Psaume 85 (84) : Amour et vérité se rencontrent
Ce que dit le Seigneur, c'est la paix pour son peuple et ses fidèles,
pourvu qu'ils ne reviennent à leur folie.
Proche est son salut pour qui le craint,
et la Gloire habitera notre terre.
Amour et Vérité se rencontrent,
Justice et Paix s'embrassent;
Vérité germera de la terre,
et des cieux se penchera la Justice.
Le Seigneur lui-même donnera le bonheur
et notre terre donnera son fruit...
Garrigues & Sentiers nous propose de partager un coup de cœur sur les Psaumes et si je me lance c’est parce l’annonce de la mort du Père Jean-Marie Charron (cf. l'article Un ami est entré dans la lumière du Père - NDLR) fait remonter en moi des souvenirs lointains mais si présents qu’ils me semblent dépasser les limites de la mort ; normal, car pour moi ils sont la Vie !
Tout d’abord un vieux souvenir qui remonte à… à… encore plus que cela ! : quand je « faisais » de la J.E.C. (Jeunesse Étudiante Chrétienne – NDLR) dans mon adolescence de garçon pas très sûr de savoir qui il était. Jean-Marie Charron, qui était alors notre responsable, nous avait emmenés dans une maison de la Compagnie de Jésus (les Jésuites – NDLR) pour une récollection, comme on disait à l’époque. Cette maison, située en haut d’un vallon descendant vers la mer, à Marseille, s’appelait Notre-Dame du Roucas. Pour une raison inconnue de moi à l’époque, je n’ai jamais oublié ce lieu et cet homme (que j’ai retrouvé aux débuts de la Communauté Saint-Luc à Marseille).
Bien des années plus tard (environ 25) je me suis retrouvé dans la même maison, avec mon épouse, pour un week-end pour couples Cana organisé par la Communauté du Chemin-Neuf, après avoir résisté longtemps à l’invitation d’amis très proches.
Le samedi soir, au cours d’un trilogue (comme ils disent : dialogue entre elle, lui et Dieu), nous nous demandions quel était notre avenir de couple, tant nous nous sentions loin l’un de l’autre, sans vraiment savoir pourquoi.
Le lendemain matin, dimanche 23 janvier 1983 à 9 heures 45 (!), au cours de l’office du matin, quelqu’un, ou plutôt quelqu’une, que je ne connaissais pas, a lu un passage d’un psaume, que je ne connaissais pas non plus, dont j’ai retenu sur le moment cinq mots seulement.
Quand je dis : j’ai retenu, c’est une version des faits très édulcorée ! En fait ces cinq mots me sont tombés sur la tête comme les tuiles d’un toit ; à une différence importante près :
les tuiles d’un toit tuent
alors que
ce verset ouvrit ma vie !
Voici ces cinq mots :
Amour et Vérité se rencontrent
qui ont fait de moi un passionné de la Parole de Dieu, car ce jour-là elle est devenue vivante ; plus même : une source de vie intarissable.
J’ai découvert bien des années plus tard (encore !) qu’en hébreu cela s'écrit en seulement trois mots : chesed vé’émet niphgashou, puis, plus tard encore, que ces trois mots ont pour valeur 130, valeur dont la première occurrence dans le Premier Testament se trouve à la fin du premier récit de la Création (Genèse 1,31) : tout ce (que Dieu) avait fait !
Oui, j’ai réalisé subitement tout ce que Dieu avait fait pour moi, tout le bonheur qu’il avait mis dans ma vie, tout l’amour qui m’était donné, enfin TOUT, quoi ! Y compris tout ce que je n’avais pas fait pour voir (ou fait pour ne pas voir !) ce bonheur et cet amour…
Cet événement a été le début d’un chemin – neuf ! – de vie, d’amour et de vérité.
Un chemin, aussi, de découverte de la Bible (je me suis remis au grec ancien, puis j’ai appris l’hébreu biblique), ce livre unique au monde qui parle à celui qui a vraiment envie de l’écouter… et qui se tait quand le même celui a trop de bruits dans la tête pour l’entendre.
Un chemin où je me rends compte que la vie n’est pas un long fleuve qui descend (comme le Jourdain) vers une mer morte, mais plutôt une montée en escalier où l’on franchit des marches plus ou moins planes, plus ou moins hautes, plus ou moins longues, mais qui nous élèvent, malgré toutes nos faiblesses physiques et spirituelles, vers un avenir toujours plus élevé que celui auquel nous pensions… Ce n’est pas pour rien que les grands Psaumes des fêtes juives sont les Psaumes des Montées !
Il y a des lieux, il y a des jours, il y a des hommes qui nous marquent longtemps dans notre vie.
Mais il n’y a qu’un Dieu, qui m’a marqué pour toujours !
Amen !1
René Guyon
1 - Si cet amen vous choque à la fin d’un texte non liturgique, rappelez-vous que ce mot est de la même racine que le mot 'émet du Psaume 85 : Vérité... et (re)lisez donc l’article Alleluia ! Hosanna ! Amen !