Fioretti papaux...
Extraits d’un entretien publié par la revue Études du 19 septembre 2013
Au sujet du Père Aruppe, supérieur (et fossoyeur) de la Compagnie de Jésus de 1965 à 1981 : Je me souviens de lui priant assis par terre, en tailleur, comme le font les Japonais. C'est pour cela qu'il avait une attitude juste et qu'il a pris les bonnes décisions.
Les lamentations qui dénoncent un monde “barbare” finissent par faire naître à l'intérieur de l'Église des désirs d'ordre entendu comme pure conservation ou réaction de défense. Non : Dieu se rencontre dans l'aujourd'hui.
Ma manière autoritaire et rapide de prendre des décisions m'a conduit à avoir de sérieux problèmes et à être accusé d'ultra-conservatisme [...] mais je n'ai jamais été conservateur.
C'est impressionnant de voir les dénonciations pour manque d'orthodoxie qui arrivent à Rome ! Je crois que ces cas doivent être étudiés par les conférences épiscopales locales.
L'Église s'est parfois laissé enfermer dans des petites choses, de petits préceptes. Le plus important est la première annonce : « Jésus Christ t'a sauvé ! ».
Un jour quelqu'un m'a demandé d'une manière provocatrice si j'approuvais l'homosexualité. Je lui ai alors répondu avec une autre question : « Dis-moi : Dieu, quand il regarde une personne homosexuelle, en approuve-t-il l'existence avec affection ou la repousse-t-il en la condamnant ? Il faut toujours considérer la personne. »
Les enseignements, tant dogmatiques que moraux, ne sont pas tous équivalents. Une pastorale missionnaire n'est pas obsédée par la transmission désarticulée d'une multitude de doctrines à imposer avec insistance.
Il est nécessaire d'agrandir les espaces pour une présence féminine plus incisive dans l'Église. Je crains la solution du machisme en jupe car la femme a une structure différente de l'homme. Les discours que j'entends sur le rôle des femmes sont souvent inspirés par une idéologie machiste. Les femmes soulèvent des questions que l'on doit affronter.
Si le chrétien est légaliste ou cherche la restauration, s'il veut que tout soit clair et sûr, alors il ne trouvera rien. La tradition et la mémoire du passé doivent nous aider à avoir le courage d'ouvrir de nouveaux espaces à Dieu. Celui qui aujourd'hui ne cherche que des solutions disciplinaires, qui tend de manière exagérée à la “sûreté” doctrinale, qui cherche obstinément à récupérer le passé perdu, celui-là a une vision statique et non évolutive. De cette manière, la foi devient une idéologie parmi d'autres.
Il y a des normes et des préceptes secondaires de l'Église qui ont été efficaces en leur temps, mais qui, aujourd'hui, ont perdu leur valeur ou leur signification. Il est erroné de voir la doctrine de l'Église comme un monolithe qu'il faudrait défendre sans nuance.
Jamais l’Église ne s’est portée aussi bien qu’aujourd’hui (le 16.09.13 au clergé de Rome).
Au sujet du cardinal Martini à l’occasion du second anniversaire de sa mort : « [il a été] une figure prophétique... un homme de discernement et de paix… un père pour l’Église tout entière ».
Lu dans le Forum catholique
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