La Cananéenne et les petits chiens

Publié le par G&S

(Matthieu 15,21-28 ; Marc 7,24-30)

C’est au cœur du mois d’août que l’évangile de ce dimanche nous propose le texte de la rencontre de Jésus avec une cananéenne ; je retranscris donc ci-dessous, une fois n’est pas coutume, les textes que l’on va étudier, pour nos lecteurs qui n’ont emporté en vacances que leur guide touristique…

Matthieu 15,21-28 : En sortant de là, Jésus se retira dans la région de Tyr et de Sidon. Et voici qu'une femme cananéenne, étant sortie de ce territoire, criait en disant : « Aie pitié de moi, Seigneur, fils de David : ma fille est fort malmenée par un démon. » Mais il ne lui répondit pas un mot. Ses disciples, s'approchant, le priaient : « Fais-lui grâce, car elle nous poursuit de ses cris. » À quoi il répondit : « Je n'ai été envoyé qu'aux brebis perdues de la maison d'Israël. » Mais la femme était arrivée et se tenait prosternée devant lui en disant : « Seigneur, viens à mon secours ! » Il lui répondit : « Il ne sied pas de prendre le pain des enfants et de le jeter aux petits chiens. » « Oui, Seigneur ! dit-elle, et justement les petits chiens mangent des miettes qui tombent de la table de leurs maîtres ! » Alors Jésus lui répondit : « Ô femme, grande est ta foi ! Qu'il t'advienne selon ton désir ! » Et de ce moment sa fille fut guérie.

Marc 7,24-30 : Partant de là, il s'en alla dans le territoire de Tyr. Étant entré dans une maison, il ne voulait pas que personne le sût, mais il ne put rester ignoré. Car aussitôt une femme, dont la petite fille avait un esprit impur, entendit parler de lui et vint se jeter à ses pieds. Cette femme était grecque, syro-phénicienne de naissance, et elle le priait d'expulser le démon hors de sa fille. Et il lui disait : « Laisse d'abord les enfants se rassasier, car il ne sied pas de prendre le pain des enfants et de le jeter aux petits chiens. » Mais elle de répliquer et de lui dire : « Oui, Seigneur ! et les petits chiens sous la table mangent les miettes des enfants ! » Alors il lui dit : « À cause de cette parole, va, le démon est sorti de ta fille. » Elle retourna dans sa maison et trouva l'enfant étendue sur son lit et le démon parti.

Cananeenne.jpg

Jésus vient d'avoir une altercation avec les pharisiens, qui reprochent à ses disciples de ne pas respecter les prescriptions de la loi juive : ils les ont vus, en particulier, se mettre à table sans se laver les mains. Jésus, violemment, leur a reproché leur hypocrisie et le fait qu’ils s’attachaient à des petits détails, ce qui leur permettait de négliger LE grand commandement, qui est l'amour du prochain.

Puis Jésus part, et, pour la première et unique fois dans sa vie chez les synoptiques, il passe en territoire païen, dans la région de Tyr et de Sidon (le Liban actuel). Il va y rencontrer une femme, cananéenne (ou syrophénicienne) qui a du caractère et de l’obstination.

Pourtant elle est FEMME et ÉTRANGÈRE et cumule donc 2 handicaps majeurs…

Cananéenne (Matthieu) ou Syrophénicienne (Marc) ?

Cette femme est étrangère ; le texte de Marc dit qu’elle est grecque, ce que la TOB traduit par païenne (en note il est dit : grecque donc non juive ; soit.). Manifestement très astucieuse, elle va faire jouer à sa manière les réflexes du juif Jésus : par son attitude elle va évoquer dans l’esprit de Jésus le texte de Proverbes 31,10-31, le chant juif traditionnel du ’eshet chayil, qui énumère toute les qualités de la femme et qui est récité toutes les semaines à la fin de chaque shabbat :

