Joseph d'Arimathie : un homme qui pose question...

Publié le par Garrigues et Sentiers

 

 La mise au Tombeau, tableau du Carnage, musées du Vatican

 
 
À la fin du mois d'août, le Martyrologe romain fait mémoire des saints Joseph d’Arimathie et Nicodème, deux personnages des évangiles dont le nom est si familier que bien des chrétiens ont l’impression de bien les connaître.

 Pourtant, ils méritent qu’on s’intéresse à eux d’un peu près, et je vous propose d’évoquer Joseph d’Arimathie, personnage qui apparaît dans les évangiles principalement au moment de l’ensevelissement de Jésus.

 
Cf. Matthieu 28,1-8 ; Marc 16,1-8 ; Luc 23,50-53 ; Jean 20,1-2. On parlera de Nicodème à une autre occasion !
 
On commencera par une remarque importante : le livre des Actes des Apôtres, qui raconte les premiers temps de l’Église, ne le connaît pas. Il y est écrit, à propos de l’ensevelissement de Jésus : en effet, les habitants de Jérusalem et leurs chefs (…) l'ont condamné et ont demandé à Pilate de le faire périr ; et lorsqu'ils eurent accompli tout ce qui était écrit de lui, ils le descendirent du gibet et le mirent au tombeau.
 
Actes 13,27-29. On remarque que l’ensevelissement de Jésus est attribué aux habitants de Jérusalem, donc à ceux qui l’ont condamné, et non à ses sympathisants : Luc, auteur des Actes des Apôtres, se contredirait-il ?
 
Cette remarque permet d’envisager que l’historicité n’est pas l’objet le plus important de ce récit et de rechercher si un sens symbolique bien plus important pour l’évangéliste ne s’y cache pas.
 
Dans ce cas, la précision sur l’origine de Joseph, Arimathie, ne serait pas forcément à caractère purement géographique, et pourrait avoir un sens symbolique et théologique.
 
On parlera un jour de Simon de Cyrène, qui invite à la même recherche.
 
Dans Arimathie, on peut lire l’hébreu ’ararey moth, après la mort – expression tout à fait en situation ici ! – qu’on retrouve un certain nombre de fois dans la Bible.
En particulier, elle commence le livre des Juges : après la mort de Josué, les Israélites consultèrent le Seigneur en disant : « qui de nous montera en premier contre les Cananéens pour les combattre ? » Et le Seigneur répondit : « c'est Juda qui montera ; voici que je livre le pays entre ses mains. » Alors Juda dit à Simon son frère : « monte avec moi (…). » Et Simon marcha avec lui. Juda monta donc et le Seigneur livra en leurs mains les Cananéens et les Perizzites. (Juges 1,1-4).
Dans le texte hébreu l’expression : après la mort de Josué est : ’ararey moth yehoshoua’, qui est strictement identique à ce que serait l’expression : après la mort de Jésus, car en hébreu Josué et Jésus sont le même patronyme.
Or, que se passe-t-il après cette mort de ce Josué-Jésus du livre des Juges ? Juda monte contre les Cananéens (avec Simon) et le Seigneur livre le pays entre ses mains… Et on sait qu’un certain Juda(s) l’Iscariote, fils de Simon, a joué un rôle important dans la mort de Jésus, certains pensant qu’il espérait que – par l’intermédiaire de Jésus-Josué – le Seigneur livrerait aux mains des Juifs les Romains qui occupaient le pays… Curieux !
 
Cette explication évoque bien des rapprochements troublants ! Mais elle n’est pas entièrement satisfaisante et une autre expression, plus proche phonétiquement, peut sans doute être envisagée.
 
