Marie : Étoile de la mer ?
Pour les catholiques, le mois de mai est celui de Marie.
C’est une bonne occasion pour essayer de regarder Marie, la mère de Jésus, telle que nous la présentent les évangiles, laissant à d’autres, qui d’ailleurs ne s’en privent pas, le soin de développer tout ce qu’on a fait d’elle, en dehors et au-delà du Nouveau Testament.
C’est une bonne occasion pour essayer de regarder Marie, la mère de Jésus, telle que nous la présentent les évangiles, laissant à d’autres, qui d’ailleurs ne s’en privent pas, le soin de développer tout ce qu’on a fait d’elle, en dehors et au-delà du Nouveau Testament.
Que nous dit le Nouveau Testament à propos de Marie ?
Dans l’ensemble du Nouveau Testament, son nom est mentionné seulement 18 fois : 4 fois en Mt, 1 en
Mc, 12 en Lc, 1 en Ac…maiszéro fois en Jn et dans toutes les épîtres (les Marie évoquée en Ac 12,12 et Rm 16,6, ne sont pas celle dont on parle ici) et
l’Apocalypse.
Par les évangiles, nous savons :
-
qu’elle habitait Nazareth (Lc 1,26)
-
qu’elle était fiancée à Joseph (Mt 1,18 et Lc 1,27)
-
qu’avant qu’ils eussent mené vie commune elle se trouva enceinte par le fait du saint Esprit (Mt 1,18 et Lc 1,35)
-
qu’elle était une
vierge fiancée à un homme du nom de Joseph (Lc 1,27)
-
que c’est d’elle que naquit Jésus (Mt 1,16 et Lc 2,7).
C’est tout ! Et pourtant, nous savons bien
d’autres choses sur elle, qui viennent… des Évangiles Apocryphes…
Marie dans les Évangiles Apocryphes
Apocryphe
= écrit caché. Appelés à l’origine évangiles étrangers. En 495, un décret du pape Gélase condamne les livres dits
non authentiques comme les évangiles apocryphes et interdit leur lecture pour que les faibles et les petits ne soient pas abusés par des écrits mensongers et tronqués. Cela n’a pas empêché les apocryphes de nourrir la tradition, comme on va le voir, et la piété mariale qui n’aurait pas beaucoup de substance sans eux.
L’évangile apocryphe qui a le plus nourri la piété mariale est le PROTÉVANGILE DE JACQUES (IIe siècle). On y trouve le nom des parents de Marie (Joachim – Yehoyaqyim, élevé par Dieu –
et Anne – Ranna, grâce – stérile et « veuve »), l’Immaculée
Conception, l’attribution de son nom et sa consécration à Dieu par ses parents, l’épisode où elle est confiée à Joseph (vieillard et veuf), son âge à ce moment-là (12 ans) et au moment de la naissance de Jésus (16 ans), son appartenance à la tribu de David, le fait qu’elle était
en train de filer quand l’ange lui est apparu à l’Annonciation…
Pour écouter l'Ave Maris Stella, double-cliquez sur le triangle blanc.
L’Étoile de la mer de Saint Jérôme est une preuve de sa connaissance très moyenne de l’hébreu (la Vulgate étant très largement une traduction de la Septante, de ses interprétations et de ses approximations)…
Le nom de Marie
Dans le Premier Testament, Marie est généralement la sœur de Moïse : Miryam en
Exode et Deutéronome, Mirayam en Nombres.
Mais Jésus est sans doute fils de Maryam , nom qui semble avoir eu cours à cette époque.
Remarquons en passant que Jésus est fils du Très-Haut (Marom) et de Marie
(Maryam)…
Saint Jérôme, dans son livre
d’interprétation des noms hébreux (Liber interpretationis Hebraicorum Nominum), donne
le sens de chacun des noms propres hébreux de la Bible : pour Marie, il donne comme signification usuellement retenue celle qui éclaire, qui illumine, ou qui est
illuminée, ou myrrhe marine, ou étoile de la mer, sans se montrer vraiment satisfait. Il signale également que Marie, en langue syrienne, signifie
maîtresse.
L’interprétation que je préfère est goutte d’eau – mar – de la mer –
yam – qui ressemble bien à cette jeune femme juive visitée par l’Ange de Dieu qui lui dit : tu es bénie, toi minuscule goutte d’eau dans l’océan du Monde, toi femme parmi les
femmes, qui par la grâce du Seigneur deviendra la mère du sauveur !
Mais c’est (malheureusement ?) à partir de cette étymologie qu’on a construit pour Marie
un titre qui en fait une tout autre femme : goutte d’eau de la mer se dit, en latin, maris stilla, expression qui s’est vite transformée en maris stella,
Étoile de la Mer (avec toutes les majuscules requises !). Ave, Maris Stella...
Pour écouter l'Ave Maris Stella, double-cliquez sur le triangle blanc.
L’Étoile de la mer de Saint Jérôme est une preuve de sa connaissance très moyenne de l’hébreu (la Vulgate étant très largement une traduction de la Septante, de ses interprétations et de ses approximations)…
Je ne peux terminer sans remarquer
- le rapprochement évident entre Maryam et la déesse Maïa,
déesse vierge de la fécondité, qui a donné son nom au mois de mai.
- le hasard (?) qui a fait que
l’interprète du rôle de Marie dans le film La Passion du Christ de Mel Gibson s’appelait Maïa Morgenstern (Marie Étoile du Matin…), actrice roumaine et
juive…
L'image de ce texte est la mosaïque d'abside de la basilique Notre-Dame-de-la Garde à Marseille (cf. notre lien
avec le site du Diocèse de Marseille)