Dieu nous conduit au bonheur
Voici – déjà ! – le 500e article de votre blog Garrigues & Sentiers et voici – enfin ! – une pensée forte dans la rubrique D’une Alliance à l’autre : Dieu nous conduit au bonheur !
Cette affirmation, qu’on ne trouve pas littéralement dans la Bible, évoque – je l’espère – une expérience que vous avez pu vivre, au moins quelquefois, au cours de votre vie : le bonheur. Alors, si vous êtes croyant vous avez peut-être pensé que Dieu y était pour quelque chose ; à moins que vous n’ayez été trop accaparé par « lui » pour penser à penser à « Lui »…
En français, cette phrase dit beaucoup, mais pas plus (car plus que beaucoup, c’est ce que donne Dieu seul). Donc – 500e oblige ! – je voudrais vous offrir une découverte digne du trésor caché de Matthieu 13,44 : ce que cette phrase nous dit « de plus » quand on la translittère en hébreu…
Tentative de translittération
1 / Dieu…
À tout Seigneur, tout honneur ! Mais commencer par Lui n’est pas la voie la plus simple, tant l’homme a trouvé de détours pour le nommer, au-delà des noms que Dieu lui-même lui a indiqués.
Le plus simple est ’El, qui se développe en ’Éloah et en ’Élohim, dans ses versions singulière et plurielle qui n’ont pas manqué d’intriguer bien des lecteurs de la Bible hébraïque.
Il y a aussi, bien sûr, le tétragramme sacré YHWH, dont nous avons beaucoup parlé ici, bien qu’il soit son nom imprononçable (cf. l’article Par respect pour le nom de Dieu)…
Il y a encore d’autres noms qu’on rencontre ici ou là, comme Hashem, Le Nom, Adonaï, mon Seigneur, sans parler des qualificatifs qui s’y ajoutent, comme Tsevaot, des Armées (le Pantocrator grec de la Septante) ou Shaddaï.
Mais pourquoi ne pas se mettre à la suite des grands personnages de la Bible et écouter ce que dit Dieu à Moïse qui lui demande son nom : ’éheyiéh ’asher ’éheyiéh (Genèse 3,14), que nous avons longuement commenté dans l’article Je ne suis pas ce que je suis.
’Asher est le pronom personnel masculin : qui, ou celui qui. Mais c’est, à cause de ce verset, un des noms utilisé par les juifs pour désigner Dieu.
Gardons ce Asher et continuons…
2 / … nous conduit…
Le premier verbe qui vient à l’esprit est nahag, qu’on trouve en Psaume 48,15 : notre Dieu aux siècles des siècles, lui, il nous conduit ! Ce verbe commence le chapitre 3 du livre de l’Exode, quand Moïse conduit le troupeau de son beau-père dans le lieu où il va rencontrer Dieu-’Asher.
Le deuxième est nachah (prononcer nara).
Mais le plus utilisé et le plus intéressant – et de loin ! – est…’ashar !
Oui, vous avez bien lu : le verbe conduire est composé des mêmes consonnes que le nom de Dieu que nous évoquions à l’instant ! Donc ’Asher nous ashar, si je peux m’exprimer ainsi ! Dieu nous conduit… Si j’ose dire, nous avons déjà fait du chemin !
3 / … au bonheur
Bien des mots le disent et je n’en citerai que trois :
-’or, qui signifie lumière (cette lumière à laquelle nous avons fait allusion dans l’article La cendre et la poussière) : quel sentiment, plus que le bonheur, peut éclairer un visage ?
- tov, que nous connaissons et qui signifie bon ou bien, par exemple en Psaume 4,7 : « Qui nous fera voir le bonheur ? »… Vous savez, ce nom dont la gloire vaut 153 (cf. l’article Les 17 peuples et les 153 poissons) ! ce qui est bien et bon ne peut apporter que le bonheur.
- shalom, qui signifie paix, état indispensable au bonheur.
Mais, pour rester dans le fil de cet article, un verset est incontournable ; celui où Zilpa, la servante de Léa, femme de Jacob, vient de mettre au monde un garçon « pour le compte » de Léa. Alors (Genèse 30,13) Léa dit : « Pour mon bonheur (b’asheriy) ! Car les femmes me diront bienheureuse (’isherouni) ! » et elle l’appela Bonheur (’Asher).
On trouve bien d’autres occurrences du mot qui peuvent avoir le sens de bonheur, mais celle-là me paraît bien suffisante pour que mon article arrive à bon port !
Tout ça, c’est de l’hébreu…
… me disent certaines personnes à qui j’essaie de faire entrevoir les merveilles de cette langue proprement divine !
Oui, c’est de l’hébreu ! Et c’est par lui, avec lui et en lui que l’Écriture est venue aux oreilles, puis aux yeux, des hommes.
Je voudrais que ceux qui ne sont toujours pas convaincus de la beauté de cette langue, malgré les dizaines d’articles que j’ai écrits pour ce cher blog, prennent conscience de sa puissance au service de la Parole de Dieu.
Je sais que la phrase titre de cet article n’est pas textuellement dans la Bible… mais elle la résume bien, me semble-t-il 1.
Alors, quand on lit en français :
Dieu nous conduit au bonheur
et qu’on prend le temps de translittérer cette belle affirmation de la confiance de l’homme croyant, on arrive à quelque chose comme : ’ishranou ’asher el-’osher, ou les consonances en « sh-r » sont manifestes (lisez-la donc à haute voix !), même si le jeu des voyelles donne des vocalisations diverses.
Écoutez et voyez, c’est beau !
(n’oubliez pas que l’hébreu se lit de droite à gauche) :
Avez-vous remarqué que chacun des quatre mots commence par une apostrophe, qui représente la lettre ’aleph, la Lettre divine ? (cf. l’article L’alphabet hébreu, alphabet de la vie).
o O o
Ma conclusion sera simple :
Si le bonheur n’est pas de Dieu et si Dieu ne nous conduit pas au bonheur, nous sommes vraiment les plus à plaindre des hommes (1Corinthiens 15,19) et un pauvre troupeau sans berger 2, chers amis internautes !
Mais que celui qui a des oreilles entende : ’ishranou ’asher ’el-’osher !
1 - Quiconque pense le contraire peut me laisser un message en commentaire !
2 – En Nombres 27,17 le peuple demande à Dieu un chef pour que sa communauté ne soit pas comme un troupeau sans pasteur ; Dieu désigne alors Josué, dont le nom hébreu est Yahoshoua’, le nom de Jésus…