Devoir de vacances (6) : Une paroisse en sa cuisine…
Se laisser tenter par ce devoir de vacances dont l’intitulé « ma paroisse » fleure un peu les rédac’ qu’on devait faire au collège : « vous raconterez vos vacances » ou bien « portait de votre meilleur(e)ami(e) »… Mais à tout bien considérer, ce peut être ici vraiment un devoir, je veux dire une espèce d’obligation à dire ce qui gratte, ce qui cloche. Oser dire ici une parole non pas pour fustiger ou critiquer (facile) mais pour dire ce qui me désole pour l’Église d’aujourd’hui.
Me désole le contenu du message copié ci-dessous, concernant le Conseil Pastoral de paroisse, pour ce qu’il signe de la place faite aux laïcs et celle que s’attribue le prêtre curé de cette paroisse.
Ma paroisse… (c’est l’intitulé du devoir, restons dans le sujet !), je l’ai servie (je crois pouvoir le dire ainsi) pendant près de 10 ans, sous la houlette d’un fameux pasteur. J’ai dû la quitter ensuite pour raisons d’importantes divergences pastorales (non mais qui suis-je moi, pour me targuer de pastorale) et parce que le curé qui suivit a eu très peur que je veuille prendre sa place, mon Dieu mon Dieu.
C’est à présent de l’histoire ancienne, la page en est tournée. Je reste « pratiquante » : comment me passer de ce qui me nourrit et me fonde ? Pratiquante (beurk ! le vilain dénominatif) ailleurs, au sein d’une communauté religieuse dont la nouveauté et le charisme résident dans son esprit missionnaire éprouvé depuis 150 ans déjà. Sans illusions, mais qui ne se prend pas la tête avec des histoires de cuisine certes au bon beurre, mais quelque peu indigeste.
Parce que le quotidien de l’Église m’intéresse, que c’est ma famille, je me promène, de temps en temps, sur des sites de paroisses, celle-ci dont je ne suis plus, d’autres où je ne serai jamais sans doute, pour humer le vent dont on sait qu’il souffle où il veut… pas trop dans les cuisines semble-t-il, et c’est dommage : ça leur ferait du bien aux cuisines, une espèce de grand courant d’air…
Lors de navigations devant mon écran, j’accoste donc sur cette p(l)age de mon ancienne paroisse qui a encore changé de curé depuis. Ce que j’y lis au sujet du Conseil pastoral et que je transmets ici, est pour moi proprement désolant. J’ai rebaptisé les lieux, par souci de discrétion mais les paroissiens amis de G&S reconnaîtront sans peine; et puis, après tout, ce fonctionnement convient sans doute à bon nombre d’ouailles ; il est en tout cas proprement canonique, ouf !
Une fois encore transparaît la peur du curé de se laisser déborder, de perdre pouvoir etc. ; alors vite et clair il faut bien définir les cadres et insister sur leur légitimité. Tout se passe comme si Monsieur le curé éprouvait le besoin de rappeler ses petits à l’ordre en entendant dans la cour s’élever comme des désirs de parole, d’action, d’initiatives… d’évangélisation, qui sait ?
Et puis ceci lala :
Ainsi le but poursuivi est de faire vivre aux membres du conseil pastoral, durant un temps donné, la marche interne d’une paroisse au plus grand nombre de chrétiens possible.
Moi qui pensais que le conseil pouvait éclairer le curé, soutenir sa pastorale etc. ce ne serait donc qu’un hochet ? Quelle chance, quelle grâce que de faire partie des heureux élus qui peuvent ainsi découvrir « la marche interne d’une paroisse », comme on visiterait par exemple, la coupole de Saint-Pierre de Rome. C’est une grâce que de faire partie du CP, oui, parce que ce service dilate en celui qui le vit sa vocation baptismale et qu’ainsi, par petites touches subtiles et quotidiennes, le Royaume imperceptiblement mais sûrement, grandit au cœur d’une paroisse.
