Je m’avancerai jusqu’à l’autel de Dieu
Pour qui aime les psaumes et essaie de s’en nourrir, n’en choisir que 3 est cruel, et presque
impossible. Souvent d’ailleurs ce sont quelques versets qui nous parlent, la suite d’un même psaume pouvant nous laisser moins réceptifs. Mais enfin, il faut bien suivre la règle
imposée.
En premier, je mets le Psaume 43 (42) : l’“Introïbo ad altare Dei”, qui “ouvrait”
la messe avant la réforme de Paul VI (son abandon est mon seul regret de l’ancienne liturgie !).
Il est à la fois grave et joyeux. Celui qui parle (vous, moi quand nous le disons), remet sa cause à
Dieu, qui de “juge” devient avocat : “distingue (démêle) le juste et le mauvais qui coexistent en moi”. Je sais que si Dieu – qui est ma force et ma joie – ne m’envoie sa Lumière,
je ne parviendrai pas à trouver la voie jusqu’à Lui. Mais il est inutile de gémir sur soi-même ; mieux vaut espérer en Celui seul qui est salut. En un texte somme toute très court, le
psalmiste résume la démarche spirituelle élémentaire : orienter sa vie vers Dieu, en attendant tout de sa Grâce.
S’il faut choisir parmi les 149 autres psaumes – [arrivera-t-on un jour à n’avoir qu’une numérotation
et non un décompte différent des Septante (adopté par l’Église catholique) et de la Bible hébraïque (et des Réformés) ? Ce serait un acte positif dans l’œcuménisme] – je désignerai
le Psaume 27 (26). Dieu éclaire et protège mieux qu’un père et une mère selon la chair. Ne pas oublier dans les interprétations des psaumes, souvent d’allure guerrière (déjà dans le 43),
que ces “armées qui campent contre moi” (verset 3), ces “oppresseurs” (verset 12), c’est bien, outre d’éventuels adversaires extérieurs, ce qui en moi va vers le mal et
qu’on ne sait combattre seul, comme le confessais saint Paul lui-même (Romains 7,18-19). Là encore, le mot de la fin est : “Espère”.
Enfin, pour sa richesse spirituelle et psychologique, le Miserere = Psaume 51
(50) : que Dieu me purifie, sinon “ma faute reste devant moi sans relâche”, qui m’obsède, et tout progrès devient hasardeux. Il n’y aura plus de joie sans ce pardon qui va
m’“affranchir” de l’esclavage du péché, me recréer, faire de moi un “homme nouveau”. “Chaque matin est un commencement”, disait François d’Assise : il faut accepter ces
recommencements pour nous remettre de nos chutes, sans nous y complaire. Ce psaume règle encore la question de l’efficacité de nos œuvres : fût-ce un “sacrifice”, elles ne sauraient plaire à
Dieu. Seul un esprit repentant, un cœur brisé qui le cherche dans l’humilité sera agréé par le Seigneur.
Albert OLIVIER