Henri Tisot : une voix qui parlait de Dieu
Henri Tisot a quitté notre Terre la nuit dernière pour aller rencontrer Là-Haut celui à qui il avait donné les vingt-cinq dernières années de sa vie : le Dieu des juifs et des chrétiens, le Dieu d’amour qu’il aimait tant et qu’il m’a appris à aimer dans la langue de la Bible.
Son premier ouvrage biblique, Le petit livre du Grand Livre (430 pages, quand même… édité en 1990 chez Fayard), a été pour moi une révélation, tant le bonheur qu’il éprouvait à étudier la Bible en hébreu éclatait à toutes les pages de cet ouvrage que j’ai lu en quelques jours, avant de m’inscrire toutes affaires cessantes au cours d’hébreu du Père Dominique Cerbelaud à Marseille…
J’aimais les premiers mots de l’Avertissement : « Ne jugez pas ce livre en vous référant au nom de son auteur. Jugez-le uniquement par son contenu. Intrinsèquement (…). Je suis ce que contient ce livre. C’est ma récompense ou ma condamnation ». Je les aime toujours et je voudrais dire aujourd’hui avec lui : « Je suis ce que contiennent mes livres et mes articles. C’est ma récompense ou ma condamnation » et ils doivent d’exister à ma rencontre avec une œuvre d’Henri dans une librairie.
Après avoir lu ses ouvrages La rencontre (Cerf 1998) je lui ai envoyé une très longue lettre (8 pages !) et j’ai eu la joie de pouvoir... le rencontrer un après-midi dans son appartement parisien où nous avons pendant plusieurs heures échangé nos trouvailles comme deux vieux chasseurs fiers d’avoir débusqué « la lièvre du siècle » comme on dit chez nous dans le Midi : rendez-vous de notre amour commun pour la Parole de Dieu...
C’est grâce à lui que j’ai pu trouver le professeur d’hébreu qui m’a ouvert aux techniques qui pouvaient faciliter mes recherches un peu atypiques et il m’a fait l’honneur de me choisir comme relecteur de son ouvrage Dialogue avec mon ange gardien (Cerf 2003).
Je ne l'ai jamais revu, sinon au théâtre, dans Le manège du pouvoir de Jean-Pierre About.
Henri ne vivait, ne respirait que pour et par la Bible ; ses emportements contre le manque d’intérêt des chrétiens vis-à-vis de la lecture de la Bible ou contre l’ignorance des lycéens dont il pensait qu’on leur enseignait un « Christ Roudoudou » dans les aumôneries lui faisaient retrouver l’emphase que le grand public avait connue dans ses imitations du Général de Gaulle, qui le rendirent aussi célèbre que son illustre modèle.
J’avais été déçu d’être déçu par son dernier livre Ève, la femme – L’injustice de tous les temps (Cerf 2007), hélas préfacé par Brigitte Bardot… J’avais trouvé qu’il se faisait un peu vieux, et je n’étais pas d’accord avec tout ce qu’il écrivait sur un sujet que je pensais commencer à connaître… Ingrat et prétentieux fus-je de critiquer ainsi mon maître ; magnanime sera-t-il de parler de moi au bon Dieu, en bien évidemment, car il est mon frère.
À Dieu, mon Ami.
René Guyon