À propos de la levée des excommunications
Nous venons d’apprendre la décision du Pape Benoît XVI de lever les excommunications portées en juillet 1988 par le Pape Jean-Paul II à l’égard de Mgr Lefebvre et des quatre évêques ordonnés sans l’accord de Rome.
Voilà une décision qui devrait nous réjouir. N’est-ce pas un signe de la miséricorde dont l’Église est capable ? N’est-ce pas la reconnaissance que des pas ont été faits ? N’est-ce pas l’espoir de voir se résorber un schisme qui se serait inscrit dans la durée, comme cela s’est passé après d’autres conciles ?
Et pourtant, des craintes nous habitent. Nous avons été habitués à entendre les membres de la Fraternité Saint-Pie X dire tellement de mal du concile Vatican II, du Pape, des évêques, de la liturgie conciliaire, de la liberté religieuse, de l’œcuménisme, de l’Église de France, que nous ne sommes pas pleinement rassurés. Nous ne désirons humilier personne, mais nous avons besoin que nous soient donnés des signes nets du chemin qu’ils ont fait.
Il n’est pas étonnant que plus d’un puisse lire cet événement comme une concession de plus faite à un groupe de chrétiens barricadés dans leurs certitudes et qui ne voient d’avenir que dans un retour au passé. Certains redoutent même qu’un pas de plus vienne d’être accompli vers un oubli du concile Vatican II et une remise en cause d’une Église en dialogue avec le monde, soucieuse d’annoncer l’Évangile du salut avec clarté, de manière audible et maternelle.
Bien évidemment, en France, nous sommes très sensibles à tout ce conflit douloureux de ces dernières années. Il nous faut toutefois resituer cet événement dans l’ensemble de la vie de l’Église universelle et à la lumière des défis que nous avons à relever pour la vie et la mission de notre Église aujourd’hui. Il ne serait pas bon d’en exagérer l’ampleur. Poursuivons notre vie en accordant notre confiance au Pape Benoît XVI et en priant pour lui. N’oublions pas tout ce que la vie ecclésiale nous permet de vivre de beau et de fort. Les chemins de la mission sont beaucoup plus fleuris que ceux de la peur ou du repli sur soi.
Le 28 janvier 2009
+ Georges PONTIER
Archevêque de Marseille