Chemins de vie, chemins de Dieu
un livre de Francis Deniau, évêque émérite de Nevers.
Francis Deniau est décédé le 12 janvier 2014
et repose dans le caveau des évêques de la cathédrale de Nevers.
Les phrases, et extraits de phrases en italique, sont issus du texte de l’auteur.
Francis Deniau, évêque émérite de Nevers, nous a habitués au parler franc. Dans son livre Un évêque en toute bonne foi il nous disait sa pratique quotidienne, au plus près de ses diocésains. Avec Chemins de vie, chemins de Dieu (éditions DDB, janv. 2014), il va à la rencontre de ceux qui , ne voyant pas d’intérêt au christianisme, cherchent néanmoins, un peu partout, un sens à leur vie, un mode du vivre ensemble.
À ceux-là, Francis Deniau apporte des réponses, ses réponses, non comme des vérités intangibles, encore moins dogmatiques, mais comme des questionnements auxquels chacun veillera à répondre dans la justesse de son expérience et de sa vie, seuls lieux où peut se mesurer la Vérité.
Avant tout, il recommande de se mettre dans une attitude positive, savoir accueillir le don, don de la vie, don de l’Amour reçu, aussi des fragilités et des manques qui ouvrent le regard sur les autres, savoir l’accepter et dire merci.
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On pourrait très bien vivre sans dieu. Et tourner en rond sur soi-même, dans un monde clos. Néanmoins, se préoccuper de l’autre, certes, mais nous sommes quand même seuls face au monde.
En introduisant Dieu dans notre vie, nous ouvrons une brèche. Nous sommes renvoyés au-delà de l’expérience immédiate ; nous allons au-delà du monde des objets, de nos préoccupations et de nos projets : la réalité est plus vaste que ce dont nous avons intelligence ou maîtrise. Au jour où le risque est, dans certaines cultures, de faire de Dieu la clé de voute de la totalité sociale, économique, politique, Dieu introduit une interrogation qui ne se referme pas. Si l’homme est l’être suprême pour l’homme, est-ce une libération ou un enfermement ? Dieu nous interdit de boucler sur soi, dans le narcissisme ou le socialement totalisant.
Et la grande brèche, c’est Jésus qui la plante dans nos vies : à ce qui peut sembler l’immense défaite de la mort sur la Croix, Jésus montre qu’aux forces du mensonge et de l’enfermement s’oppose la vérité de celui qui ne triche pas, qui s’engage en connaissance de cause, va jusqu’au bout de son engagement de Dieu incarné et montre ainsi la puissance de la vraie liberté. Et nous aussi pouvons aller vers cette vraie liberté, en sachant bien que le chemin sera long et épineux.
Si nous prenons ce chemin, nous entrons dans le mouvement de Dieu : nous sommes conduits à imiter l’attitude de Jésus, attitude d’Amour, don réciproque d’attention à l’autre et de responsabilité envers l’autre. C’est ce que Francis Deniau appelle la désappropriation personnalisante. Si je considère tout comme ma chose, sur quoi j’aurai tout pouvoir, je vais me recroqueviller et m’étioler. Si j’accepte de tout recevoir, dans des relations qui me font vivre et vivre la société humaine, je serai de plus en plus une personne s’épanouissant dans de multiples relations. Le corollaire de cette désappropriation, c’est la confiance : bien sûr que le doute est inhérent à la personne. C’est la conséquence de son intelligence. Mais le doute n’est pas incompatible avec la confiance. Et la confiance donne son assise à l’espérance : ainsi l’espérance de la résurrection, qui n’enlève rien à nos angoisses mais qui, comme l’espérance d’un amour qui dure, permet de construire, de se construire, de se « personnaliser », car alors chacun est porteur de la responsabilité de la réalisation de cette espérance.
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À travers les questions que Francis Deniau soulève et les réponses qu’il y apporte (tout en précisant que l’auteur ne sait jamais ce qu’il transmet ; c’est le lecteur qui en est le maître), nous entrons plus avant dans le mystère de Dieu.
Dieu est discret, il ne s’impose pas, mais il n’est pas indifférent ; il nous aime le premier, comme notre parent, père et mère à la fois. Comme un parent, il donne, mais son don n’emprisonne pas son destinataire mais suscite sa liberté .Et comme à son enfant devenu adulte, Dieu n’est pas utile à l’homme, mais il lui est nécessaire.
Dieu est fragile, Dieu n’est pas tout puissant, ou plutôt sa puissance n’est aucunement démonstration de force. Dieu n’a rien à démontrer : Dieu aime, Dieu aime des enfants. C’est son mode d’agir.
Le décès tout récent du Père Francis Deniau fait de ce livre un testament de vie émouvant qui percute nos vies et nous engage, à notre tour et chacun selon sa voie, sur les chemins de Dieu.
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On peut aussi lire l'article de l'Amitié Judéo-Chrétienne de France : ICI