Swami Chinmayananda à donner une conférence à Paris et c’est à partir de ce moment-là que la Chinmaya Mission France s’est vraiment lancée. D’année en année, des activités régulières se sont développées qui se poursuivent jusqu’aujourd’hui.
IEL : Au mois de mars dernier vous avez été initiée dans l’ordre du « Sanyas ». Vous avez reçu le titre de « Swamini » et adopté le linge orange des Swamis. Quelles sont les implications de cette nouvelle initiation ?
Swamini Umananda : Quand j’ai fini ma formation en 1992, on m’a demandé si je voulais servir la Mission ou non et, si oui, je pouvais le faire en tant que laïque ou en prenant un vœu de renoncement. Après réflexion, j’ai pris la décision de prendre ce vœu de renoncement ; j’ai été initiée ainsi une première fois et j’ai reçu le nom de « Brahmacharini Bhakti » (l’équivalent d’une sœur chrétienne) qui veut dire « celle qui se consacre à la recherche de Dieu ». Et récemment le responsable de la Chinmaya Mission, Swami Tejomananda, m’a proposé le « sanyas », la deuxième étape de ce vœu de renoncement, qui est vraiment l’engagement monastique ultime, radical. Quand on prend le « sanyas », on s’engage vraiment à n’avoir plus d’autre désir, plus d’autre but que la réalisation de l’ultime vérité. C’est une grande bénédiction et un élan intérieur immense pour celui qui le reçoit, et aussi pour ceux qui l’approchent ; quand ils l’approchent avec conscience, ils reçoivent beaucoup.
IEL : Qu’est-ce que ce changement apporte aux autres, à ceux que vous enseignez par exemple ?
Swamini Umananda : En Inde, dans la tradition, le « sanyas » est considéré comme un accomplissement suprême, donc, quelque chose de sacré, une bénédiction pour celui qui le prend et une bénédiction pour tous ceux qui sont en contact avec lui. Je me suis souvenu d’un texte de Swami Tapovan Maharaj qui avait dit que le jour où on prend le « sanyas » il faut penser à tous ceux qu’on connaît, sa famille, ses proches, ses amis, son pays, sa ville et bien sûr toute l’humanité. Chaque fois qu’un être reçoit le « sanyas » en Inde, qu’il est vraiment sincère et a pureté d’intention, la bénédiction, il peut la partager et elle peut rejaillir sur les autres. Et, le jour du « sanyas », je l’ai fait, j’ai vraiment associé les autres à cette grâce. Comme je le disais, c’est un engagement radical, on s’engage à se libérer de l’ego, de tous les désirs, de la colère, de la peur, d’être entièrement au service de la société et des autres. Il faut s’abandonner à la volonté divine. Et en même temps, un sanyasin est quelqu’un de complètement libre s’il choisit de vivre seul ; toutefois, il doit respecter un certain code de conduite et la discipline s’il fait partie d’une organisation spirituelle.
IEL : Votre mission, si je comprends bien, est de faire connaître la vision du Vedanta. Pourriez-vous nous en parler ?
Swamini Umananda : Avant de parler de cet enseignement au sein de notre association, je voudrais d’abord préciser que le but de la Chinmaya Mission France n’est pas de convertir les gens à l’hindouisme (d’ailleurs, ce n’est pas possible, on naît hindou et on ne se convertit pas à l’hindouisme, sauf intérieurement) ni de se développer pour se développer. Notre but est de contribuer, comme d’autres, à faire en sorte que l’éveil spirituel se développe en France. L’enseignement est notre contribution à l’effort d’éveil spirituel qui se fait en France.