« Une femme de force qui la trouvera ? Elle a bien plus de prix que des perles, en elle se confie le cœur de son mari ! (…) Elle fait son bonheur et non son malheur, tous les jours de sa vie (…) Elle est comme les navires de négoce ; de loin elle fait venir son pain (…)Elle ceint ses reins de force (…) Elle ouvre la bouche avec sagesse et une Torah d’amour est sur sa langue ! Elle surveille la marche de sa maison ; elle ne mange pas le pain de l’oisiveté. (…) Elle tisse des étoffes qu’elle vend ; elle donne au Cananéen une ceinture. »

Cette femme du livre des Proverbes est aussi l’image de la main de Dieu qui a libéré son peuple et veille sur lui.

Il y est question de pain… Jésus, qui vient de parler longuement de nourriture (même mot que pain en hébreu : lêchêm, prononcé à peu près lêrem), de la transgression de la Torah, de la purification et de l’impureté qui sort de la bouche, il laisse sortir de la sienne une parole très dure envers la femme, où il est question de pain …

C’est peut-être par continuité avec ce texte, qui évoque un cananéen, que Matthieu parle d’une cananéenne !

Les Cananéens, ce sont, comme les Samaritains, des ennemis des Juifs. C’est la vieille histoire de la conquête de Canaan (la Palestine actuelle) par les Israélites, au XIIIe siècle avant Jésus Christ (l’histoire bégaie !). Les Israélites ont repoussé vers le Nord ceux qu'ils n'ont pas massacré. Depuis cette époque, pour les Cananéens, les Israélites sont les ennemis héréditaires, comme aujourd'hui, pour un Palestinien, le Juif est l'ennemi.

Et de même que la femme du poème vendait à ceux qui pouvait acheter et donnait au marchand-cananéen (qui sont un même mot en hébreu), de même Jésus ne vend pas à la cananéenne une quelconque guérison, mais, interpellé par la force dont elle s’est ceint les reins et par sa Torah d’amour (la leçon de foi et d’amour qu’elle donne), il lui donne une ceinture pour ceindre ses reins, confirmation de la force qu’elle a en elle et qui provoque la guérison de sa fille. On peut aussi évoquer la ceinture dont parle Paul (Éphésiens 6,14) : tenez-vous donc debout, avec la Vérité pour ceinture

Jésus savait évidemment qu’il trouverait dans ce pays des étrangers, des non-juifs, des païens… Alors pourquoi aller en ce pays de Tyr et de Sidon, puisqu'il va bientôt affirmer nettement, comme il l'a déjà fait, qu'il n'a été envoyé qu'au peuple d'Israël ?

Je ne sais pas !

Quelques détails des textes

- En Marc, Jésus est dans une maison, sans doute pas celle d’un païen et il ne va pas dans celle de la femme (cf. l’épisode du centurion : je ne suis pas digne… repris dans le rite de la Communion, autrefois de façon plus explicite qu’aujourd’hui).

- En Marc, il est précisé que Jésus ne voulait pas qu’on sache qu’il était là ; pourquoi ? qu’y faisait-il ? Secret… messianique ? Si vous avez une idée, amis lecteurs, elle sera la bienvenue.

Matthieu explicite la demande de la femme avec l’appellation fils de David qui rappelle la rencontre avec Bar Timée, l’aveugle de Jéricho (Marc 10,46-52) ; Cf. l’article Bar Timée, un aveugle clairvoyant.

- En Matthieu, la première réponse de Jésus porte sur les brebis perdues d’Israël ; cf. Ézéchiel 34,11s : « J’aurai soin moi-même de mon troupeau et je m’en occuperai (à la place des mauvais pasteurs qu’il a). Je leur ferai quitter les peuples où elles sont, je les rassemblerai des pays étrangers et je les ramènerai sur leur sol. Je les ferai paître sur les montagnes d'Israël… » (cf. aussi, accessoirement, Luc 15,4-7 : la brebis perdue).

- Jésus annonce la guérison de façons différentes (mais de sens comparable !).

