Devoir de vacances (4) : Qui est Jésus ? Le Christ ?
Qui est-il pour moi aujourd’hui ?
À vrai dire, je ne me pose plus vraiment la question, car pour moi Jésus, le Christ, m’EST une présence réelle, quotidienne. Non pas une présence lourde et obligée, mais une présence naturelle un peu comme celle de mes enfants que je ne vois, ni n’appelle tous les jours, mais qui, cependant, sont « en moi ».
Le ressenti que j’ai du Christ varie selon mes réflexions. Il est le Jésus des Évangiles, parole toujours vivante et lumineuse qui remet en route ou remet en question. Mais, de plus en plus, il est le Christ-Universel de saint Paul et de Teilhard de Chardin, Celui qui « récapitule l'univers entier, ce qui est au ciel et ce qui est sur la terre. » (Lettre aux Ephésiens)
C’est quand j’ai lu récemment le Milieu Divin de Teilhard de Chardin que cette vision du Christ s’est imposée à moi.
Car la pensée de ce scientifique et prophète, indûment mal aimé de l’Église, m’a plongée au cœur de l’immense création qui se déroule patiemment sous nos yeux, jour après jour, siècles après siècles, faisant se lever en moi des interrogations auxquelles la doctrine traditionnelle ne pouvait plus répondre.
- Pourquoi l’agencement de l’Univers est-il si chaotique, si laborieux, si douloureux ?
- Pourquoi la vie procède-t-elle par élimination au détriment du plus faible ?
- Pourquoi les hommes manifestent-ils une violence quasi animale ?
Il m’est alors apparu que si l’Univers est né de la volonté d’amour de Dieu alors Dieu est obligé « d’épouser » son œuvre en la revêtant de lui-même pour l’accompagner, la vivifier, et l’engendrer de l’intérieur.
Pour moi, c’est là que s’origine l’admirable incarnation de Jésus
Solidaire des hommes, Dieu en son fils Jésus est venu sciemment partager la vie des hommes faite de violence et de multiples chemins de douleurs. Certes la mort corporelle ne pouvait lui être épargnée, puisqu’elle est le lot de tous les vivants. Mais sa façon de mourir, dans la fleur de l’âge, victime de l’ignoble violence communément partagée par des milliers d’hommes depuis l’aube des temps, a fait sens au point de marquer le cours de l’histoire.
En remettant son esprit au Père, et, en pardonnant à ceux qui l’injuriaient et le torturaient, il a signifié que celui qui se nourrit d’amour ne meure jamais définitivement, il ressuscite en Dieu.
Le sens de la mort de Jésus sur croix ainsi compris, a atténué quelque peu, le dogme de la Rédemption qui m’avait toujours troublée, me donnant à croire que Dieu avait de toujours eu le projet de racheter des hommes mauvais et ingrats, au prix du sang de son propre fils.
Je suis parvenue aujourd’hui à l’âge de la retraite et une certaine sagesse me fait relativiser certaines formulations dogmatiques.
Toutefois, une phrase des Écritures me paraît évidente : « Au commencement était la Parole » (Jean 1,1).
Je crois de toutes mes forces que c’est elle qui a murmuré dans le cœur des hommes dès qu’ils ont été en capacité de penser.
Elle s’est d’abord manifestée comme un possible « Tout Autre » dans les civilisations primitives, puis elle s’est faite plus précise dans les réflexions des patriarches et des prophètes et enfin elle a été Lumière dans la bouche de Jésus. « Personne n’a jamais parlé comme cet homme ! » (Jean 7,46)
C’est cette Parole qui poursuit son œuvre d’engendrement aujourd’hui, pour « amoriser » le monde, selon l’expression du père Teilhard.
Car il est indéniable que Jésus qui est Parole incarnée, poursuit son œuvre au cœur du monde par la force de sa résurrection et le souffle de son Esprit qui courbe, épure et anime ceux qui l’écoutent.
Le Christ nous relie et nous manifeste les uns aux autres. La résurrection du Christ EST dans l’Humanité ; en tant qu’homme il est en contact avec tout homme. (TDC l’Hymne de l’Univers- § LXX)
Comme Pierre Teilhard de Chardin, je pense, que l’Univers a un sens, une direction. Il se complexifie et, se faisant, il s’unifie et converge vers un Centre de Pensée qui « dialogue » avec les hommes. Ce centre c’est Jésus-Christ, qui par son incarnation, s’est incorporé à la Création, qu’il conduit désormais vers l’infini de Dieu.
Alors que ma vie, monte vers son terme, je me réjouis de penser que le Christ-Jésus est à mes côtés pour m’incorporer à Lui lors de ma propre résurrection.
Mais « puisque nul ne vit pour lui-même, et ne meurt pour lui-même » (Romains 14, 7), je me plais à penser que l’amour du Christ que j’aurai reflété par ma vie contribuera à faire grandir le Corps du Christ-Universel tel que l’ont entrevu saint Paul, Teilhard et tous les grands mystiques.
Il est sublime le mystère d’amour qui se dissimule dans la foi.
Jeannine Calvez
Bretagne