Priez pour nous pauvres pécheurs !
Dans la suite innombrable de ceux qui ont balbutié cette prière avant nous, combien de fois n’avons-nous pas demandé à Marie d’intercéder pour les pauvres pécheurs que nous sommes ? C’est à Marie, l’humble servante que nous osons nous adresser. Se présenter les mains vides pour demander à Dieu de venir partager notre vie, n’est ce pas la supplication de cette prière mariale ?
L’idéal de la vie évangélique ne nous nous appelle-t-il pas à cette pauvreté ?
La première des Béatitudes « Heureux les pauvres de cœur : le Royaume des cieux est à eux ! » n’en serait-elle pas la porte d’entrée ?
Consentir à devenir pauvres dans cette attitude de mains grandes ouvertes pour accueillir la source intarissable de la richesse : la venue de Dieu dans nos vies. Pauvres de notre finitude, pauvres de nos limites dans l’attente de ce trésor immense qu’est la vie de Dieu.
Ne nous angoissons pas, ne nous inquiétons pas car c’est là et nulle part ailleurs que Dieu peut venir nicher. Pierre refusant de se laisser laver les pieds est plein de cette richesse qui emprisonne. Le pauvre est un quémandeur, il accepte de recevoir, il supplie même, car il a besoin de l’autre. Si Marie magnifie le Seigneur qui « s’est penché sur son humble servante », Pierre, comme bien souvent nous-mêmes, a les pieds trop propres ; nul besoin que le Maître s’agenouille…
Or la richesse qui peut occuper tout l’espace peut prendre des formes bien diverses ; je peux être riche de mon avoir, de mon savoir, de mon pouvoir, e ma santé, de ma culture, de mes diplômes et compétences. Certes, tous ces biens sont difficiles à acquérir et à maintenir, mais je cours le risque de m’en satisfaire, de me laisser accaparer. Or Dieu ne peut combler qu’un cœur creusé par le désir et l’attente.
Au lieu de combler mes manques par la poursuite de l'avoir, du pouvoir, de la réputation, ne s’agirait-il pas de reconnaître mes limites pour y accueillir Dieu ?
Le premier motif essentiel de la joie de Marie dans le Magnificat c’est la visite de Dieu. Elle attendait Dieu, elle l’a reçu. Elle le cherchait, elle l’a trouvé.
Entre le pharisien qui étale ses mérites et le publicain qui se frappe la poitrine le Seigneur ne semble pas hésiter : « Je vous le déclare, ce dernier redescendit chez lui justifié » (Luc 18,14).
Se reconnaître pauvre pécheur, demander le sacrement de réconciliation est un exercice de pauvreté. Consentir à être aimé de Dieu, à être visité, habité, transformé par lui est une démarche de pauvre.
C’est alors chanter avec Marie : « Le Seigneur fit pour moi des merveilles. Saint est son nom »
Me reconnaître pauvre pécheur, accueillir le pardon du Père deviendra motif de joie et j’entendrai au plus profond de mon cœur : « Heureux les pauvres ! ».