Tyr et Sidon

En hébreu, Tyr est Tsor, ville forte, dont la valeur est 44, nombre… du pain… de la nourriture.

Ce nom dérive de tsour, rocher et, par extension, signifie pierre d’achoppement, tranchant d’une arme (le verbe est assiéger, poursuivre, presser, lier). Nous verrons dans la suite que le sens de ce mot n’est pas neutre…

Sidon est Tsiydon, du nom d’un fils de Chanaan, donc petit-fils de Noé (Genèse 10,15), aujourd’hui Saïda, au Liban. La racine de Tsiydon est tséydah, nourriture… encore !

Aie pitié de moi, Seigneur, Fils de David

Aie pitié de moi est aussi fais-moi grâce : chaneniy. L’expression se trouve essentiellement dans les Psaumes ; sa racine, chen, se retrouve dans les patronymes Yochanan, Jean et Chanah, Anne.

L’invocation Seigneur, fils de David (qui est celle de Bar Timée à Jésus) est très curieuse dans la bouche de cette PAÏENNE, car fils de David est évidemment le titre messianique par excellence.

Alors, comment Jésus ne serait-il pas saisi par ce cri hautement prophétique de cette femme qui le suit sur le bord du chemin ?

Fais-lui grâce… renvoie-la…

La Bible de Jérusalem traduit par : fais-lui grâce ; la T.O.B. et Segond : renvoie-la… ce qui n’est apparemment pas du tout la même chose, mais la B.J. met en note : les disciples demandent au Maître de lui donner congé en l’exauçant : même terme grec en 18,27 ; 27,15 ; ceci pourrait expliquer cela, car le verbe grec qu’ils sont censés employer est apoluô qui signifie délier, libérer, congédier, absoudreVa, tes péchés sont remis, en quelque sorte !

Le texte n’est pas très clair, car comment Jésus répondrait-il qu’il n’a été envoyé qu’aux brebis perdues d’Israël aux disciples lui demandaient de renvoyer la femme, qui n’est pas encore arrivée près de lui…

C’est pourquoi je penche pour le sens premier du verbe : délier (le fais-lui grâce de la B.J.) ; c’est le sens pris par Françoise Dolto : je suis en bonne compagnie !

Car il s’agit bien de lui rendre la vie, à cette femme qui pleure sur les tourments de sa fille chérie et rappelez-vous ce que Jésus dira quand Lazare sortira du tombeau : (Jean 11,44) : déliez-le et laissez-le aller… D’ailleurs la femme s’écrie : « Aide-moi » : verbe hébreu ’’azar, qui est la racine du nom propre ’Éliy’’ézer, celui de Lazare.

Je n'ai été envoyé qu'aux brebis perdues de la maison d'Israël… Les petits chiens…

Cf. Ez 34,23 : Je susciterai pour le mettre à leur tête (des brebis) un pasteur qui les fera paître, mon serviteur David : c'est lui qui les fera paître et sera pour eux un pasteur.

Jésus est en territoire païen avec une « vraie » païenne et il hésite toujours sur les destinataires de ses enseignements et de ses gestes ; il n’a visiblement pas encore décidé d’être le Messie des nations : il pense encore ne devoir faire paître que les brebis juives !

Alors, très durement (car son angoisse monte) il lui répond qu’il n’est pas bon de jeter aux petits chiens le pain des enfants… Bien sûr l’expression petits chiens était employée entre les juifs et les cananéens (sans doute dans les deux sens…), mais il y a ici un symbole fort !

La pression monte, l’angoisse habite Jésus en présence de cette femme… et il ne faut qu’un déclic pour qu’il passe à l’acte :

Les petits chiens sous la table se nourrissent des miettes des enfants

Quelle réponse impertinente mais très subtile ! Voilà le déclic !

