Australia
un film de Baz Luhrmann
Pour une fois, parlons d'un film à grand spectacle, qui peut toucher un large public. L'Australie aussi a désiré réaliser une grande épopée à partir de son histoire. Cet
immense territoire (15 fois la France), encore peu peuplé, est à la recherche de son identité propre. Le cinéaste Baz Luhrmann, avec l'aide de moyens venant du milliardaire australien Rupert
Murdoch, s'est inspiré des grandes œuvres du genre, depuis « Autant en emporte le vent » jusqu'aux westerns, sans oublier « Out of Africa », film tourné d'après le livre de
Karen Blixen. Il nous donne ainsi un grand film d'aventure et d'amour, puis un film de guerre, car on arrive en 1941, année où le Japon envahit l'Australie. Cela nous vaut quelques scènes
grandioses, comme la conduite jusqu'au port de Darwin d'un troupeau de 1500 têtes à travers l'immensité des territoires du Nord, malgré tous les pièges tendus par les ennemis.
Le film tient le spectateur en haleine. La vedette en est Nicole Kidman, qui est d'origine
australienne. Mais un des grands intérêts du film est d'être centré sur la figure d'un enfant, un métis, un « sang mêlé », dont la mère est aborigène. On est ainsi sensibilisé à la
douloureuse histoire des aborigènes d'Australie, longtemps refoulés, méprisés ou massacrés par les colons. Il a fallu attendre 2008, le film le rappelle en conclusion, pour que le Premier
Ministre présente devant le Parlement ses excuses aux aborigènes. Le film rend attentif aux pratiques de magie propres à cette population. Au-delà des aspects convenus ou sentimentaux de ce genre
de film, le personnage de ce jeune garçon, plein de vitalité et d'esprit, fait entrevoir ce qu'a de spécifique ce lointain pays.
Jacques Lefur