Le profil du prêtre pour l'Église
Le pape, qui a mis le sacerdoce ministériel à l’agenda de l’Église universelle pour cette année, souligne les deux conceptions différentes du prêtre en tension dans l’Église.
Jour après jour, se dessine à travers les interventions du pape et de la Congrégation pour le clergé, en charge des 450 000 prêtres du monde entier, une sorte de « feuille de route » du prêtre d’aujourd’hui, tel que l’Église catholique l’attend.
La figure centrale, comme annoncé par Benoît XVI lors du lancement de l’Année sacerdotale, en juin dernier, est bien celle du curé d’Ars. Nous vivons aujourd’hui « les mêmes défis humains et spirituels fondamentaux » (le 5 juin) dit-il, avant d’ajouter que « ce qu’a vécu Jean-Marie Vianney est aujourd’hui d’une très grande actualité » (le 24 juin), mettant l’accent sur le contexte très dur que le curé d’Ars avait rencontré, lui aussi. « Vous ne devez pas vous laisser détourner par les difficultés » a-t-il dit aux évêques brésiliens en visite ad limina fin août. Si le pape éprouve à ce point le besoin de préciser le profil du prêtre, c’est bien parce qu’il constate que deux conceptions du sacerdoce sont en présence dans l’Église. D’où une « tension » qu’il a ainsi définie lors de l’audience du 24 juin dernier : « Souvent, dans les milieux théologiques ou bien dans la pratique pastorale et de formation concrète du clergé, s’affrontent et parfois s’opposent deux conceptions différentes du sacerdoce. (…) D’une part, une conception socio-fonctionnelle qui définit l’essence du sacerdoce avec le concept de “service” : à la communauté, dans l’exercice d’une fonction. D’autre part, il y a la conception sacramentelle-ontologique, qui naturellement ne nie pas ce caractère de service, mais le voit cependant ancré à l’être du ministre et qui considère que cet être est déterminé par un don accordé par le Seigneur à travers la médiation de l’Église, dont le nom est sacrement. »
Le prêtre doit être « un saint prêtre »
Et Benoît XVI précise : « à la conception ontologique-sacramentelle est lié le primat de l’Eucharistie, dans le binôme “sacerdoce-sacrifice”, alors qu’à la conception socio-fonctionnelle correspondrait le primat de la parole et du service de l’annonce. »
Ce cadre posé, le prêtre doit être « un saint prêtre ». Ses caractéristiques, facilement repérables, en sont définies avec insistance au fil des interventions de Benoît XVI. Chacune pèse de son poids propre. Il doit vivre dans l’imitation du Christ, attentif à la pauvreté, à la chasteté et à l’obéissance. L’Eucharistie, la prière et l’annonce de la Parole doivent être au centre de son ministère. Le prêtre se tient loin des débats politiques, se situe différemment des laïcs. Le célibat est constitutif de la radicalité de son engagement, dans une grande proximité avec Marie. Sa présence au peuple doit être marquée par le sacrement de confession. Sa formation doit être l’objet du plus grand soin, le même qui doit être apporté à l’appel aux vocations.
En conclusion, Benoît XVI ne nie en rien la difficulté de suivre ce chemin par les temps qui courent, reprenant l’exclamation du curé d’Ars : « Comme il est effrayant d’être prêtre ! » (le 24 juin). La vocation sacerdotale, il ne le méconnaît pas, « se paie d’un prix élevé ».
Frédéric MOUNIER (à Rome)
La Croix.com 25.11.09
NDLR – On peut aussi se reporter à l'article Quels prêtres pour demain ?