Cette païenne sait ce qu’elle veut et elle a confiance en lui ! Car l’expression n’est pas neutre : petits chiens, haklaviym haqetaniym, a pour valeur 145, dont la première occurrence de la Bible est sur la face de toute la terre en Genèse 1,29 (et aussi en 7,3 ; 8,9 ; 11,4.8.9).

Par ces mots s’exprime dans le secret la mission de Jésus : pas seulement à la Maison d’Israël mais à la surface de toute la terre !!!

Pain et miettes des enfants

En hébreu, on peut rétrovertir miettes en glanure ; évoquons ici Ruth 2, où Boaz dit aux serviteurs de laisser glaner Ruth et de ne pas la molester et où Naomi dit à sa belle-fille Ruth : « où as-tu glané aujourd'hui, où as-tu travaillé ? Béni soit celui qui s'est intéressé à toi ! »

Car Ruth est aussi une étrangère… Jésus a un peu molesté la femme de Canaan mais s’intéressera-t-il à elle ? Suspense…

Les miettes (du pain) des enfants, laqetiy léchem habaniym, a pour valeur 149, nombre de l’arbre de la connaissance du Bien et Mal de Genèse 1… Et Jésus répond (Matthieu) : qu’il soit fait selon ton désir !

En hébreu, désir est le même mot que le figuier de Genèse 3,7 ! Jésus s’est laissé convaincre par l’arbre désirable que lui montrait la femme et curieusement il lui dit que c’est sa parole qui a fait sortir le démon (Marc) ! « Ce n’est pas moi, c’est elle », dit en substance Jésus, ce que dit Adam en Genèse 3,12 ! Mais là c’est pour un grand bien !

La femme a des paroles qui font plier Dieu, elle qui attend une Parole de Dieu : le démon est expulsé par les paroles de la femme, divines paroles...

Cela est fort ! De même que la femme est forte (et ceinte de la force du Christ), en jeu de mots (grecs !) avec le miracle, qui en grec est dynamis, mot qu’il n’est pas besoin de commenter.

o O o

Amis lecteurs catholiques, ne pensez pas que tout cela est de l'histoire ancienne, qui ne nous concerne pas.

Cela nous concerne au premier chef.

D'abord parce que le mot catholique, qui signifie universel n’a pas toujours conservé sa signification première, celle que Jésus découvre dans cet épisode : il est souvent devenu signe d'un particularisme : est catholique celui qui n'est pas protestant, orthodoxe, évangélique

C'est une terrible régression.

Allons plus loin et demandons-nous si notre Église, dans notre cité, est prête à accueillir l'autre, avec toutes les différences, à devenir vraiment universelle et à le dire – ENFIN ! – dans son Credo la formule : je crois à la sainte église catholique en : je crois à la sainte église universelle… puisque tout le monde sait que c’est la même chose.