Le Vedanta, c’est la métaphysique de l’Inde. L’hindouisme est un vaste ensemble. Souvent on compare l’hindouisme à un banian, cet énorme arbre qui a un tronc principal. Le tronc principal, ce sont les Vedas et à partir de ce tronc, il y a des branches qui s’élèvent et se replantent pour faire de nouvelles pousses. A partir des Vedas, de nombreux courants de pensée se sont fondés, des nouvelles formes religieuses, des croyances sont nées. Dans ce vaste ensemble, il y a des croyances, des philosophies et en particulier une métaphysique, qui s’appelle le Vedanta qui est en fait au cœur de toutes les autres croyances : la non-dualité. En fait, « Vedanta », ça vient du mot « Veda », « Veda + -anta », c’est-à-dire la « fin » des Vedas, à la fois la fin physique (car les Vedas sont basés sur les textes anciens, appelés les Upanishads, qui sont situés à la fin des Vedas) et aussi la « finalité » des Vedas ; en fait, toute la pensée des Vedas s’accomplit dans cette non-dualité.
Le Vedanta postule une idée à la fois simplissime et en même temps très difficile à expérimenter, qui demande une transformation personnelle. Si on prend un terme technique, il s’agit d’un « monisme rigoureux », c’est-à-dire, le Vedanta postule un principe divin, unique, absolu, une réalité suprême qu’on appelle le « Brahman » ; et ce principe a en lui le pouvoir dynamique de création, un pouvoir qui se manifeste sous la forme de l’univers. En fait, il y a, à la fois, la dualité qui apparaît parce que le monde est avec des formes qui apparaissent mais, en essence, toutes ces formes ne sont que ce principe suprême sous une autre forme. Tout est Un. Bien sûr, tout cela – cette vision de l’Unité – paraît une réalité très élevée, mais ensuite, le Vedanta et les autres courants tels le yoga, le yoga du son, etc., enseignent des méthodes, des techniques, un art de vivre qui affinent tellement l’esprit et la conscience qu’on devient capable de ressentir l’unité du monde, l’unité avec les autres êtres humains, l’unité avec tout ce qui nous entoure.
Donc, ce n’est pas intellectuel ; cela passe par l’étude des textes, c’est vrai. Mais après, quand on a l’esprit calme et sensible, on expérimente la non-dualité. Ceci se retrouve chez les mystiques de toutes les religions, soufis, chrétiens, hindous, etc. Quand un mystique parle, il parle de l’Unique ; à un moment, on arrive à la réalité transcendante, au-delà de toute forme humaine de la pensée. Donc, le Vedanta, c’est de la métaphysique pure, mais assortie d’une pratique, car en Inde, la philosophie n’a aucun intérêt si elle ne conduit pas à la sagesse et au bonheur. Les Indiens sont très pratiques. Le Vedanta est donc une métaphysique très élevée, assortie de recommandations pour vivre au quotidien, et des pratiques spirituelles spécifiques pour vivre la non-dualité comme une expérience, et pas seulement comme une idée.
IEL : Pour votre enseignement, vous vous appuyez beaucoup sur les textes de Shri Adi Shankaracharya. Ses paroles sont encore d’actualité. Est-ce que vous pouvez nous communiquer quelques-unes de ses principales pensées ?
Swamini Umananda : L’enseignement de Swami Chinmayanda est dans la lignée de Shankara et les idées que je viens d’évoquer sur le Vedanta sont exposées par Shankara dans ses textes. Si on reprend quelques idées fortes complémentaires, que dit Shankara ? Il dit que la seule chose qui nous empêche d’être heureux, en harmonie, c’est l’ignorance, l’ignorance spirituelle. Qu’est-ce que l’ignorance spirituelle ? C’est ignorer la dimension infinie, stable en fait, de notre être ; c’est-à-dire, il explique bien dans ses textes que nous vivons souvent avec une vision erronée de nous-mêmes, appelée l’ego, le « je », et tant qu’on base tout là-dessus, on ne peut pas être heureux. L’ego, le « je », ne vit que de choses éphémères : il s’identifie au corps, à l’apparence du corps, à la richesse, au succès, aux relations, à beaucoup de choses qui sont éminemment périssables et fluctuantes. Alors qu’au-delà de ce « je », il y a une dimension d’existence pure et, selon Shankara, le fait d’ignorer cette base stable en nous empêche d’être heureux. Le seul moyen d’être heureux est de descendre en profondeur et de trouver cet état d’existence éternelle.
