Des photos de Dieu...

Publié le par Garrigues

Mon amie Anne, onze ans, est venue me montrer ses cahiers de catéchèse. On lui a recommandé de les illustrer. Quand j’en ai tourné toutes les pages, elle m’a dit : « Si tu trouves des photos de Dieu, tu me les garderas ? »

Abîme ! Je suis resté silencieux et souriant. Ai-je en quelques cartons des photos de Dieu ? L’Église, les religions, en ont-elles dans leurs archives ?

Anne a raison.

En notre civilisation d’images et de medias, où des grappes de photographes s’agglutinent autour de personnalités, il nous faudrait des photos de Dieu. On se lamente sur les difficultés de la communication entre l’Église et nos sociétés, entre l’Église et les autres religions et même à l’intérieur du monde chrétien : nous manquons de photos de Dieu !

On répète que c’est un problème de langage et on multiplie les rencontres pour chercher « comment dire Dieu aujourd’hui ». Qu’on nous le montre et tous ces débats sur la « communication » seront terminés.

Anne est repartie. « Tu y penseras aux photos de Dieu ? »

J’y pense depuis avant-hier.

Je cherche.

J’ai trouvé.

Mes photos de Dieu sont tous des visages. Mais chacun en porte seulement quelques traits. Dieu est tellement photogénique, que tous les visages du monde, ceux des saints, ceux des êtres aimants, ceux des personnes qui dévouent leur vie, ne suffisent à restituer totalement son image.

Il y a Jésus : on ne sait rien de sa personnalité physique, mais on sait comment il a vécu, et l’on se laisse prendre à marcher derrière lui, son Esprit se met à modeler de l’intérieur notre visage.

Oserai-je dire à Anne, quand elle reviendra : « J’ai trouvé les photos de Dieu. Regarde ta maman, regarde ton papa, regarde la voisine, regarde-toi dans la glace… »

Je voudrais pouvoir ajouter : « regarde-moi… »

Gérard Bessière

Publié dans Fioretti

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G
<br /> <br /> Tu vois, Gérard, tes « photos de Dieu », si symboliques et vraies, m’ont ramené en ce 27 juin 2009, quand Jeannette &<br /> moi fêtions avec une centaine de familiers et d’ami(e)s nos 50 ans de mariage (où tu aurais bien eu ta place !).<br /> <br /> <br /> Patrick notre gendre , au milieu d’une bonne vingtaine de personnes, nous demande à brûle-pourpoint : « Dites-nous les cadeaux que vous avez reçus de vos élèves au cours de vos vies d’instituteurs. » Et moi de chercher : rasoir, sous-main en<br /> cuir, calculatrice… mais tout à coup je préférai dire :<br /> <br /> <br /> 1) « Après deux ans dans une classe de Certificat d’études, sur le point<br /> de quitter la commune, j’ai sur mon bureau une lettre collective se terminant par ces mots :<br /> <br /> <br /> ‘Recevez notre amitié’.<br /> <br /> <br /> De la part d’élèves, dans l’inévitable situation de subordination administrative et la différence d’âge qui étaient là malgré<br /> tout,<br /> <br /> <br /> CE MOT ‘AMITIĖ’ ETAIT UN INESTIMABLE<br /> CADEAU.<br /> <br /> <br /> 2) «Pendant toute une année en Classe de Perfectionnement (déficients<br /> intellectuels), j’avais au premier rang un enfant d’une fratrie de 14, qui ne produisait quasiment rien, ne bougeait pas, et qui présentait un visage le plus souvent inexpressif et<br /> baveux.<br /> <br /> <br /> En fin d’année… il a<br /> souri quelques secondes !<br /> <br /> <br /> CE SOURIRE INESPĖRĖ ĖTAIT UN<br /> INESTIMABLE CADEAU.<br /> <br /> <br /> Ce sont là les vrais ‘cadeaux’ pour nous,<br /> enseignants !<br /> <br /> <br /> JPR<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> <br />
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