René Guyon

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D
<br /> <br /> @ Anny<br /> <br /> <br /> Je ne comprends rien à votre commentaire.... mais il est vrai qu'il ne m'est pas adressé !<br /> <br /> <br /> @René Guyon<br /> <br /> <br /> Oh non , il semble que pour beaucoup l'Eglise catholique ou l'Eglise universelle ça n'est hélas pas la mçeme chose... Dans ma paroisse j'avais un jour (malicieusement) remplacé sur la feuille de<br /> déroulement de l'Eucharistie, le premier terme par le second dans le credo... J'ai eu droit à des regards courroucés, certain(e)s ont même bien appuyé sur le "catholique" et on m'a traitée de<br /> ...protestante...ce que j'ai pris comme un ...compliment !<br /> <br /> <br /> <br />
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A
<br /> <br /> bonjour René, j'ai recu beaucoup de miette de pain dans ta recherche de la vérité. J'ai vue que tu avais beaucoup de questionnement cé la preuve que tu chercher activement le Royaume comme moi.<br /> Je voudrais te faire pars d'un autre piste qui suit le meme sens que ta recherche. Elle est pleine de réponse, je te donne le tuyau et je laisse le Seigneur faire le reste...Dans la parabole du<br /> maitre qui vient chercher des ouvriers a différentes heures....dans la dernière heure, il vient et il y avait encore des gens...ses gens on dit a Jésus; personne ne nous a loué, qui sont il ses<br /> derniers, se restant.....de la dernière heure....sois béni<br /> <br /> <br /> <br />
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R
<br /> <br /> Chère Jacqueline, merci pour ce commentaire plein d'espérance... même si on peut désespérer quelquefois de la lenteur du mouvement des plaques techtoniques que sont les Eglises...<br /> Rêvons d'un tremblement d'Amour qui secoue le monde entier...<br /> <br /> <br /> <br />
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C
<br /> <br /> Merci pour la conclusion sur "La femme Cananéene. En tant que protestante, je souhaite qu'on puisse bientôt manger "le pain" ou "l'hostie" tous ensemble, communier chez tous les chrétiens.<br /> <br /> <br /> <br />
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C
<br /> <br /> Jésus vient d’enseigner ch15 V28 « que ce qui sort de la bouche procède du cœur ».<br /> Il vient de prendre une grande liberté à l’égard du Judaïsme pratiqué par les pharisiens. Il vient de signifier qu’il n’est plus le juif pratiquant obéissant des coutumes et du culte officiel de<br /> son temps, qu’il ne s’associe plus à ces rites qu’il qualifie, lui-même, d’hypocrites. Il n’est plus dans le Judaïsme de l’époque. Il est au-delà. Il choque même ses disciples. Et il prend sa<br /> liberté même à leur égard : V17 « vous aussi, maintenant encore, vous êtes sans intelligence ? ».<br /> Inconsciemment, il se dirige alors vers d’autres populations éloignées de ce Judaïsme à la lettre qu’il vient de rejeter.<br /> C’est tout-à-fait du domaine purement psychologique cela. Je te donne un exemple banal : J’ai souvent remarqué qu’en partant en vacances on oubliait un objet dans sa valise : un<br /> parapluie. Il ne s’agit pas d’un oubli volontaire. Inconsciemment, on oublie le parapluie pour ce qu’il représente car on refuse la pluie en vacances.<br /> Cette manifestation d’une liberté sans mesure conduit Jésus à ouvrir son message à l’humanité entière.<br /> On voit nettement dans Matthieu et Marc l’enchaînement des ouvertures. En passant de ce Judaïsme réducteur à l’ouverture à l’amour du prochain, Jésus passe aussi d’un dieu replié sur un peuple à<br /> un Dieu ouvert à toute l’humanité. Le message va prendre ainsi d’immenses proportions.<br /> Et la Cananéenne va, pour ainsi dire, le confirmer dans cette liberté prise vis-à-vis de son message. La Cananéenne tombe à-pic. Elle n’est pas un hasard. Elle se trouve sur sa route. C’est<br /> peut-être là qu’intervient la volonté de Dieu.<br /> Dans Marc, c’est encore une réticence vis-à-vis de cette liberté qui le conduit à ne pas vouloir qu’on sache qu’il entrait dans une maison païenne. Mais peine perdue. Il ne peut rester ignoré.<br /> Peut-être encore la volonté de Dieu ? Et la liberté de son message éclate au grand jour.<br /> <br /> <br /> Christiane Guès<br /> <br /> <br /> <br />