Cette ignorance, selon lui, se traduit par des attachements ; si on réfléchit un peu, on voit que ce qui nous empêche d’avancer, ce qui fausse notre perception, ce sont des attentes, des illusions, des dépendances par rapport à quelque chose, à des objets, ou des idées et des habitudes de pensée. Shankara préconise alors le discernement, « viveka », et nous propose de tourner notre capacité de discernement sur nous-mêmes. On est très bon pour analyser les autres et voir leurs défauts ! Il faudrait tourner cette faculté d’analyse vers nous-même pour nous débarrasser de toutes nos entraves au bonheur. Si l’on fait cela, progressivement, l’esprit s’apaise et on descend vers l’intérieur. Une troisième idée que je peux vous donner : Shankara dit « Ne perdez pas votre temps ». La vie passe, il y a urgence, combien allez-vous attendre pour passer à l’essentiel ?
IEL : En effet, on ne se rend pas compte... Pour votre enseignement, en dehors des textes du Vedanta, vous travaillez aussi sur d’autres textes sacrés hindous ?
Swamini Umananda : Oui, il y a des groupes d’étude qui travaillent sur la Bhagavad Gita. Plusieurs possibilités sont proposées : il y a une classe qui essaie en un an de faire comprendre le déroulement de la Bhagavad Gita, avec une explication des 18 chapitres, pour permettre une compréhension globale du texte. Une lecture plus traditionnelle est celle où on prend la Bhagavad Gita chapitre par chapitre, verset par verset ; c’est ce qu’on fait ici au Centre Chinmaya Shakti. Actuellement, on étudie le chapitre 7 : les versets sont chantés, et ensuite, il y a l’enseignement, un commentaire sur les versets.
Dans l’enseignement, je m’appuie sur beaucoup d’anecdotes, des passages du Mahabharata ou du Ramayana. Nous avons aussi la chance d’avoir des textes composés par Swami Tejomananda, qui commente certaines portions de grands textes, comme le Bhagavatam, et ses écrits sont très adaptés à l’homme d’aujourd’hui. Tous ces textes sont étudiés ici de façon traditionnelle ; après le chant des versets, vient le commentaire, une lecture contemporaine du texte. On peut voir à quel point ces textes sont pertinents aujourd’hui, en particulier la Bhagavad Gita, qui est un véritable traité de management ! Gestion à la fois de soi-même et des autres. Par exemple, quand on doit gérer une équipe, il y a tout un art de vivre, un apprentissage dans le détail : comment gérer ses désirs, comment gérer ses émotions, comment gérer ses attachements, comment gérer ses relations avec les autres, comment atteindre la maîtrise du mental. La Bhagavad Gita est un texte unique, car elle nous apprend comment faire face à la vie en étant calme. C’est le but de Krishna dans ce texte. Quand on lit les commentaires des maîtres et qu’on médite dessus, on se rend compte à quel point ces textes sont vivants. C’est une des beautés de l’Inde : grâce à une tradition entre maîtres et disciples, il y a toujours des commentaires sur des textes très anciens, mais sans cesse adaptés aux différentes époques. À travers les siècles, les textes sont expliqués dans des termes et des concepts de l’époque. La vision et l’interprétation des textes évoluent, car l’époque avance, mais les textes ne changent pas ; on garde l’authenticité du texte et on fait passer le message.
IEL : Vous avez évoqué les textes sacrés « hindous ». L’hindouisme est une religion qu’on connaît mal. Quels en sont les principes ?