Mon propos n’est pas de critiquer ou de salir ; je reste persuadée que le curé de cette paroisse et tous les autres sont des hommes de bonne volonté, que je respecte infiniment pour le choix radical qu’ils font de donner leur vie au Christ et à son Église. Mais le monde ancien s’en va, s’en est allé comme le dit le cantique ; et il relève de la responsabilité des clercs d’ouvrir plus grand leurs yeux et leurs oreilles. Des voix qualifiées et prophétiques tentent d’ouvrir de nouveaux chemins pendant que hélas, oui, bon nombre d’hommes d’Église tiennent ferme en leur bastidon. Nous, petit troupeau, nous essayons de continuer à brouter l’herbe des verts pâturages que le Seigneur Dieu renouvelle sans cesse,(loué soit-il) et de temps en temps, certains se permettent une petite rédac’, un petit éclat aux éclaboussures inoffensives, mais à mon sens obligatoire comme l’est un devoir, le devoir de tout baptisé à se sentir responsable de ce qui se vit au sein Corps du Christ.
Mais il suffit…
Voici donc la lettre du curé aux paroissiens de son unité pastorale ; les passages en gras sont du rédacteur.
LN.M.
o O o
Conseil Pastoral de Paroisse
Qu’est-ce que le conseil pastoral ? Que fait-il ? Comment est-il composé ? Comment sont désignés les membres du conseil ? Quelles responsabilités exerce-t-il ? Nombre de paroissiens se posaient ces questions…
Qu’est-ce que le conseil pastoral ? Que fait-il ?
Can. 536-§1 « Si l’évêque diocésain le juge opportun après avoir entendu le conseil presbytéral, un conseil pastoral sera constitué dans chaque paroisse, présidé par le curé et dans lequel, en union avec ceux qui participent, en raison de leur office à la charge pastorale de la paroisse, les fidèles apporteront leur concours pour favoriser l’activité pastorale ».
Can. 536-§2 « Le conseil pastoral ne possède que voix consultative et il est régi par les règles que l’Évêque diocésain aura établies. »
Il me semblait important de débuter cette information sur le Conseil Pastoral de Paroisse par ces deux paragraphes du canon 536 du Code de droit canon, où nous remarquons tout de suite, que la présence d’un conseil pastoral n’est pas une obligation pour l’église. Si une paroisse n’en possède pas, ce n’est, juridiquement, pas grave !
Ensuite, comme cela est également dit, ce type de conseil ne prend pas de décision, il est « consultatif », il accueille et collecte les avis des membres qui le composent.
En ce qui concerne notre unité pastorale, nous avons désiré mettre en place un seul conseil représentant l’unité pastorale de nos 3 clochers : deux personnes pour Clocheville, deux pour Clochemerle, une pour Clocheclaire, ces dernières ont un mandat de trois ans renouvelable une fois.
Le curé, le vicaire et le séminariste font parti de droit du Conseil et ne sont pas comptabilisés comme tel !
Le conseil se réunit une fois par trimestre. Les sujets abordés sont de tous ordres et concernent la marche pastorale des paroisses.
De manière à ne pas être fermés sur nous-mêmes, le conseil invite des personnes en responsabilité, c’est ainsi que nous avons reçu les présidents des associations des amis de Saint H. et de l’église de Clochemerle, pour nous rendre compte de leur activité et des services que ces associations rendent auprès des paroisses.
Nous inviterons d’autres personnes comme par exemple, un membre de chaque conseil économique qui pourra expliquer la marche financière de l’une ou l’autre paroisse. Ainsi le but poursuivi est de faire vivre aux membres du conseil pastoral, durant un temps donné, la marche interne d’une paroisse au plus grand nombre de chrétiens possible.
Chaque paroissien ou toute autre personne, peut saisir un membre du conseil pour une suggestion, un conseil ou un avis, qui sera rapporté lors de la réunion.
Pour conclure, il est important de savoir qu’un conseil pastoral de paroisse, comme un conseil économique « meurt » avec le départ du curé que ce dernier soit muté ou décède ! Autrement dit à l’arrivée d’un nouveau pasteur les conseils présentent leur démission pour laisser libres les personnes qui désirent partir et faire autre chose et que le nouveau prêtre qui prend ses fonctions puisse lui aussi, être libre de constituer ou non un conseil pastoral de paroisse et accueillir de nouveaux membres, cela s’avère parfois très bon pour donner une bouffée d’air fais !
Nous remarquons ici la sagesse de l’Église dans son fonctionnement juridique qui vit comme priorité la liberté des personnes !
Père TG, curé de la paroisse
le 29 juillet 2011