La fille du puisatier
film de Daniel Auteuil
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Invité à l’avant-première du premier film de Daniel Auteuil, j’avoue que mes craintes étaient grandes à l’idée de voir cette nouvelle version du film de Marcel Pagnol sans jamais oublier Raimu, Fernandel et autre Charpin.
J’avais tort.
Cette version, tournée dans de magnifiques sites de la Provence « de l’intérieur », devrait donner à tous les estrangié l’envie de venir habiter chez nous toutes affaires cessantes ; et, dès la première scène, Daniel Auteuil, le puisatier, gère avec brio la réplique culte : « la troisième mine, elle a cagué ! ».
On entre tout de suite dans le cœur de l’action et on oublie très vite les acteurs mythiques du passé pour s’attacher à Felipe, cet ouvrier un peu benêt mais honnête qui trouve en Kad Merad un serviteur fidèle mais moins pitoyable que ne l’interprétait Fernandel, puis à cette jeune fille innocente mais forte (Àstrid Bergès-Frisbey) qui tombe dans le piège d’un bel aviateur (Nicolas Duvauchelle) fils d’un couple commerçant et riche : Jean-Pierre Darroussin, complètement dépassé par sa femme, Sabine Azéma, aussi impressionnante dans la méchanceté hystérique d’une nouvelle riche que dans la veulerie forcée par la détresse d’une mère devant la mort annoncée de son enfant.
Daniel Auteuil, brillant réalisateur « débutant », nous donne une immense leçon de comédie : grossi artificiellement (j’ai pu le vérifier au cours de la rencontre que les spectateurs ont eue avec lui après le film…), avec un accent parfait (et jamais exagéré) digne de l’avignonnais de souche qu’il est, il ne fait pas « du Raimu » mais donne vie à un « provençal de Provence » fier dans sa pauvreté, intransigeant dans ses principes mais incapable de résister à la vue de son petit-fils, son petit Amoretti. Bravo l’artiste !
La bande son est à la hauteur de l’ensemble, Daniel Auteuil n’oubliant pas qu’il est né de parents chanteurs de classique et qu’il fut lui-même sur scène à quatre ans, dans Madame Butterfly de Puccini ! Le leit motiv du film est Catari, la chanson italienne immortalisée par Tino Rossi.
Amis Internautes, vous savez ce qu’il vous reste à faire !
René Guyon