Swamini Umananda : La civilisation de l’Inde est très ancienne, au moins 2000-2500 ans avant J.-C. L’hindouisme, quoique très ancien, est très vivant aujourd’hui. Autrefois, il s’appelait le « brahmanisme », mais après a été connu sous le nom de « hindouisme », nom donné par les étrangers. Le vrai nom de la religion hindoue est le « Sanatana Dharma », la Loi éternelle. L’hindouisme est une religion basée sur un monisme rigoureux : il y a un seul principe divin qui se manifeste sous différentes formes dans ce monde. L’homme a donné à toutes ces manifestations des noms différents, d’où les divinités hindoues adorées sous des formes personnelles – Ganesh, Shiva, Krishna, Rama, Vishnu, Durga... Ce n’est pas un polythéisme mais un monisme.
Il y a donc cet aspect de croyances religieuses avec des pratiques, des rites : on va au temple, on fait sa prière... Et il y a aussi un corpus philosophique, théorique, qui est très vaste, avec différentes branches qui ont un commun une aspiration, la libération ultime. Avec les croyances et la philosophie, il y une troisième chose qui est très importante dans la religion hindoue ; il s’agit d’un art de vivre qui est le devoir de chacun, la vie selon le « dharma ». C’est le « dharma » qui va guider l’être humain dans sa vie quotidienne et dans sa conduite envers les autres ; pour un hindou, il s’agit du respect de l’ordre cosmique et par son comportement, il va contribuer à l’harmonie dans l’univers. Pour cela, il doit respecter les trois piliers de l’hindouisme, « satyam », la vérité, l’honnêteté, « brahmacharya », la maîtrise intelligente des sens, « ahimsa », la non-violence. Quand on respecte ces principes, ils se manifestent par des valeurs ; par exemple, quand on respecte ahimsa, cela va générer la patience, la douceur, la gentillesse.
IEL : A la Chinmaya Mission, on peut poursuivre une recherche spirituelle sans être « hindou » ? Est-ce que vous pouvez nous éclairer à ce sujet ?
Swamini Umananda : Comme je l’ai dit, on ne peut formellement pas se convertir à l’hindouisme, mais de toute façon, il n’est pas nécessaire de renier sa religion pour étudier la philosophie du Vedanta. La philosophie hindoue, qui est très vaste, nous conduit en profondeur dans la compréhension de l’être et du monde, et, on peut retrouver la beauté de sa propre religion et mieux la comprendre. Ici, il y a beaucoup de Français qui viennent et qui sont en rupture de religion. Par la réflexion philosophique et l’expérience spirituelle, certains retrouvent le sens de leur propre religion, des religions, en général. C’est seulement quand il n’y a plus de rejet, de négativité, que l’on peut progresser dans la vie et vivre mieux ; on va plus profondément en soi-même dans sa compréhension. La Chinmaya Mission est ouverte à tous les chercheurs sincères qui ont envie d’aller plus loin dans leur éveil spirituel et dans leur transformation personnelle.
IEL : Quelles sont les activités du Centre Chinmaya Shakti à Paris ?
Swamini Umananda : Essentiellement des groupes d’études, avec un enseignement que je donne à partir des Écritures sacrées. Il y a deux types d’enseignement : directement sur les textes, comme je l’ai déjà dit, sur la Bhagavad Gita, ou sur le Ramayana. Et puis, nous avons les « Dimanches du Vedanta », conférences ou des ateliers sur des thèmes comme le « Dharma », « La loi du karma », « La nourriture », « Les relations humaines », « La gestion des émotions »....
IEL : Des thèmes de la vie quotidienne ... ?
Swamini Umananda : Tout à fait. Et puis nous avons aussi des cours de méditation, et des stages à la campagne, surtout l’été. [Il y a deux ans] Swami Tejomayananda est venu conduire une retraite de 5 jours, avec étude de la Katha Upanishad. L’autre activité de l’association est de publier des textes en français. Nous avons publié six livres dont la Bhagavad Gita en français (elle vient d’ailleurs d’être rééditée en format poche chez Trédaniel). Et maintenant la traduction des Upanishads commence. Il y a une grande demande en France pour des publications en français.
IEL : Des textes commentés par les Maîtres ?
