Affrontement
Oui, dans la conscience d’un homme libre tout conduit un affrontement. Cela ne veut pas dire que tout affrontement prend la forme d’un conflit guerrier. Beaucoup d’affrontements sont doux, humbles, pacifiques et pacificateurs, ils ne cherchent que la Vérité, celle qui conduit à la lumière.
L’homme libre « fait face ». Il la cherche et la trouve.
Comme le disait un de nos maîtres : il ne se « figure » pas, il ne se défigure pas, toujours il se transfigure en s’accomplissant.
Le vis-à-vis en-visage autrui et se découvre lui-même différent.
Ainsi, à mon sens, d’une manière ou d’une autre tout être humain construit sa libération et va vers la liberté par de multiples affrontements.
Au moins quatre...
– un affrontement avec Dieu : c’est le drame de la foi, de la pauvreté
– un affrontement avec la nature qu’il a à pétrir et à domestiquer, à sauver. Puisque créé à l’image de Jésus, le Christ, il est aussi créateur et rédempteur. C’est aussi un affrontement avec la mort.
– un affrontement avec lui-même,puisqu’il a sans cesse à sauvegarder sa liberté d’homme juste
* contre les événements qui l’enferment,
* contre les tentations qui le
sollicitent
* contre les tourments du péché qui le rapetisse.
– un affrontement avec les autres, pour cet homme individu-social, unique et multiple, homme personne qui a besoin d’une communauté faite de personnes pour “exister”. Le compromis de la vie sociale. Il a sans cesse à défendre “son individu” contre les autres et il a sans cesse besoin de se communiquer pour exister.
Sur terre, l’affrontement est au cœur de l’homme libre Il signifie que l’homme « fait sa place », qu’il se tient debout, original et irréductible.
Dans sa vie temporelle, l’homme qui ne s’affronte pas a en fait démissionné.
S’il a traversé la mort, il ne connaît plus le combat de l’affrontement. Par sa résurrection il existe en plénitude, amoureux et libre dans la communion de Dieu.
Que dire de l’affrontement chrétien
On ne peut pas pactiser avec le mal, de quelque nature qu’il soit.
Le chrétien qui « veut » prendre parti pour la vérité connaîtra des affrontements sanglants avec le péché, le sien, celui des autres, de la société, du monde.
Il est impossible d’être quelque peu fidèle sans se faire beaucoup d’ennemis et l’Évangile demande de les aimer !
La foi est en même temps une paix profonde et un glaive qui tranche dans le vif de la vie.
Christian Montfalcon