Jésus, Personne trinitaire d’un Dieu-Amour
Pour moi : Jésus est là comme Personne trinitaire d’un Dieu-Amour.
- Il répond au plus avide de ma recherche de transcendance dans sa référence constante à la volonté du Père-Créateur. Au réveil, chaque jour, je redis avec Lui le Notre Père (dans une ancienne traduction araméenne).
° Cette transcendance ne conduit nullement à l’écrasement de notre fragile personne, comme l’aurait
impliqué un recours aux divinités païennes, divinités essentiellement définies par leur toute puissance.
° Ce recours permet, à travers la Personne de Jésus, d’ouvrir une issue à notre finitude humaine. Cependant, cette réponse ne coïncide nullement avec l’idée d’un
« Dieu-bouche-trou ». Car si le message apporté par l’Évangile s’appelle Bonne Nouvelle il s’agit d’une porte ouverte sur l’espérance d’une autre vie, riche en découvertes
certes, mais aussi en exigences profondes. Si nous y acquiesçons, alors nous consentons librement à nous engager dans une aventure risquée ; une aventure de divinisation
qui commence ici-bas, dans l'allégresse. Dès maintenant, tout ce qui est bon et saint sort déjà des limites du temps et de l’espace ; nous le retrouverons un jour… suite au mystère de
l’Incarnation.
- Jésus répond au plus large de mon besoin d'universel et d’unité, par la fécondité promise de son Esprit.
Cette fécondité de l'Esprit assure l'extension de l'amour dans toutes les
directions : largeur, profondeur, hauteur (cf. Paul Éphésiens 3,18). Par là, je rejoins la véritable Église : celle des saints (canonisés ou pas) et notamment
ceux que j’aime particulièrement, tels Augustin et François d'Assise. Je peux rejoindre aussi les diverses communautés chrétiennes réparties dans le monde et communiquant au moyen d’internet.
Évidemment rejoindre encore celles qui me reçoivent, périodiquement, pour des retraites personnelles (jésuites, dominicaines, clarisses...). Et dans le quotidien, je retrouve mes amis profonds qui
cheminent fraternellement auprès de moi.
Cette fécondité assure l’unité, dans le dépassement des tensions. Tensions qui surgissent, inévitablement, au sein de la diversité rencontrée entre les personnes et les
groupes différents évoqués ci-dessus. Mais cette pluralité, reconnue chaque fois, lors de mes rencontres variées, s’accompagne toujours du constat d’une unité, profonde et vivante, œuvre
d’une réconciliation re-créatrice, laquelle perdure dans le temps et dans l’espace, depuis des siècles…
- Jésus répond, enfin ou d’abord, au plus intime de ma personne, comme
l’évoque Augustin : « Je te cherchais dehors et tu étais tout au fond de moi », (Les Confessions). Chez moi, Jésus vient accomplir sa mission : réveiller le projet
spécifique du Père, encore inaccompli en ma personne, pour m’accompagner et m’inciter à vivre cette relation de fraternité divine. Alors, nous pouvons ensemble nous référer plus
harmonieusement à notre Père commun. Père créateur et miséricordieux qui attend notre réponse libre.
Ainsi, Jésus nous révèle le sens de notre vie et de notre personne : personne reconnue par les autres nos frères et reconnue aussi par l’Autre. L'Autre, Dieu-Amour, à la fois transcendant et
intime : la Trinité. Un Dieu unique en trois Personnes… ! C’est le mystère fondateur du christianisme. Mystère qui dépasse tout ce que l’on appelle ordinairement
religion, comme l’avait déjà remarqué un agnostique, Marcel Gauchet.
Comment ce mystère insondable aurait-il pu être imaginé par un esprit humain… ? Là aussi, cette question-boutade provient d’un autre philosophe historien (Frédéric Lenoir, me
semble-t-il ?).
Francine Bouichou-Orsini