Swamini Umananda : Toujours, surtout par Swami Chinmayananda. On a également des ouvrages commentés par Swami Tejomananda. Enfin, la CMF édite aussi un bulletin de liaison trimestriel destiné à nos adhérents.
IEL : Organisez-vous des animations avec les autres centres Chinmaya dans le monde ?
Swamini Umananda : Tout à fait. Quand nous organisons des stages en France, j’invite toujours des swamis indiens. J’ai aussi été invitée en Inde pour parler de mon expérience en France, car c’est très particulier : nous avons un public français. Mais, la collaboration la plus étroite se fait surtout avec Londres : nous organisons des programmes ensemble, et aussi le Centre Chinmaya de Londres nous soutient financièrement.
IEL : La paix se trouve aujourd’hui menacée dans le monde avec tous les conflits de pouvoirs. Comment la Chinmaya Mission évolue-t-elle face à cette agitation mondiale ?
Swamini Umananda : Vous avez posé la question qui est vraiment le thème de la Bhagavad Gita ! D’après l’enseignement de la philosophie indienne, le monde, par nature, est agité. Est-ce qu’il y a une période de l’histoire où le monde n’a pas été agité ? La différence aujourd’hui, c’est que l’homme peut détruire plus ; mais, il y a toujours eu des guerres, des conflits.
Tant que l’homme n’est pas transformé intérieurement, il entre en conflit à propos de beaucoup de choses. Là n’est pas le problème. La vraie question est de savoir quel est notre rôle, à notre niveau, en tant qu’individu, pour atteindre la paix. C’est là effectivement que les religions et la spiritualité interviennent : elles nous apprennent à nous apaiser et à vivre en harmonie dans un monde agité. C’est la seule manière d’apaiser le monde. Quand un individu trouve la paix, le monde trouve un équilibre. Le véritable enjeu n’est pas seulement de résoudre les conflits sur la planète, mais c’est d’aider les gens à trouver l’équilibre intérieur. C’est le but de toutes les philosophies, toutes les religions au-delà de l’Inde, d’ailleurs. À notre échelle, modestement, nous essayons de donner aux gens une vision de la vie, une échelle de valeurs, et des pratiques pour qu’ils puissent trouver cette paix en eux.
IEL : La paix peut ainsi se communiquer aux autres ?
Swamini Umananda : Absolument, quand quelqu’un est paisible, il devient une source de paix pour ceux qui sont autour de lui.
IEL : Une des devises de votre organisation est d’ « offrir le plus de bonheur à un maximum de personnes le plus longtemps possible ». Un commentaire...
Swamini Umananda (sourire) : Tout est dit là... C’était la vision de Swami Chinmayananda : cet enseignement millénaire, nous essayons, de façon dynamique, de le rendre vivant pour aider les gens à trouver le bonheur. Quand on parle de bonheur, c’est la paix, la paix intérieure. On est vraiment heureux, de façon durable, quand on est paisible.
IEL : Ce serait un tel message que vous aimeriez communiquer à nos internautes ?
Swamini Umananda : Oui, tout à fait. Et surtout, le fait qu’il ne faut jamais désespérer, et penser qu’une situation ou une vie est dans une impasse, qu’on ne pourra jamais être heureux dans ce monde. Ce que disent les sages de l’Inde et les grands Maîtres, c’est qu’il y a en nous un espace, une dimension, un état, qui est « paix et infini ». C’est là que le bonheur nous attend, dans cet espace au fond de nous-même...
IEL : Swaminiji, nous vous remercions de nous avoir accordé cet entretien et pour tous ces précieux conseils.
Swamini Umananda : Merci à vous.
Anjali
B.
2 octobre 2008
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"La démarche du Vedânta est de rendre progressivement l’homme plus heureux et plus satisfait dans sa vie quotidienne, afin que le développement spirituel se fasse automatiquement en lui. La Réalisation du Soi n’est pas la projection soudaine d’une connaissance particulière. C’est l’aboutissement du processus d’évolution chez l’homme". Chinmayananda