Qui et l'Agneau de Dieu incarné
Nous avons vu dans l’article Déchiffrons les lettres hébraïques que le
tétragramme sacré, le nom imprononçable de Dieu, qu’on translittère en YHVH (yod-hé-vav-hé), a pour valeur 26 (10+5+6+5 = 26).
Pour la valeur des lettres hébraïques, reportez-vous à l'article L'alphabet hébreu, alphabet de la vie.
Nous avons vu également que le mot parole (ou Verbe) est davar (avec un beït prononcé v) et a également pour
valeur 26 (4+2+20) : identité remarquable !…
Nous allons progresser cette fois dans l’aspect symbolique de la guematria en évoquant la parole de Jean le Baptiste à ses apôtres quand il vit passer Jésus :
Voici l’Agneau de Dieu ! (Jean 1,29)
On gardera voici pour une prochaine fois et on s’intéressera à l’agneau !
On constate immédiatement que – par le plus grand des hasards, bien sûr ! – le mot hébreu sé, agneau, a pour valeur 26 (21+5) ! Voilà un
Agneau-Verbe doublement égal à Dieu ! C’est déjà beaucoup, d’autant plus qu’Agneau de Dieu, Sé YHVH, vaut 26+26, soit 52, valeur de Élohim !
Mais il y a encore plus à découvrir, grâce à deux savants allemands, Théodore Reuchlin (1455-1522), humaniste hébraïsant qui s’opposa aux dominicains
de Cologne qui voulaient brûler les ouvrages en langue hébraïque, et Athanase Kircher (1602-1680), jésuite kabbaliste chrétien (et inventeur de la lanterne magique !).
On estime que la kabbale chrétienne a été « créée » par Jean Pic de la Mirandole, humaniste bien connu
(1463-1494).
L’idée géniale (lumineuse !) est de remarquer que si le shin, lettre « principale » du mot sé, agneau (et lettre en
forme de trident, donc hautement trinitaire) « descend » au cœur du tétragramme, composé des lettres yod-hé-vav-hé, on obtient un pentagramme yod-hé-shin-vav-hé,
qu’on peut prononcer YéHoShOUHa, comme le nom de Jésus !
Rappelons que la lettre vav peut se prononcer comme la consonne v, mais aussi o et
ou.
Voilà comment le nom de Dieu devient prononçable, avec le nom du Verbe : Jésus !
AGNEAU
JESUS
Kircher eut même l’idée d’inclure cette descente au sein d’un vaste dessin représentant les 72 noms de Dieu, dont le centre est représenté ci-dessous
et dont vous pouvez charger l’intégralité en cliquant ICI.
Entre temps, Paul Ricius (1480-vers 1541) avait développé une théorie selon laquelle l’histoire du monde peut se diviser en trois phases placées chacune sous
l’égide d’un nom de Dieu :
-
la première est placée sous l’égide de Shaddaï : Lorsque Abram eut atteint quatre-vingt-dix-neuf ans, YHVH lui apparut et lui dit : Je suis El Shaddaï (Gn 17,1)
-
la deuxième est placée sous l’égide de YHVH : Dieu parla à Moïse et lui dit : «Je suis YHVH. Je suis apparu à Abraham, à Isaac et à Jacob comme El Shaddaï, mais mon nom de YHVH,
je ne le leur ai pas fait connaître (Ex 6,2-3)
-
la troisième est placée sous l’égide de l’Agneau de Dieu, période de Rédemption, où Dieu révèle à certains le Tétragramme complété par le shin, qui donne le nom de Jésus.
La valeur numérique de yod-hé-shin-vav-hé, YéHoShOUHa, est 47.
47 est donc pour les kabbalistes chrétiens le nombre de l’Incarnation de Dieu en Jésus.
On peut noter, pour l’anecdote, que la Bible contient 47 versets qui parlent d’Adam. Cf : tous meurent en Adam, ainsi tous
revivront dans le Christ (1Corinthiens 15,22).
Le shin possède une signification à lui tout seul : qui, pronom relatif. Et ce n’est pas un hasard si cette lettre est en plein cœur
de la phrase fameuse dite par Dieu à Moïse en Exode 3,14 : ’hêyêh ’asher ’hêyêh.
En hébreu cette phase se compose de 3 mots et de 11 lettres, le shin étant au beau milieu de cette affirmation (bien ésotérique !) de la nature de
Dieu : Je suis qui Je suis, et au sixième rang, 6 étant le nombre du Messie...
6 est le rang de la lettre vav, lettre en forme de crochet et symbole du lien entre le Ciel et la Terre , ce qui est bien le rôle du Messie.
Je ne m’étends pas sur la traduction exacte de cette phrase, dont la valeur est 84 ; on y reviendra peut-être un jour ! Mais il est bon de noter sa symétrie numérique : nombre des lettres (4+3+4) et valeur des mots : 21+42+21.
Pour finir, évoquons le texte de l’évangile de Luc qui montre Joseph et Marie présentant Jésus enfant au Temple de Jérusalem : Il y avait aussi une
prophétesse, Anne, fille de Phanouel, de la tribu d'Asher. Elle était fort avancée en âge. Après avoir, depuis sa virginité, vécu sept ans avec son mari, elle était restée veuve ;
parvenue à l'âge de 84 ans, elle ne quittait pas le Temple, servant Dieu nuit et jour dans le jeûne et la prière (Luc 2,36-37).
N’est-il pas curieux que l'évangéliste trouve nécessaire de préciser que cette femme, qui va exprimer son bonheur de voir Jésus, est de la tribu
d’Asher, et qu'elle a 84 ans ?
Eh bien, non ! On ne peut pas trouver cela curieux si on remarque:
- que 'Asher est le mot central de ’hêyêh ’asher ’hêyêh, qui a pour valeur 84,
- qu'à la naissance d'Asher, fils de Jacob qui porte le nom « ésotérique » de Dieu, sa mère Zilpa, servante de Léa, a justifié le
nom qu'elle lui donnait en s'écriant : be’ashery ki ’sherouny banoth, c’est-à-dire : pour mon bonheur, car les femmes me diront bienheureuse
(Genèse 30,13)…
Cela ne vous rappelle rien ?
Cela ne vous rappelle rien ?
René Guyon