La « Nouvelle » est toujours « neuve »
- Il y a des moments où je me demande quels sont ceux de mes collaborateurs qui ont raison. Ceux qui organisent la carence ou ceux qui cherchent des prêtres pour dire des messes et recrutent des "curés" pour suppléer les défaillances ?
- On passe de la paroisse ‘village’ à la paroisse ‘canton’. Le tour est joué.
- On crée des ‘équipes animatrices’ ou leurs équivalentes qui demeurent exactement dans une perspective de cléricature collégiale. Monsieur le Curé est devenu un groupe de messieurs et de dames mais il demeure Monsieur le Curé, omni présent, omni pensant, omnipotent... Le droit canon l’y invite.
- Certes, il y a beaucoup d’efforts ici ou là, les commissions travaillent et s'épuisent, mais il faut reconnaître que l’on est plus dans le perfectionnement que dans l'innovation. Notre imagination nous tire en arrière pour reproduire « à la moderne » la vénérable antiquité.
- Pour alléger les structures dévoreuses d'énergie nous n'avons encore rien trouvé. Pour laisser la foi collective inventer la mission dans le monde moderne, nous restons courts. L'Église dans ses communautés proches et visibles reste un "lieu" où l'on va et non pas une communauté à géométrie variable qui se réunit ici ou là, pour ceci et pour cela, toujours autour du Christ.
- Dans ces assemblées de petite taille on trouvera des "confessants", des "sympathisants", des "passants" et des “curieux”. Les premiers sont stables et absolument nécessaires pour que les autres puissent se déterminer pour le Christ, à leur rythme.
L'Église n'est plus un lieu ‘préétabli’ bâti en dur sur un terrain rural ou urbain mais une tente qui se déploie au rendez-vous des humains. Tous les lieux sont bons pourvu que les confessants convoquent les autres. D'ailleurs chaque communauté confessante de 5 à 10 personnes devrait avoir un fichier d'adresses de plus de cents personnes à l'oreille intéressée, aux yeux vifs et au cœur battant, pour pouvoir les inviter à les rejoindre dans des moments importants.
Bref, pourquoi s'épuiser à restaurer ce qui finit. Gabriel Matagrin m'a dit un jour : « Vatican II a fait le point sur un monde qui finissait. Le concile a mis de l'ordre et actualisé les acquis ecclésiaux des années quarante, cinquante et soixante ». La justesse de son diagnostic se confirme !
À nous de créer le "neuf". Le prochain concile dans cinquante ans mettra de l'ordre dans ce que nous aurons déjà vécu.
N'attendons pas de consignes pour l'avenir, l'avenir est en nous, à nous de le mettre au monde avec foi, communion et modestie.
Christian Montfalcon
Article écrit en 1995…