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F
<br /> <br /> Bonjour René Guyon,<br /> <br /> <br /> Vous a-t-on déjà dit que votre patronyme pouvait être un "(ai)guillon"(à quelques lettres près)!!!car lorsque je lis vos articles , le plus souvent vous me permettez d'avancer sur le chemin de<br /> l'approfondissement des textes bibliques.Bien sûr, vous ne nous "piquez" pas, mais cependant vos remarques peuvent nous "titiller"avec justesse.Merci pour cela, et ce merci est d'autant plus fort<br /> que je le lie à la Cananéenne qui ne demande, mais avec quelle Foi, que "les miettes" des petits chiens...Si Jésus donne à manger à une multitude à partir de 5 pains et trois poissons, Il peut à<br /> fortiori nourrir l'Universel avec les miettes du repas.<br /> <br /> <br /> fanfan<br /> <br /> <br /> <br />
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S
<br /> <br /> Oui tout à fait d'accord avec vous et ce terme d'universel est déclenché par les mots les petits chiens c'est à dire ceux qui sont "exclus."<br /> <br /> <br /> L'expression de cette femme qui dit que même les petits chiens mangent les miettes des enfants va faire naître une évolution dans le chemin choisit par Jésus celui d'englober tous les êtres peu<br /> importe qu'ils soient païens ou non car tous sont à l'image de Dieu son père.<br /> <br /> <br /> Le fait de faire référence aux chiens qui mangent les miettes des enfants est très symbolique car l'enfant n'est-il pas innocent et en laissant manger les miettes ne fait-il pas acte d'amour<br /> envers son prochain.<br /> <br /> <br /> En pronoçant ces mots, cette femme a montré sa foi celle d'aimer son prochain quelqu'il soit.<br /> <br /> <br /> Ce message est effectivement très important aujourd'hui à l'heure des clivages et des appartenances religieuses. Jésus à l'issue de cet "incident" va décider de l'universalité de son message à<br /> savoir la sauvegarde de l'humanité à travers l'amour de son prochain de le considérer comme un être à part entière, enveloppe charnelle doué humanité d'aide et d'ent'aide quelque soit son<br /> appartenance.<br /> <br /> <br /> <br />
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R
<br /> <br /> Pourquoi était-Il là ?l'histoire ne nous le précise pas.Et après tout,peu importe.Pourquoi ne voulait-Il être dérangé ?Sans doute parce que,fatigué,Il voulait se reposer et.....qu'on lui fiche la<br /> paix!...<br /> <br /> <br /> Ce n'est sans doute par hasard qu'en ce dimanche d'Aout on relie ce passage du NT avec Isaîe 56=...."sont devenus ses serviteurs tous ceux qui observent le sabbat sans le profaner........"car ma<br /> maison s'appellera ."....   Isaîe est vraiment prophétique en cet instant.<br /> <br /> <br /> Quant à Jésus,en cet autre instant,si l'on se ralie à ceux qui pensent qu'Il n'a pris conscience que progressivement au cours de sa vie de sa filiation à Dieu et ce que Celui-ci attend de Lui,ce<br /> retournement d'attitude face à la Cananéenne est un moment vraiment majeur de son évolution=plus de "peuple élu",pas plus hébreux que chrétien=universalité de ceux qui...respectent la<br /> Torrah...comme diraient les Juifs...ceux qui croient en Dieu Tout Puissant,enJ.C.,son fils Unique ...comme diraient les Chrétiens.<br /> <br /> <br /> Robert Kaufmann<br /> <br /> <br /> <br />
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M
