Mariage homosexuel : formons-nous, informons-nous
Message de l’Évêque de Nanterre aux Catholiques des Hauts-de-Seine
Des débats précipités, et qui ne vont pas au fond des choses, ont lieu actuellement à propos des projets de loi sur le « mariage homosexuel », comme on a pris l’habitude de l’appeler, et sur l’adoption par les couples homosexuels. L’enjeu est grave et touche à la dimension sociale du mariage et de la famille, et au bien commun. Il mérite un vrai débat auquel toute la société puisse prendre part comme elle a pu le faire à propos de la bioéthique. Je vous invite à exiger sans tarder ce débat en écrivant au premier ministre et à votre député.
À plusieurs reprises je vous ai dit ou écrit que si nous voulons participer à ce genre de débat, ce n’est pas pour défendre les convictions de l’Église catholique, que nous ne voulons imposer à personne, mais parce que nous croyons que ces convictions sont vraiment au service de l’homme et de la société. Pour cela, nous devons être formés et informés. Nous avons de nombreux moyens à notre disposition : documents de l’Église, articles, émissions dans les médias catholiques, etc. Il nous faut en même temps être capables de présenter l’enseignement de l’Église et d’écouter et respecter les personnes qui s’y opposent en paroles ou en actes.
Comment rester libres à l’égard de toutes les modes et des pensées présentées comme majoritaires ? Comment respecter les personnes en proposant la vérité révélée par la Parole de Dieu ? Prenons garde de ne pas nous situer en face de la société. Nous sommes dans le monde, nous en faisons partie. Souvenons-nous que Dieu a envoyé son Fils dans le monde, non pas pour juger le monde, mais pour que, par Lui, le monde soit sauvé (Jean 3,17).
L’Église, parce qu’elle estime que le mot « mariage » a une signification précise et qu’elle demande que le droit de l’enfant passe avant le droit à l’enfant, serait homophobe. Cette accusation n’est pas acceptable mais il faut être conscient de ce qui la provoque : une mise à l’écart et des condamnations de personnes homosexuelles, pendant des siècles et souvent encore aujourd’hui. En ce qui concerne l’homosexualité, nous sommes en face de réalités diverses souvent ignorées.
Beaucoup de personnes homosexuelles catholiques attendent de l’Église qu’elle les aide à suivre le Christ. Il faut bien constater aussi que nombre de catholiques considèrent les personnes homosexuelles comme des pécheurs à convertir ou comme des malades à guérir. Les préjugés et les caricatures habitent encore tant d’esprits et de cœurs !
Tout en rappelant les raisons pour lesquelles nous ne mettons pas sur le même plan hétérosexualité et homosexualité, sommes-nous capables de dire que l’identité qui doit toujours être première et dépasser toutes les autres, c’est notre identité de fils et filles de Dieu ? C’est dans cet esprit que nous avons vécu le 1er juillet dernier notre pèlerinage Chemins d’Emmaüs au cours duquel nous avons marché, partagé et prié plus particulièrement avec et pour les personnes concernées directement ou indirectement par l’homosexualité.
Gérard Daucourt
Évêque de Nanterre
Le 17 septembre 2012