Émile Lévecq, s. j.
(1927 – 2011)
Le Père Jean-Noël Audras, supérieur de la communauté des pères jésuites de La Baume-lès-Aix, nous a informés du décès de l’un de ses frères dans la Compagnie, Émile Lévecq, qui a exercé pendant des années son ministère dans notre région, à La Baume d’abord, puis à Marseille, où il était attaché à la résidence Saint-Éloi. Nous nous sommes aussitôt fait l’écho de l’eucharistie à sa mémoire célébrée à La Baume jeudi dernier.
Mais comment ne pas dire aussi ce que lui doit notre blog, même si la plupart des internautes qui nous font l’amitié de nous lire ne le connaissaient sans doute pas, même de nom ? C’est lui qui donnait son visage à la revue Garrigues éditée par les Jésuites de la Baume à laquelle nombre des membres de notre comité de rédaction ont collaboré pendant des années. Et cela de multiples manières. D’abord parce qu’il assurait la saisie et la relecture des articles, mais aussi leur mise en page, leur illustration et jusqu’à leur clichage, remettant à l’imprimeur un produit fini qu’il n’avait plus qu’à « router », comme on dit. L’impeccable qualité matérielle de la revue devait donc tout au soin pointilleux qu’il portait à sa tâche. Mais que dire de la forme même des articles, tant le relecteur non moins pointilleux qu’il était ne « laissait rien passer » ? Qu’il s’agisse – cela va de soi – de fautes d’orthographe ou d’incorrections grammaticales, mais aussi du style. Il plaidait avec fermeté pour des articles brefs, des phrases courtes, incisives. Bref, c’est à son contact, voire sous sa férule, que les bénévoles que nous étions ont appris ce métier, nouveau pour eux, de rédacteurs d’une revue destinée à un large public. Sans cette formation que nous avons reçue de lui, qui sait si nous aurions eu l’audace d’essayer de poursuivre sur la toile l’exploration de ces « espaces de liberté, de foi et de réflexion chrétiennes » que nous avions inaugurée en collaborant à Garrigues ? D’autant qu’il est une autre leçon qu’il nous a donnée par la pertinence de ses (rares) interventions lors de nos comités de rédaction. Car l’homme était volontiers « taiseux » et, plus profondément encore, pudique et modeste. Cela au point d’avoir rarement donné des « papiers » à la revue, même si nous le sollicitions de le faire, à cause de sa vaste culture scripturaire et de sa non moins grande expérience pastorale. Il n’empêche : il est un de ceux qui a donné à nos comités de rédaction cette coloration assez particulière que nous essayons de conserver dans G & S au sein de notre propre équipe de rédaction.
Bien entendu, la figure d’Émile Lévecq ne saurait être réduite à sa participation à Garrigues. Michel Rondet, qui le connaissait mieux que nous, pour l’avoir fréquenté pendant des années à la Baume, nous dit tout ce qu’il avait également apporté auparavant au Mouvement Eucharistique des Jeunes : « Il a mis sur pied et composé les différentes publications du mouvement et animé les camps d'été à la Font-Sainte, il s'y est beaucoup donné et il y a eu un vrai rayonnement. » Et quelle fut dans son ministère aixois son investissement auprès des catéchistes du Rocher du Dragon : « Il les a fait bénéficier de sa culture biblique et de ses méthodes de travail. Elles l’ont vraiment apprécié. »
Ce « bon et fidèle serviteur », qui a œuvré au Royaume pendant plus de cinquante ans au sein de la Compagnie de Jésus, est maintenant « entré dans la joie de son Seigneur » (Matthieu 25,23). Puisse cette joie s’étendre aussi sur nous tous.
G&S
Né à Hecq le 25 mars 1927, le Père Lévecq est entré dans la Compagnie de Jésus en octobre 1949 après avoir suivi en faculté des études de lettres et fréquenté les Beaux-Arts.
Ordonné prêtre en 1959 à Chantilly, après un temps comme sous préfet du lycée à Metz et sa 3e année à Saint Martin d’Abloy, il a été successivement : promoteur des J.T.C et du M.E.J (Mouvement Eucharistique des Jeunes) à Toulouse (1964-1970), puis à Paris (1970-1976), Père spirituel du Lycée Saint Joseph en Avignon (1976-1979), Économe et Enseignant à La Baume à Aix en Provence (1979-2003), où il s’est occupé de la revue Garrigues et enfin, nommé à Marseille à la Résidence Saint Éloi.
Il a été chargé, en particulier, de la formation des catéchistes à l’École de Provence de Marseille, ainsi que de divers groupes d’études d’Évangile. Sa compétence en matière biblique l’a grandement aidé dans l’accompagnement de groupes religieux et de catéchistes.
NDLR : nous n'avons pu trouver aucune photo d'Émile Lévecq, signe révélateur de sa grande modestie.