Bâtissons un chemin d’espérance et de vie
Témoignage
Le 17 janvier 2010 1 est la Journée mondiale du Migrant et du réfugié Mineur.
En tant que délégué diocésain à la Pastorale des migrants, je vous invite à tourner notre regard sur une réalité qui marque notre société. Nous côtoyons tous les jours des gens de nationalités différentes qui cherchent à trouver leur place parmi nous. Nous savons qu’ils rencontrent bien des difficultés à s’intégrer dans nos cités, nos quartiers, nos communautés.
Le développement de l’immigration touche tous les pays du monde et pour ne parler que de notre diocèse les immigrés représentent un éventail très divers : africains, vietnamiens, roumains, maghrébins et la liste peut être longue. Le déracinement des familles, des jeunes de leur propre pays et l’intégration chez nous ne vont pas de soi. Ils affrontent le problème de la langue, le manque de logement, de travail, l’obtention d’un titre de séjour. Tous ces facteurs sont autant de difficultés pour eux, sans parler de la crise économique et sociale de notre pays dont ils sont eux aussi victimes.
Dans les pays d’où ils viennent la pauvreté est endémique. Aussi prennent-ils le risque de partir vers un pays d’espoir. Mais ils percevront vite que les conditions d’accueil se refermeront sur eux et qu’ils devront forcer bien des barrières pour sauver leur peau. Ont-ils d’autres solutions ?
Quoi qu’il en soit, nous ne pouvons ignorer tous ces gens qui nous entourent. Nous les rencontrons dans la rue, sur les marchés, pour les enfants et jeunes dans les écoles qu’ils fréquentent, et très souvent aussi dans les services administratifs et associatifs. Ils ont le désir d’être reconnus comme des personnes, de pouvoir régulariser leur situation, d’accéder au droit au logement, au travail et à une vie décente. Comme nous tous, ils aspirent à créer des liens de proximité qui sont la base d’un équilibre pour vivre en société.
Nous sommes appelés à nous ouvrir à eux et à leur offrir un accueil digne de ce nom. Tout chrétien peut ressentir cet appel à l’attention et à la générosité comme nous y invite l’évangile : « J’étais un étranger et vous m’avez accueilli » (Matthieu 25,35).
À Lourdes les évêques ont pris en considération cette réalité des migrants et le cardinal André Vingt-Trois a rappelé avec force quelques points de repère sur la question de l’immigration :
- « Nécessité pour les personnes en centre de rétention administrative de bénéficier de moyens de subsistance dignes d’une personne et de pouvoir accéder aux informations nécessaires à leur défense.
- Nécessité pour ceux qui sont en situation irrégulière de bénéficier de la protection de la loi.
- Nécessité à travers toutes les démarches entreprises de les respecter en particulier les enfants et les jeunes pour lesquels les liens familiaux doivent être privilégiés ».
J’étais un étranger et vous m’avez accueilli
Cette année l’Église rappelle la place de ces mineurs et le rôle qu’ils tiennent dans notre société. Jeunes et enfants sont bien souvent ballottés entre la famille, l’école et les relations de quartier. Très vite ils apprennent à parler et grâce à l’école commencent à s’intégrer. Ils assurent le lien entre leur propre famille qui, n’arrivant pas à s’exprimer, se sent souvent en dehors de la vie normale, et le compagnonnage que les jeunes établissent facilement entre eux. Si leur capacité d’adaptation se développe assez rapidement, ils restent cependant fragiles car ils ne savent pas toujours comment se situer et sentent le poids d’une responsabilité qui peut les dépasser.
Dans ce contexte, nos communautés chrétiennes ont la responsabilité particulière de développer les contacts avec les jeunes. L’école, le catéchisme, d’autres lieux de rencontre sont autant d’espaces qui vont permettre le dialogue et la mise en relation. Notre mission d’évangélisation s’inscrit dans la volonté que nous aurons pour aller dans ce sens.
Nous sommes sans doute appelés parfois à sortir de notre indifférence.
Mgr Claude Schocbert, responsable de la pastorale des migrants écrivait dans le dernier numéro de Migrants et Réfugiés : « Aujourd’hui, à tous ces enfants, mineurs migrants et réfugiés, osons dire : chers enfants, chers jeunes, gardez vivant ce sens de l’accueil de vos camarades ; quand vous les accueillez, quand vous êtes leurs amis, vous êtes vraiment les disciples de Jésus. »
Cette Journée mondiale des Migrants et des Mineurs doit être un temps fort de rencontre fraternelle entre jeunes et adultes quelles que soient leur couleur ou leur origine. Ensemble nous sommes amenés à nous côtoyer, à nous accepter mutuellement en créant des liens de proximité. Il importe aussi de nous entraider pour que chacun trouve un lieu de vie et d’épanouissement. Beaucoup de personnes déjà, dans les associations dont elles font partie, contribuent à bâtir un chemin d’espérance et de vie.
Que cette journée du 17 janvier célébrée dans nos communautés chrétiennes soit un point de départ pour développer des liens d’humanité, de fraternité et de solidarité.
Père Paul Loubaresse
délégué diocésain à la Pastorale des Migrants
1 – Ce texte a été rédigé en vue de la Journée du migrant, à destination des paroisses qui en organisaient