Aux victimes du management

Publié le par G&S

Depuis quelques jours les abords des cimetières voient l’arrivée des chrysanthèmes et d’autres plantes qui annoncent le retour des célébrations du souvenir.

Parmi les défunts auxquels je pense particulièrement ces jours-ci et que je porte dans ma prière il y a les victimes d’une nouvelle « pandémie » : ceux que les conditions de travail conduisent à la mort, ceux qui, poussés par des conditions inhumaines, désespérés, se tuent : à France Télécom, à l’entreprise Thalès et dans d’autres entreprises… Qui plaidera pour eux ? Qui dira qu’ils sont morts sous la contrainte ? Qui reconnaîtra qu’ils sont sacrifiés à des idoles mortifères : la rentabilité, la concurrence, le réduction des coûts, les techniques de gestion ? La barbarie du quotidien fait naître leur culpabilité au point qu’ils se donnent eux-mêmes la mort devant l’idole implacable qui demande toujours plus.

Ces réalités touchent des millions de personnes vouées au profit de grandes entreprises qui se font la guerre avec un armement humain et qui ne craignent pas les pertes « en matériel ». Ce matériel nous le connaissons bien : ce sont nos proches, nos voisins ; ils travaillent depuis des décennies dans telle ou telle entreprise, ils ont acquis une maison qu’ils paient sur vingt ou vingt-cinq ans grâce à leur travail. Un jour tout s’arrête parce que l’entreprise est délocalisée, parce que l’acheteur étranger n’a rien à faire de cette usine.

Ces jours du souvenir sont des temps d’espérance et de confiance. Chacun peut trouver dans le Christ cette force de vie que, ressuscité, il promet à ceux qui croient en Lui. Cette présence du Christ vivant est offerte à tous, particulièrement à toutes les personnes qui subissent l’absence douloureuse d’un être cher.

Que ces morts ne soient pas oubliés, qu’en regardant tout homme comme créé à l’image de Dieu, les chrétiens disent avec force que « l’authentique développement n’est pas produit par nous mais nous est donné »  (Benoît XVI).

Il nous est donné par le Dieu de la Vie.

Mgr Bernard Ginoux
évêque de Montauban

Publié dans Réflexions en chemin

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B
<br /> Pour une fois, après lecture de cette protestation d’un évêque, j’ai envie de prendre la plume pour remercier ! Remercier pour l’opportunité de l’intervention et la lucidité de sa dénonciation.<br /> Oui, il est clair, désormais,  que l’organisation du  management, dans une entreprise comme dans une administration, s’avère MORTIFÈRE. Un chrétien doit protester : c’est un crime contre<br /> la fraternité. Et d’autant plus fort qu’il est plus haut placé.<br /> Le travail, ainsi organisé, réduit les acteurs en place (ouvriers comme cadres)  à de simples  outils,  interchangeables, au service de la rentabilité. Le plaisir des relations<br /> d’équipe et l’intérêt au travail sont totalement niés. L’intoxication est telle,  que les acteurs n’en prennent conscience qu’au moment où ils en sont dangereusement affectés, comme j’ai eu<br /> l’occasion de le constater, cet été auprès d’un jeune cadre de haut niveau, chez Renault.<br /> <br /> Francine Bouichou-Orsini<br /> <br /> <br />
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