Alléluia ! Hosanna ! Amen !
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de musique ?
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Qui ne connaît pas ces trois
mots, trinité fondamentale de toutes les acclamations dans les cérémonies chrétiennes, à tel point que certains pensent que ces mots sont latins ?
Ce qui prouve qu'on ne s’attarde jamais sur leur sens… Prenons donc le temps de le faire maintenant !
ALLÉLUIA !
Loin d’être réservée aux charismatiques, cette acclamation était utilisée dans la liturgie juive avant d’être
reprise par la liturgie chrétienne.
Il s’agit de deux mots hébreux : hallelou yah, qui signifient louez Yah, c’est-à-dire
louez Dieu (Yah est l’abréviation du Tétragramme sacré, YHVH, nom imprononçable de Dieu (cf. l’article Déchiffrons les lettres hébraïques).
Bien que mondialement célèbre, cette acclamation n’apparaît que 21 fois dans la Bible hébraïque, uniquement dans
le livre des Psaumes et seulement à partir du psaume 104.
Le sens basique du verbe hallal, qui en est la racine, est briller, faire briller.
Chanter alléluia, c’est mettre haut sur le candélabre la lumière du Christ, et c’est donc particulièrement bienvenu dans la nuit de Pâques ! Le sens extrême est se montrer
comme fou, et laisse entrevoir qu’un excès d’alléluia peut pousser à l’enthousiasme qui est bien, étymologiquement, la folie de Dieu…
Alléluia est donc un
appel à louer Dieu en tout temps (je
bénirai le Seigneur en tout temps, sa louange sans cesse en ma
bouche, dit Psaume 34,3) et je ne
comprends pas pourquoi la liturgie catholique interdit de proclamer Alléluia pendant le Carême, sous prétexte qu’il s’agit d’une acclamation joyeuse. N’est-il pas un peu pharisien de remplacer Alléluia par le chant Laus tibi, Dómine à l’office abbatial ou d’écrire, comme on
le trouve dans un document de catéchèse : on chante un bel Alléluia (qui veut dire :
" Louez Dieu ! "), mais durant le Carême l'Alléluia est remplacé par un chant de louange ?
J’aime ce que disent certains de nos frères orthodoxes : L'impression générale des offices [de carême] est celle d'une
radieuse tristesse. (…) D'une part, une sorte de calme tristesse imprègne l'office, les vêtements sont de couleur sombre, les offices sont plus longs et plus monotones qu'à l'ordinaire, il n'y
a presque pas de mouvement. Puis la monotonie et la tristesse de l'office prennent pour nous une toute autre signification. Une beauté intérieure les illumine, comme un rayon de soleil matinal
qui commence à éclairer la cime de la montagne, alors que la vallée est encore plongée dans l'obscurité. Cette joie secrète et douce nous est communiquée par les longs alléluia et par
toute la tonalité des offices de Carême. Ce qui nous paraissait d'abord monotonie s'avère à présent être la paix (Alexandre Schmemann, Le Grand Carême).
HOSANNA !
Cette acclamation est directement liée à la fête juive des Tentes (Soukkot) qui fait mémoire du
séjour des hébreux au désert du Sinaï : en agitant le loulav, espèce de bouquet composé de myrte, de saule, de palmier et de cédrat, la foule chante des Hosanna pour demander à Dieu de sauver son peuple et de lui donner joie, bonheur et
unité.
Originellement, il s’agissait donc d’un cri de supplication, hosanna étant une forme contractée de
hoshiy'ah na’ : sauve, de grâce !
Dans les évangiles, il est clair que les cris de la foule qui acclame Jésus entrant à Jérusalem reprennent les
mots de Psaume 118,25 : ’ann’a YHVH hoshiy’ah na’, qui signifie de grâce, Seigneur, donne le salut, de grâce ! (Seule apparition de l’expression dans la Bible hébraïque. Cf. Matthieu 21,9.15 ; Marc 11,9-10 ; Jean 12,13.)
Le verbe sauver étant en hébreu yasha’, qui est la racine du patronyme Yehoshoua’,
Jésus, on comprend pourquoi les évangélistes ont aimé raconter cet épisode où le nom de Jésus résonne dans une acclamation destinée à Dieu lui-même : Hoshiy'ah na
Yehoshoua’ !
AMEN !
Le plus usité des mots liturgiques n’est utilisé que 29 fois dans la Bible hébraïque, sous la même forme :
’amen.
Ce mot est issu du verbe ’aman, dont le sens basique est élever, au sens d’élever un
enfant. Les sens qui dérivent sont être fidèle, avoir confiance, être solide, stable, durable, vrai, se réaliser… Point n’est besoin
de longs discours pour souligner la richesse infinie de ces trois lettres, qui racontent avec une simplicité biblique (!) la relation de Dieu à l’homme et de l’homme à Dieu : Dieu
Père-Tout-Puissant nous appelle à dire et à répéter qu’il nous élève avec sa Toute-Puissance d’amour pour que nous soyons solides, stables, confiants, fidèles, vrais … ce que l'homme
reconnaît qu’il est, Lui, de toujours à toujours ! (Cf. Is 65,16 : bé’lohey ’amen, par le Dieu vrai.)
Je vous invite donc à vous rappeler que quand le prêtre termine une prière vous lui répondez, en disant amen : ce que vous dites est vrai, j’y crois et j’y serai fidèle, si c’est une prière de louange ou une proclamation de foi ; je crois (c’est-à-dire je suis sûr) que cela se réalisera, si c’est une prière de demande...
Pas moins, et beaucoup plus que
le ainsi soit-il de notre enfance !
Que ces trois mots vous accompagnent pendant toute cette année de labeur sur votre chemin avec le Seigneur !
ALLÉLUIA ! HOSANNA ! AMEN !
René Guyon