Résurrection : un acte de foi
« Si c’est toi qui l’a emporté dis moi où tu l’as mis,
et moi j’irai le reprendre. »
Jean 20,15
Il y a vingt cinq ans peut-être, un de mes amis, prêtre et théologien de métier, me
disait ‘en a parte’ : « Je regrette que l’on n’ait pas retrouvé la dépouille mortelle de Jésus, cela aurait facilité ma foi en ma propre
résurrection ! »
Actuellement, mon ami déjà mort (et donc, dans ma propre foi déjà ressuscité, bien
que son cadavre soit toujours enterré dans le cimetière de son village) serait d’une part comblé par les débats farfelus qui amusent les médias français et d’autre part terrifié par les batailles
fondamentalistes qui sévissent en Amérique sur ce sujet.
‘On’ dit en effet que dans la périphérie de la vieille ville de Jérusalem, il y a
plusieurs années, les bulldozers de promoteurs avides auraient mis à jour les ossement de Jésus et de sa famille. Certains obsédés des preuves font aujourd’hui mousser l’affaire qui, à mon sens,
n’en est pas une…
Les baptisés qui ont choisi de croire et de donner leur assentiment aux témoignages
des apôtres ainsi que des disciples hommes et femmes rapportés dans les livres du Nouveau Testament, préfèrent vivre dans la foi, et donc dans le doute, plutôt que d’être contraints par des
preuves qui ne laisseraient aucune distance entre la foi (qui deviendrait certitude) et la raison. Ils ont trop éprouvé la liberté joyeuse de croire et de pouvoir considérer la vie humaine
ouverte à un avenir personnel infini, pour ne pas redouter d’être ficelés dans leur conscience libre qui décide de suivre Jésus jusque dans sa Résurrection bienheureuse.
… Marie Madeleine avait entendu les anges de la commisération s’adresser à elle
de l’intérieur du tombeau. Ils parlaient de leurs places situées à la tête et au pied de la « présence-absence » où Dieu se tient par discrétion amoureuse de l’humanité…
… Marie Madeleine croit entendre le jardinier qui reprend les mots des
anges : « Pourquoi pleures tu ? » et il ajoute « Qui cherche tu ? ». En fait c’est le Ressuscité lui-même qui l’interroge sur son chagrin
affectueux et sur sa quête amoureuse…
… Marie Madeleine, parce qu’elle connaît la voix de Jésus, reconnaît le Christ
et veut l’étreindre, le garder, le posséder pour elle. Pas question dit le Ressuscité : « Cesse de me tenir », quitte tes représentations qui te tirent en arrière et va
PLUTÔTtrouver mes frères…
La foi a besoin d’espace pour que l’Esprit prenne corps. La Parole a besoin de
commentaires pour être actualisée, digérée et transmise.
Croire donne de la perspective et ouvre le grand angle sur les réalités humaines sans
les contredire mais aussi sans coller à leurs descriptions terre-à-terre bourrées de certitude.
Christian Montfalcon