De l'Ascension… au pape François

Publié le par G&S

Durant toute sa vie publique, après le rejet de la grande "tentation au désert", Jésus n'eut de cesse de refuser les honneurs, voire le titre de messie, de fuir la foule qui voulait le faire roi, de demander à ses amis de ne pas ébruiter ses "miracles".

Et alors qu'on est à la fin finale de sa vie terrestre, 40 jours après sa Résurrection, une dernière question aussi imprévue qu'incongrue lui est posée par ses apôtres, qui n'ont décidément rien compris : « Seigneur, est-ce maintenant le temps où tu vas restaurer la royauté en Israël ? » Pas de réponse, seulement l'annonce de l'Esprit Saint et l'envoi aux extrémités de la terre !

Pendant quelque trois siècles, la fameuse question est oubliée. Malgré les persécutions épisodiques, le message se répand sur "toute la terre", enfin la terre connue et accessible et il n'y a pas de "chefs" autres que des "anciens" ou des "épiscopes" (en grec : episcopein : veiller sur, prendre soin), pas non plus de "prêtres", ils sont chez les juifs ou les païens. D'après Justin (dans sa première Apologie), il n'est question que de "celui qui préside" sans autre précision.

Il faut attendre le Concile de Nicée, au IVe siècle, avec la volonté d'organisation des empereurs romains convertis, pour voir apparaître le titre de Pape, et encore il ne sera vraiment attribué à l'évêque de Rome que deux siècles plus tard. L'Église catholique "romaine" devient alors une monarchie comme toutes les autres, avec un "roi" encore plus honoré que les autres...

L'initiative du nouveau "pape", Jorge Mario Bergoglio, dès son élection, de se présenter comme l'évêque de Rome, de parler uniquement italien, le choix de son nom François sans affectation de n° dynastique, le refus de tout ornement de majesté (il semble qu'il continue à porter son anneau épiscopal et non "l'anneau du pêcheur"), sa décision de quitter les appartements pontificaux pour habiter en communauté, la simplicité de son contact avec tous, particulièrement les enfants, les infirmes, les exclus (jeunes taulards) mais aussi avec ses frères évêques…, sans autres explications que l'évidence du geste, sont les signes, éclatants, qu'une longue période de 17 siècles se termine enfin.

Nous sommes revenus à la non-réponse de Jésus au moment de l'Ascension. Il n'y a plus de Roi ! Faut-il espérer un nouveau printemps de l'Église, enfin catholique ?

Pierre Rastoin
Ascension 2013

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