De quelques paradoxes actuels, acte 2...

Publié le par Garrigues et Sentiers

L’acte 1 de cet article a été mis en ligne le 3 septembre 2006 ; cliquez ICI pour le lire.
 
Des drapeaux
 
On ridiculise parfois, en France, le culte du drapeau, tel qu’il est pratiqué par exemple aux États-Unis d’Amérique, ou proposé par tel(le) candidat(e) aux élections présidentielles. C’est vrai que ça a un côté emphatique, voire idolâtrique ; que ça peut nourrir un nationalisme malsain ; que, pour les plus âgés d’entre nous, ça rappelle les “levées aux couleurs” obligatoires dans les écoles, sous le régime de Pétain…
Tout se passe actuellement chez nous comme si “patriotisme” (que l’on n’hésite pas à admirer dans les pays “émergents” comme signe de leur accession à la personnalité internationale) signifiait forcément “chauvinisme”, xénophobie, etc. Mais, ce bout de tissu a valeur symbolique, appuyé sur une histoire : hisser les trois couleurs en 1945, après 5 ans passés sous des drapeaux à croix gammée, ça avait du sens.
On a le droit de ne pas aimer les symboles, mais il faut être cohérent. Si le drapeau tricolore est ringard, pour quoi les rassemblements d’extrême-gauche, qui sont de cet avis, continuent-ils à agiter des drapeaux rouges (dont je connais aussi la symbolique) ?
 
Des références aux “grands hommes”
 
Au cours des très nombreuses déclarations des candidats aux élections présidentielles, on a entendu des références jetées comme des arguments : et je te cite Blum ou Jaurès à droite, et que les valeurs incarnées par de Gaulle se retrouveraient plutôt à gauche En tout cas, le candidat du parti se réclamant – discrètement et par intermittence – du gaullisme se manifeste souvent plus “gaullien” que gaulliste… Jaurès, dont l’appartenance à la gauche ne saurait faire question, était à l’occasion, un homme de conciliation. Ces détournements d’objet représentent un cas typique de citations hors contexte. C’est bien la droite qui a fait finalement échouer l’expérience du Front populaire ; c’est bien un nationaliste de droite qui a assassiné Jaurès ; jamais, si ce n’est dans les mois qui ont suivi la Libération, opinion publique oblige, la gauche n’a fait confiance à de Gaulle ; elle n’a reconnu que du bout des lèvres que lui seul avait su régler le drame algérien inauguré sous un gouvernement socialiste, etc.
Alors ceci n’est qu’un constat : méfions-nous des références qui sont des captations d’espoir abusives, pour ne pas dire malhonnêtes.
 
Marc DELÎLE

Publié dans Signes des temps

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