<br /> <br /> Pour ne rien vous cacher, ce passage est un de mes préférés. Il met en lumière toute l'humanité de Jésus. Pour qui serait tenté de croire que Jésus connaissait tout depuis le<br /> début , que dès sa conception il avait pleine conscience de sa mission et de la façon  de la vivre, il est bon de se pencher sur cet épisode.<br /> <br /> <br /> C'est une femme et qui plus est une étrangère qui  fait vivre à Jésus un grand retournement. Oserais-je dire une conversion?  Alors qu'au début du texte Jésus déclare être envoyé qu'au<br /> seul peuple élu, c'est à l'obstination du coeur d'une mère que Jésus cèdera et ouvrira la mission à l'universalité.<br /> <br /> <br /> Rien d'étonnant à ce que ce soit encore si difficile à vivre aujourd'hui..<br /> <br /> <br /> <br />
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A
Réponse à Geneviève.<br /> J’envoie ce texte à tout hasard. Je l’avais déjà fait, mais il n’a pas été publié tel quel (en commentaire de l’article d’Antoine Duprez «Changer de regard: deux cas évangéliques» [02/07/2018]).<br /> Mon commentaire original d’Antoine Duprez:<br /> L’« attitude [de Jésus] à l’égard des païens, j’en vois l’illustration parfaite dans un miracle présenté pourtant dans la Vulgate sucrée de l’œcuménisme actuel comme un témoignage de cet amour. Une païenne prie Jésus de guérir sa fille possédée d’un démon. Jésus lui répond : “Il n’est pas bien de prendre le pain des enfants, et de le jeter aux chiens”. La femme le reconnaît, mais ajoute que “les chiens, sous la table, mangent les miettes des enfants”. Jésus cède alors à sa demande sur ces mots : “À cause de cette parole, va, le démon est sorti de ta fille.” (Mt 15-21-28ǁMc 7, 24-30.)<br /> Tout, dans ce texte, provoque la nausée : la supériorité affichée sans pudeur par Jésus, son mépris vertigineux de sang-bleu confronté à la roture (le Français pure race face au bougnoule), sa cruauté ordinaire d’homme confit dans le sentiment de son élection (le nabab béni de Dieu faisant sans scrupule la morale au purotin qui quémande un croûton), la servilité abjecte de la femme vautrée à ses pieds (l’esclave démunie de tout couchée devant son seigneur et maître, lui léchant les orteils, abondant dans son sens et usant des pauvres armes des gens de rien) et l’ignoble geste final du monarque guérissant par pure grâce les écrouelles du manant après l’avoir vu suffisamment ramper selon les règles de l’étiquette et donner ainsi en spectacle la preuve de son absolue soumission… Ce monceau d’indignités, qu’un protestant comme Pierre Bonnard ose qualifier d’“admirable récit” (L’Évangile selon saint Matthieu, Labor et Fides, 20024, p. 230), soulève le cœur et voir là-dedans une preuve d’amour pour son prochain ne mériterait qu’un sourire de commisération si les chiots en question n’avaient par la suite connu les retombées concrètes de cet amour-là. »<br /> Antoine Duprez m’a reproché « le ton de [ma] réponse : autant je vous remercie des remarques et des questions que vous posez, autant je regrette ce ton de mépris et de polémique (“Tout provoque la nausée…, monceau d’indignité…, l’infâme…”) qui semble toujours prendre l’interlocuteur comme un adversaire à abattre, un imbécile ou un homme de mauvaise foi ; comme si la recherche de la vérité se faisait à travers les insultes et les affirmations péremptoires ! »<br /> Je lui ai répondu : « Je suis en train de commenter un texte et je ne vois pas où j’ai affaire à un “interlocuteur”. Je ne peux ni “mépriser” ni “insulter” un texte. Vous avez le droit de ne pas partager mes affirmations, mais elles ne sont pas péremptoires : j’en donne les raisons dans le détail. […] quand j’écris quelque chose, je suis personnellement ravi que quelqu’un me signifie son désaccord, avec des arguments, et me fasse changer d’avis. Peu importe le ton qu’il emploiera du moment qu’il argumente. Je ne prendrai jamais cela pour une insulte. Si quelqu’un m’insulte sans plus, je n’y attache aucun intérêt. Pourquoi le ferai-je ? Je n’ai pas de temps à perdre sur des choses indifférentes. »<br /> <br /> P.