La rafle
de Roselyne Bosch
C’est une des pages les plus sombres et les plus douloureuses de l’histoire récente de la France qui est évoquée ici : en 1942, poussées par les occupants allemands, les autorités françaises arrêtent en une nuit 13 000 Juifs de Paris, les parquent au « Vél d’Hiv » avant qu’ils soient dirigés sur Auschwitz. Seules 25 personnes en reviendront vivantes, aucun enfant. Le film s’attache à rappeler les faits avec exactitude ; il a bénéficié pour cela des conseils de Serge Klarsfeld.
On revit successivement quelques moments forts : la vie de familles juives au pied de la Butte Montmartre, surtout les enfants saisis avec l’insouciance et la vitalité de leur âge ; la rafle, le 16 juillet 1942, et l’éprouvant séjour dans un Vél d’Hiv sans nourriture, le transfert dans un camp du Loiret avant le départ vers l’Est. Mais la cinéaste choisit de réaliser un film grand public, susceptible de toucher tout le monde. Elle joue alors sans cesse sur la corde sensible, privilégiant la place des enfants, ce qui ajoute à l’émotion. Si les acteurs connus auxquels elle fait appel, Gad Elmaleh, Jean Reno, Sylvie Testud sont bons, dans des rôles tout en retenue, la pauvre Mélanie Laurent (pourtant excellente récemment dans « Le Concert ») est affligée d’un rôle d’infirmière chargée de faire déborder les bons sentiments. Et les scènes intercalaires avec le Maréchal Pétain et Laval, ou avec Hitler et Eva Braun, fort mal jouées, sont complètement ratées.
Un grand sujet donc, qui mérite d’être vu par ceux, notamment les plus jeunes, qui ignoraient tout de ces moments dramatiques. Mais pas un grand film : sur d’autres aspects de cette histoire douloureuse, on a vu récemment des films aussi émouvants, mais de réelle qualité artistique : « L’armée du crime » de Robert Guédiguian, ou auparavant « Le Pianiste » de Roman Polanski.
Jacques Lefur