Dix ans d’éducation civique
Ayant réussi le concours du CAPES en 2002, je suis une « jeune-vieille » de l’Éducation nationale au point de connaître un nouveau programme mis en place progressivement depuis quatre ans, même si certaines thématiques fortes sont toujours présentes.
En ce qui concerne l’éducation civique, la première chose qui m’a frappée quand j’ai passé le concours est que cette matière enseignée n’est pas présente lors des épreuves écrites et très peu lors des oraux. De plus elle peut servir de variable d’ajustement à certains professeurs afin de finir le programme en histoire et en géographie. Pourtant dans les programmes elle représente un certain nombre d’heures officielles et elle a un réel intérêt pour essayer de faire grandir et réfléchir nos élèves.
Les nouveaux programmes, comme les anciens, sont forts louables quand on les lit ; ainsi il peut être écrit dans leur introduction 1.
« L’éducation civique au collège poursuit la tâche commencée à l’école primaire en préparant les élèves à se comporter en personnes responsables dans leur vie quotidienne. Elle a aussi une mission propre pour les années du collège : faire acquérir aux élèves les données principales pour comprendre la citoyenneté politique et préparer à son exercice. »
À ce sujet, les chapitres qui m’ont valu les heures les plus déchaînées concernaient l’égalité et les discriminations en 5e et la justice en 4e. En effet le chapitre sur la valeur républicaine de l’égalité permettait de mettre en avant le problème du sexisme. J’étais à chaque fois surprise de voir à quel point certains élèves (en particulier les garçons) pouvaient avoir des idées rétrogrades et les assenaient haut et fort. Ce discours a provoqué une année une réponse particulièrement active d’un groupe de filles mais il n’est pas toujours facile d’avoir les arguments nécessaires pour contrecarrer un discours machiste quand on n’a que 12 ans. Si une relation de confiance et de respect existe avec le professeur, celui-ci peut se faire entendre et essayer de démonter les clichés, tâche ô combien difficile.
Le chapitre sur la justice pouvait être aussi très polémique autour de certains thèmes comme la présomption d’innocence, l’abolition de la peine de mort. J’ai ainsi découvert que les élèves étaient souvent plus royalistes que le roi. J’essayais donc de leur faire comprendre que c’était une question de foi en l’être humain, sur sa capacité à s’amender, à réparer.
J’espère avoir réussi à éclairer mes élèves ces dernières années et qu’ils seront ainsi des hommes de bonne volonté.
Clotilde Pophillat