Un chemin neuf vers l’œcuménisme ?
Des membres de la Communauté du Chemin Neuf,
hommes et femmes, prêtres et laïcs,
catholiques et protestants, célibataires et mariés,
se sont engagés ensemble le jour de la Pentecôte :
au cours d'une célébration inhabituelle
au Sacré-Cœur de Montmartre, à Paris,
en présence du cardinal Kasper,
huit prêtres et 40 laïcs, dont plusieurs couples,
ont prononcé leurs vœux d'engagement à vie.
mais en tout cas revigorant
Il est des expériences d'Église qui ne laissent pas indifférent.
Ce dimanche de Pentecôte, le cardinal Walter Kasper, président du Conseil pontifical pour la promotion de l'unité des chrétiens, était venu de Rome pour présider, dans la basilique parisienne de Montmartre, en compagnie de six évêques français et d'une bonne centaine de prêtres, l'ordination presbytérale de huit nouveaux prêtres de la communauté du Chemin-Neuf, communauté d'origine lyonnaise, issue du renouveau charismatique et fondée par le P. Laurent Fabre. Mais cette célébration s'est doublée de deux innovations: d'une part, 40 « frères et sœurs » ont prononcé leur engagement à vie en son sein (parmi lesquels des couples, des parents, et des célibataires, hommes et femmes). Et d'autre part, l'exigence œcuménique fondatrice de cette communauté s'est trouvée à nouveau concrétisée : parmi les nouveaux engagés, aux côtés des prêtres catholiques, on a entendu les vœux d'une femme consacrée allemande et luthérienne, et d'un couple mixte luthéro-catholique.
Et puis, juste après l'homélie prononcée par le cardinal Kasper, on a pu entendre sous les voûtes du Sacré-Cœur - bondé de plus de 6000 personnes ce dimanche après-midi - le pasteur André Birmelé, luthérien, doyen honoraire de la Faculté protestante de Strasbourg, prodiguer des conseils empreints de sagesse biblique aux nouveaux prêtres catholiques en même temps qu'aux nouveaux laïcs consacrés. Lesquels étaient présents au pied de l'autel, tout comme les' consacrés, en aube blanche : hommes, femmes et couples.
Ainsi s'est dessiné, ponctué de chants psalmodiés en de nombreuses langues, un visage d'Église original, non exempt de questions, mais en tout cas revigorant. L'assistance était jeune, diverse, participative et recueillie, consciente de vivre un événement original... et peut-être originel.
Cette reconnaissance publique, simple et chaleureuse, d'une diversité de charismes, désormais assise sur une trentaine d'années d'expérience, a fait passer, par-delà le souffle attendu d'un Esprit de Pentecôte, un petit courant d'air frais. Le cardinal Kasper, dans sa conférence du matin aux Bernardins, s'était souvenu que, jeune garçon, il croyait qu'entrer dans un temple protestant était un péché dont il fallait se confesser...
L'un des nouveaux prêtres du jour, le Père Gabriel Roussineau, 30 ans, précisait : « Face à une tentation d'un sacerdoce exalté, il nous faut aujourd'hui, au service de l'unité, de la délicatesse. » Et Pierre-Yves et Catherine Denis, ingénieur et médecin, engagés à vie ce dimanche après déjà dix-sept ans de mariage, insistaient sur l'idée que leur engagement se voulait clairement « au service de l'Église, son unité, sa réconciliation. » Enfin, histoire de bien se situer dans une juste Tradition, ils se revendiquaient, quelques minutes avant de s'engager, comme « petits-enfants de saint Ignace ». Une spiritualité, affichée au Chemin Neuf, qui a permis à cette communauté de s'inscrire dans l'histoire de l'Église.
Frédéric Mounier
Journal La Croix du 2 juin 2009