La Communion selon Jean Cassien
« Nous ne devons pas […] nous suspendre nous-mêmes de la communion du Seigneur parce que nous avons conscience d’être pécheurs.
Au contraire, nous irons la recevoir avec une avidité plus grande afin d’y trouver la santé de l’âme et la pureté de l’esprit…
Si nous attendions d’être dignes nous ne ferions pas même la communion une fois l’an.
Cette pratique de la communion annuelle est celle de plusieurs qui demeurent dans les monastères. Ils se forgent une telle idée de la dignité, de la sainteté, de la grandeur des divins mystères, qu’il ne faut s’en approcher, à leur sens, que si l’on est saint et sans tache et non pas plutôt afin de le devenir.
Ils pensent éviter toute présomption orgueilleuse.
En réalité celle où ils tombent est plus grande ; car, le jour du moins où ils communient, ils se jugent dignes de la communion.
Combien est-il plus raisonnable de recevoir les sacrés mystères chaque dimanche, comme le remède à nos maladies, humbles de cœur, croyant et confessant que nous ne saurions mériter cette grâce ; au lieu de nous enfler de cette vaine persuasion qu’au moins nous en serons dignes au bout de l’an. »
Jean Cassien
Conférence XXIII,21. Sources chrétiennes (64), Cerf (1959), p. 167-168.
Jean Cassien, Joannes Cassianus, est un moine et homme d’Église qui a vécu aux IVe et Ve siècles, à Marseille.
Il a laissé une œuvre doctrinale importante, dont les Institutions cénobitiques (De Institutis coenobiorum et de octo principalium vitiorum remediis, écrit vers 420) et les Conférences (Conlationes ou Collationes), ouvrages consacrés à la vie monastique. Il est le fondateur de l'abbaye de Saint-Victor de Marseille.