-S. René Guyon cite Mt 15,23b en le rendant par «Fais-lui grâce» et Geneviève par «Renvoie-la». Le terme grec est ἀπόλυσον (apoluson). A Grammatical Analysis of the Greek New Testament (Pontificio Istituto Biblico, 1996, p. 50) explique: «ἀπό-λυσον aor. impv ἀπο-λύω SEND AWAY; JB understands in the sense of RELEASE, “give her what she she wants”» (trad.: «ἀπό-λυσον aor. impv ἀπο-λύω RENVOYER; la BJ comprend dans le sens de DÉLIVRER, “donne-lui ce qu’elle veut”»). Ulrich Luz commente ainsi le verset 23 (Matthew 8-20, Fortress Press, 2001, p. 339; je traduis): «les disciples essaient d’éloigner la femme en l’effrayant. Ils jouent un rôle négatif comme dans 14,15; 19,13. Leur interprétation des cris de la femme n’est pas très gentille: ils ne comprennent pas qu’elle est dans la détresse mais qu’elle les suit en les importunant de ses cris. Il est compréhensible que cette méchanceté n’ait pas convenu à l’image traditionnelle des disciples dans l’Église et qu’on ait essayé de les exonérer. L’Église ancienne a communément interprété ἀπόλυσον αὐτήν comme “libère-la”, c’est-à-dire “fais ce qu’elle demande”. Cette interprétation eut quant à elle des conséquences dans l’histoire de la théologie. Dans le Moyen Âge tardif les disciples intercesseurs devinrent les prototypes pour l’intercession des saints. L’exégèse des Réformés rejeta ce point de vue et redécouvrit le véritable sens du verset 23b. Pour Luther ce texte montre que l’intercession des saints n’est pas nécessaire.»
G
Je ne suis absolument pas d’accord avec vous.<br /> Jésus est Dieu et en conséquence il ne change pas d’avis et ne peut avoir une conversion : « Deum de Deo, Lumen de Lumine, Deum verum de Deo vero ». Etant Dieu Fils, dès le début il a une pleine connaissance de sa mission.<br /> En conséquence, il sait que son Père l’a aussi envoyé auprès des païens : « J’ai encore d’autres brebis qui ne sont pas de cette bergerie ; celles-là, aussi il faut que je les mène ; elles entendront ma voix et il y aura un seul troupeau et un seul berger. » Jean – 10 - 16. <br /> C’est justement parce qu’il sait qu’il a été envoyé pour sauver tous les Hommes que Jésus emmène ses apôtres dans cette contrée étrangère où il sait qu’il va rencontrer beaucoup de païens : il tient à enseigner aux apôtres qu’ils devront, comme lui l’a fait, aller à la rencontre des païens. Il prêche par l’exemple.<br /> Jésus aime tous les Hommes, il a toujours aimé tous les Hommes et il ne fait aucune différence entre eux. Quand le centurion vient lui demander la guérison de son serviteur, Jésus demande-t-il s’il s’agit d’un Juif ? Dans l’Evangile selon saint Marc, au chapitre 6, c’est-à-dire avant l’épisode de la Cananéenne relaté au chapitre 7, saint Marc écrit que Jésus et les apôtres touchèrent terre à Génésareth : « Partout où il entrait, villages, villes ou hameaux, on mettait les malades sur les places ; on le suppliait de les laisser toucher seulement la frange de son vêtement ; et ceux qui le touchaient étaient tous sauvés. » Jésus ne dit pas : « Oui, d’accord, mais seulement les Juifs ». Il est écrit « tous » c’est-à-dire tous ceux qui avaient la foi et de ce fait, touchaient son vêtement.<br /> Jésus ne change pas d’avis. En revanche, ses apôtres ont besoin de conversion puisqu’ils lui disent : « Renvoie-la car elle nous poursuit de ses cris » au lieu d’intercéder pour elle. <br /> Ce manque de charité a dû offenser Jésus, alors il a décidé de leur donner une bonne leçon.<br /> A cette fin, il pousse cette Cananéenne dans ses derniers retranchements afin que sa foi magnifique brille devant eux et leur fasse changer d’avis au sujet des païens. Quel contraste entre ce manque de charité des apôtres et l’amour de cette femme pour sa fille qui lui fait tout endurer ! Les pauvres apôtres devaient être honteux que Jésus leur prouve qu’ils avaient moins de foi et de charité qu’une pauvre Cananéenne !
S
<br /> <br /> Eglise Universelle magnifique concept mais que le chemin est long....<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> <br />
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