Guérir de n’être que soi
L’intense présence salvifique de Jésus
Et toute la foule cherchait à le toucher,
parce qu’une force sortait de lui et les guérissait tous.
Luc 6,19
Chaque être humain est bâti sur un manque, un appétit, un désir,
chaque être humain connaît à la fois force et faiblesse,
chaque être humain vit puissance et vulnérabilité,
chaque être humain affronte ses limites et les domestique,
chaque être humain a besoin de complétude pour exister,
chaque être humain est à l’intérieur de lui un duel de vie et de mort,
chaque être humain trouve en lui et en dehors de lui les réponses à ses interrogations profondes : amour, fécondité, culture, religion…
Tout cela n’est que banalité et chacun, avec plus ou moins de chance trouve son équilibre et assume sa personnalité en se situant dans le
temps, dans l’espace, dans la relation à lui-même, aux autres, à la nature…
Qu’il soit homme ou femme, chaque être humain est limité et il passe sa vie à « guérir » de sa limite non seulement pour la supporter mais en faire une chance d’amour.
Parmi les humains, presque tous, pour ne pas dire tous, portent en eux et sur eux des plaies.
Ils sont nés sans savoir se débrouiller tout seuls pendant longtemps,
ils ont eu besoin de grandir, de traverser des crises, d’apprendre,
ils se sont cognés à eux-mêmes, aux autres, à la nature,
ils ont été parfois assaillis par la maladie, le handicap, les inégalités,
ils ont été victimes quelquefois de malchances, d’injustices sociales, de traumatismes psychologiques.
Normalement et heureusement les parents, la famille, les amis, la société, l’état les ont soutenus
pour les aider à franchir les obstacles naturels,
pour les aider à guérir de leurs blessures intérieures et extérieures, physiques ou psychiques
pour les aider à les surmonter, à les assumer, à les dépasser et à en faire des « alliés » pour vivre dignement.
C’est en ce sens que l’on peut dire que tout être humain a besoin de guérir pour être Grand et Libre.
Presque tout le temps d’autres l’ont aidé à vivre ou sur-vivre.
L’être humain est construit sur une réciprocité, il vit de confiance et de reconnaissance, celles qu’il donne et celles qu’il reçoit.
La joie de sa vie, son épanouissement, son autonomie, il les doit non seulement à lui mais aux autres, immédiatement proches ou plus lointains.
Ces lignes voulaient éclairer le verset : TOUTE LA FOULE CHERCHAIT A LE TOUCHER, PARCE QU’UNE FORCE SORTAIT DE LUI ET LES GUÉRISSAIT TOUS.
Toute la foule n’était pas composée de malades mais toute la foule était humaine… et son « humanité » avait besoin de guérir pour
être comblée par la « force » qui sortait de lui.
Le « toucher » entrer en contact avec Jésus la grandissait en humanité et lui donnait son plein développement.
Je crois que cette force ressemble à la bonté qui est toujours relation humble, douce, patiente, permanente.
Je crois que Jésus se laisse « toucher » par la foule pour lui transmettre sa plénitude humaine, celle de la « bonté incarnée » de Dieu.
Christian Montfalcon