Michael Lonsdale, admirateur de l'amour du Christ
Un des grands événements cinématographiques de ces dernières années aura été l’extraordinaire succès du film Des hommes et des dieux, qui retrace l'histoire de la vie et de la mort des moines de Tibhirine, en Algérie. Parmi les acteurs, Michael Lonsdale a incarné un inoubliable « frère Luc », le moine médecin, interprétation qui lui a valu en 2010 le César du meilleur second rôle.
Il y a quelques mois, Michael Lonsdale publiait un ouvrage où, après avoir décrit son itinéraire artistique et spirituel, il communiquait ce qu’il appelle ses « plus belles pages chrétiennes » 1. Il s’agit de plus de 50 textes qui vont de la Bible aux auteurs les plus contemporains.
Évoquant sa participation au film Des hommes et des dieux il écrit ceci : « Dans ce film, je n’ai pas eu l’impression de jouer : j’ai vécu. Luc était là, tout le temps, il m’a prêté son esprit pour interpréter le rôle. Quand on a affaire à un être aussi fort, il ne s’agit pas de jouer mais de se laisser habiter par ses paroles » 2. Et il continue : « Lorsqu’on me demande de faire des conférences sur ma foi, sur le personnage de Luc et sur le film, j’ai l’impression d’apporter un témoignage utile car nous avons besoin de bonté. Aujourd’hui, je suis plus heureux que jamais. Je pensais qu’à 80 ans, j’en aurai assez de bouger. Mais non, je continue parce que je peux maintenant le faire dans une grande paix. J’ai peut-être dit dans le film ce que je pense au fond de moi : l’amour du Christ pour les hommes a toujours provoqué mon immense admiration » 3.
Fils d’un protestant non pratiquant et d’une mère catholique ayant gardé un très mauvais souvenir de son éducation chez les religieuses, Michael Lonsdale n’a pas été baptisé. Son itinéraire spirituel a vraiment commencé au Maroc où il vivait, grâce à un musulman antiquaire à Fès. Après la séparation de ses parents, il vit à Paris et fréquente les Ateliers d’art sacré fondés par Maurice Denis où il rencontre le Père Régamey, dominicain qui devient son père spirituel et l’amène au baptême à 22 ans. Mais loin de le détourner du métier de comédien qu’il choisit, il l’encourage dans cette voie car, lui dit-il, « Vous direz au public des choses que vous ne pourrez dire à personne dans votre vie ».
Lorsqu’on lui demande comment il concilie son métier de comédien avec la foi du chrétien charismatique qu’il est devenu, il répond ceci :
« Dans ma vie, je n’ai jamais établi de frontière entre l’art et la foi. Je suis artiste et croyant. On me demande souvent comment j’ai pu servir avec conviction le théâtre d’avant-garde, celui de Beckett par exemple… À notre époque, le spirituel s’incarne plutôt, comme chez Beckett, dans le désespoir, dans un regard assez pessimiste, empli d’humour aussi, sur la condition humaine, une mise en majesté du rebut humain. Un regard d’une incroyable commisération » 4.
Bernard Ginisty
1 – Michael Lonsdale : L’Amour sauvera le monde. Mes plus belles pages
chrétiennes. Photographies d’Olivier Martel. Éditions Philippe Rey, 2011
2 – Id. page 15
3 – Id. page
18
4 – Id. page 13