On peut lire aussi dans la Bible : sur les collines et dans la campagne j'ai vu tes horreurs ; malheur à toi, Jérusalem, tu n’es pas pure ; combien de temps encore ? (Jérémie 13,27) où l’expression combien de temps est en hébreu : ’ararey mataï !
Voilà qui nous rapproche un peu plus d’Arimathie et de notre Joseph… Mais pourquoi s’appelle-t-il Joseph, en hébreu Yosseph ? Bonne question, me dira-t-on !... Et alors ?
Alors, après quelque temps de recherche vaine, on trouve enfin, un jour, que l’expression : il attendra combien de temps ? se dit : yitseph ’ararey mataï, expression dans laquelle l’allitération avec le patronyme Yosseph est évidente !
Et alors ? me dira-t-on encore, tu te réjouis bien vite mais ton il attendra combien de temps ? n’a aucun intérêt !…
 
Et alors je vous invite, amis lecteurs, à aller vérifier dans les évangiles qu’il est dit en toutes lettres que Joseph d’Arimathie (…) attendait le Royaume de Dieu (Marc 15,43 ; Luc 23,51).
Et ce n’est sans doute pas par hasard que deux évangélistes ont pris la peine de préciser l’attitude de ce Joseph d’Arimathie, qui n’est pas une attitude d’attente passive, mais bien – comme l’indique le verbe hébreu tsaphah, qui donne la forme yitseph – une attente active, faite d’espérance et d’anxiété, comme celle du psalmiste : mon âme attend le Seigneur plus que le veilleur l’aurore… (Psaume 130,6)
 
Car la question est bien celle-là au soir du Vendredi saint : combien de temps attendra-t-il ?
 
Elle est aussi celle des chrétiens d’aujourd’hui, celle de l’Église : combien de temps attendrons-nous le retour du Seigneur ?
Joseph d’Arimathie a attendu trois jours… et il a connu la Résurrection de Jésus !
 
Les chrétiens attendent à nouveau, depuis deux mille ans et… dans combien de temps encore connaîtront-ils le Royaume de Dieu ?
Personne ne le sait, car cela arrivera à l’heure de Dieu, dont Jésus dit bien : vous ne connaissez ni le jour ni l’heure. (Matthieu 25,13)
Mais toute l’humanité est appelée à l’attendre dans la plus grande espérance, car alors, dit Dieu :
 
« Tu n'auras plus le soleil comme lumière, le jour, la clarté de la lune ne t'illuminera plus : le Seigneur sera pour toi une lumière éternelle, et ton Dieu sera ta splendeur.
Ton soleil ne se couchera plus, et ta lune ne disparaîtra plus, car le Seigneur sera pour toi une lumière éternelle, et les jours de ton deuil seront accomplis.
Ton peuple, rien que des justes, possédera le pays à jamais, rejeton de mes plantations, œuvre de mes mains, pour me glorifier.
Le plus petit deviendra un millier, le plus chétif une nation puissante.
Moi, le Seigneur, en temps voulu j'agirai vite. » (Isaïe 60,19-22)
 
Que cette perspective soit pour nous tous, amis lecteurs, un pas de plus dans notre marche vers la lumière sans fin qui nous est promise !
Cela arrivera, ayons confiance en Celui qui est fidèle, et grandissons dans la foi. C’est bien le moment de proclamer d’une seule voix : AMEN !
 
Cf. l’article intitulé Alléluia ! Hosanna ! Amen !
 
René Guyon
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Q
L'historicité des évangiles se réfère à la fiabilité et le caractère historique des quatre évangiles canoniques du Nouveau Testament comme des documents historiques.
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V
Cette question capitale n'a pas l'air de concerner grand-monde sur ce blog. Je pense que les chrétiens en général sont obligés de la laisser de côté qu'ils en soient conscients ou pas. Comment des gens qui ont prédit la fin du monde à maintes reprises, et certains pendant des siècles, pourraient-ils vraiment la regarder en face? Voir l'étude classique (1956) sur la dissonance cognitive de Leon Festinger, Hank Riecken et Stanley Schachter, L'Échec d'une prophétie (PUF, 1993).
P
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C
Lu avec intérêt votre parution.Merci de ce travail! Peintre depuis peu,je réalise un projet intitulé&quot; correspondances&quot; à la chapelle St Jacques de Monestiés (Tarn 81640)Les personnages de Nicodème et Joseph d'Arimathie me posent questions.plusieurs photographies sont regardables sur ma page F.B ou sur mon site.<br /> Bien à vous<br /> Bernard Coignard<br /> 06 88 404 720
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