Du côté de la fillette brésilienne

Publié le par Garrigues

Dans une tribune publiée dimanche 15 mars par "'Osservatore romano, le quotidien du Vatican,
le président de l'Académie pontificale pour la Vie
critique la décision d'excommunier l'entourage de la fillette qui a avorté au Brésil,
et l'assure de la proximité et de la miséricorde de l'Église
.

 

Depuis dix jours, l'affaire fait grand bruit dans les médias et dans l'Église. Nombreux sont ceux, évêques et fidèles, à s'être scandalisés de l'excommunication confirmée publiquement par Mgr Sobrinho, l'archevêque de Recife, au Brésil, à l'encontre d'une mère de famille qui a choisi l'avortement pour sa fille de 9 ans, enceinte de jumeaux à la suite d'un viol.

Dans une tribune intitulée Du côté de la fillette brésilienne et publiée dimanche 15 mars par l'Osservatore romano, le quotidien du Vatican, le président de l'Académie pontificale pour la Vie a désavoué le jugement porté par son confrère, "qui tombe comme un couperet", là où l'unique attitude attendue était "un témoignage de proximité avec ceux qui souffrent".

La fillette - qu'il a choisi d'appeler "Carmen" - "devait d’abord être défendue, entourée et caressée avec douceur pour lui faire sentir que nous étions tous avec elle ; tous, sans aucune distinction", écrit Mgr Rino Fisichella. « Avant de penser à l'excommunication, il était nécessaire et urgent de sauvegarder sa vie innocente et de la ramener à un niveau d'humanité dont nous, hommes d'Église, devrions être experts et maîtres ».

De "la crédibilité de notre enseignement"

"Cela n'a malheureusement pas été le cas, et la crédibilité de notre enseignement s'en ressent, qui apparaît aux yeux de beaucoup comme insensible, incompréhensible et sans aucune miséricorde", déplore le président du conseil chargé de promouvoir la doctrine de l'Église catholique sur les questions de bioéthique.

Débatteur apprécié des médias et connu pour ses prises de position fermes en faveur de la famille, Mgr Fisichella reconnaît que la petite Brésilienne "portait en elle d'autres vies innocentes (...) qui ont été supprimées" et souligne que l'Église continue comme elle l'a toujours fait de condamner l'avortement au nom du caractère sacré de la vie. Mais il rappelle aussi que la vie de "Carmen" « était sérieusement mise en danger par sa grossesse en cours", et qu'il s'agit d'un "cas moral des plus délicats ». « Le plus grand besoin en cet instant, c'est, insiste-t-il, un acte de miséricorde qui, tout en maintenant fermement le principe, est capable de regarder au delà de la sphère juridique ».

"Carmen, nous sommes avec toi"

S’adressant directement à la petite fille, Mgr Fisichella conclut : « Carmen, nous sommes avec toi. Nous partageons avec toi la souffrance que tu as éprouvée, nous voudrions tout faire pour te rendre la dignité dont tu as été privée et l'amour dont tu auras encore plus besoin. Ce sont d'autres personnes qui méritent l'excommunication et notre pardon, pas ceux qui t'ont permis de vivre et t'aideront à retrouver l'espoir et la confiance ».

La Conférence nationale des évêques du Brésil (CNBB) a désavoué, elle aussi, vendredi 13 mars l'archevêque de Recife, estimant que la mère avait agi « sous la pression des médecins » qui lui disaient que sa fille allait mourir si sa grossesse n'était pas interrompue.

Plusieurs évêques français ont également exprimé publiquement leur incompréhension après cette excommunication, estimant que le principe du "respect de la vie" auquel l'Église est attaché ne justifiait pas "la sévérité" d'une décision "abrupte" et privée de "compassion".

Journal La Croix – 15.03.09

Publié dans Signes des temps

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