Anadromes et témoins
Il existe des poissons anadromes ou potamotoques qui remontent les fleuves pour y pondre leurs œufs. Ils s’épuisent jusqu’à en mourir pour susciter une fécondité qui leur survive. Ils sont programmés ainsi : ils vivent au grand large, ils se nourrissent au grand large, ils atteignent leur pleine stature au grand large
Puis poussés par un « code intérieur » – ils ont leur fécondité en eau douce – pour assurer un « après eux » (une fécondité qui les dépasse et dont ils ne sont pas maîtres), ils vont à contre courant (anadrome) et deviennent des proies faciles pour les prédateurs qui chaque année guettent le passage des nouveaux venus qui ne savent pas ce qui les attend.
Ces poissons de « Pleine Mer » et « d’Eau Douce » ne réfléchissent pas, ne décident pas… ils sont simplement de la « classe » des potamotoques… Dans les fichiers des savants ils sont rangés sous cette étiquette. Les saumons sont des anadromes ou des potamotoques : c’est pareil… un point c’est tout. Nul ne leur demande leur avis… C’est comme ça !
Muets comme des carpes, ils font en bancs ce que la « nature » exige… ils n’ont aucune culture. L’évolution, dans quelques millions d’années, aura peut-être changé leur conditionnement, mais eux nul ne les aura consultés… Si leurs mœurs changent, ils n’y seront pour rien et les ichtyologistes d’alors en prendront acte. Rideau.
D’une toute autre facture sont les humains
Par leurs recherches et leurs interrogations personnelles et collectives les humains « réfléchissent » sur leur propre nature et sur leurs « relations » qui les « mettent au monde » et les « personnifient » (individu et société)
Les humains découvrent progressivement dans l’histoire des générations depuis l’origine et leur propre histoire personnelle qu’ils sont eux mêmes relation. Alors ils nourrissent, orientent et infléchissent par leurs sentiments et leurs œuvres ce qu’ils sont par nature. Ils deviennent librement ce qu’ils sont par essence, car :
- par l’Incarnation du Christ, lumière éternelle, qui donne du relief aux Personnes, aux animaux et
aux choses,
- par le Don de Dieu et l’offrande du Christ à son Père qui confirme l’Ancienne Alliance et la renouvelle totalement,
- par le Souffle de l’Esprit qui fonde altérité et réciprocité,
les chrétiens croient qu’ils sont hommes ou femmes à l’image du Dieu qu’ils reconnaissent Trinité.
Leur foi fonde entre eux et en eux le désir de « relations personnalisantes » : égalitaires, fraternelles et fécondes.
Tant bien que mal, dans leur pèlerinage au sein du monde, ils vivent et témoignent de cette Espérance.
C’est l’axe de leur vie, assez souple et assez précis pour s’adapter aux circonstances sans toutefois qu'ils perdent leur orientation fondamentale… leur spécificité humaine…
Christian Montfalcon