Mon Dieu ! Mon Dieu !
Pourquoi m’as-tu abandonné ?
Mon Dieu ! Mon Dieu !
Je ne te crie plus Abba, Père, comme dans ma prière quand je suis en relation avec toi !
Je ne m’adresse plus seulement à Toi comme Ton fils mais comme ton serviteur, comme ton messager, comme ton représentant de l’humanité sur terre. »
Pourquoi, oui pourquoi tout ça ? Tout ça pour rien ?
Pourquoi, oui pourquoi m’as-tu abandonné ?
Tout est consommé. Je ne pourrai pas achever l’énoncé du psaume, ce psaume qui m’appartient ; ce psaume, un jour, inspiré à un de tes prophètes.
Pourquoi ?
Je meurs avec cette question sur mes lèvres.
Pourtant, avec l’alliance nouvelle, ce pourquoi ne se posait plus.
Pourquoi ?
Ce mot déchirera, à nouveau, l’humanité dans les temps à venir.
Un pourquoi sans réponse à ses questions, car moi, j’étais la réponse.
Mon Dieu ! Tu m’avais fait réponse !
Mon Dieu ! Mon Dieu !
Je ne t’appelle plus Père ! Car un père ne peut rien pour sauver son fils si celui-ci doit mourir.
Mais je t’appelle : « Mon Dieu » car rien n’est impossible à Dieu.
Mon Dieu ! Mon Dieu !
Donne-moi la force de prononcer les paroles du psaume jusqu’à la fin !
Mais tu savais déjà tout à l’avance !
Et tu savais que tu ne ferais rien pour moi, justement car je suis Ton fils, car j’ai choisi, comme toi, d’aller jusqu’au bout de ma liberté.
Les autres échappaient en te priant. Mais c’étaient les autres !
Ma mission, tu me la fais assumer jusqu’au bout, cette mission donnée dans la confiance et reçue avec tant de joie !
Mon Dieu ! Mon Dieu !
Non, il n’y aura pas de pierre changée en pain,
pas d’anges qui me soutiendront de leurs ailes,
personne, dans ce désert de la mort.
« Tu ne mettras pas à l’épreuve, le Seigneur ton Dieu ! »
Comment ai-je pu dire, moi-même, cette phrase à Satan ?
J’étais fort alors assez fort pour vaincre la faim, la soif, le mal, assez fort pour défier et mettre Satan à l’échec.
Aujourd’hui, je ne suis plus que ce lambeau de chair pendu à ces deux poutres en croix.
Aujourd’hui, je ne suis plus que l’échec moi-même.
Mon Dieu ! Mon Dieu !
Mais tu es toujours mon Dieu.
Tu es toujours mon espérance.
Si je peux encore te crier : Mon Dieu ! je peux donc encore te crier mon espérance, l’espérance de ceux qui échappent à toutes formes de morts.
Mon Dieu !
Entre tes mains,
oui, entre tes mains seulement,
je remets mon esprit.
Christiane Guès