Bonté d’un Père
Évangile de Luc 15,11-32
Ce Père avait deux fils…
Bien qu’ils fussent imparfaits, il les aimait tous les deux :
- L’un était travailleur, sérieux, de tempérament jaloux : « Il comparait »
- L’autre était frivole, dépensier, cœur sensible : « Il cueillait la vie »
- Le premier suivait des horaires, fidèle sans doute au règlement qu’il s’était donné pour faire marcher l’exploitation
- Le second « inventait » son existence. Après la fête dispendieuse, il travaillait pour pouvoir manger
- L’ainé avait des allures légalistes, il respectait les coutumes. Appliqué et formaliste, il « fleurait » l’Ancien Testament
- Le cadet avait la conscience souple (un peu trop peut-être), il se savait fragile et comptait (peut-être sans assez de discrétion) sur la bonté d’abord généreuse puis miséricordieuse de son Père… Il avait des allures de Nouveau Testament.
Ce Père avait deux fils… il aimait beaucoup chacun, respectant chez l’un et l’autre leur caractère et leur éducation propre. En effet, il ne les avait pas « élevés de la même façon car il savait ce qui convenait le mieux à chacun selon :
- Leur date de naissance
- Leur qualité
- Leur tempérament
- Leur culture propre
Ce Père avait deux fils… mais, il faut bien l’avouer, il avait un faible pour le second. On aurait dit qu’il se « reconnaissait en lui ». Le Père avait du cœur et ne se drapait pas dans la majesté intangible des lois éternelles. En lui il y avait toujours une ouverture pour une vie « renouvelée ». Il veillait avec tendresse. Il tressaillait de joie en voyant son deuxième fils avancer sur la route pour s’approcher de lui. Il courait à sa rencontre pour l’embrasser.
Le premier ‘fils’, lui, se cantonnait dans une rigidité effrayante. Certain de son bon droit immuable, il jugeait et était porté à ne pas se laisser « entortiller » dans des sentiments de clémence. Il ne prenait pas le risque du « pardon » et de la deuxième ou troisième chance… toujours offertes. Il s’était pris lui même au sérieux et se pensait arrimé à la Vérité. Il avait oublié qu’en lui aussi il y avait une « faille » et qu’elle s’enflammait parfois en « faill-ite »…
Ce Père avait deux fils… Il pardonnait à l’un et l’embrassait. Il « sortait » et discutait avec l’autre pour lui faire entendre raison afin qu’il accueille son frère puîné avec des sentiments d’amour. Mais il était difficile de faire entendre à l’ainé que les « temps nouveaux » étaient venus sur terre comme un printemps, que chaque jour la « conversion » peut fleurir et presque instantanément porter du fruit. C’est ainsi que tous les humains mangent, selon leur appétit, les nourritures qui font vivre.
Je crois que les humains sont faits et donc ne sont accomplis, que dans l’entraide, la miséricorde et la solidarité.
Ce Père avait deux fils… Il les chérissait tous les deux et il souhaitait qu’ils s’aiment, se pardonnent d’être différents et vivent en communion.
Ce Père avait deux fils…
Christian Montfalcon