Aide-toi, le ciel t'aidera

Publié le par Garrigues

de François Dupeyron

 

La première qualité de ce film est une extraordinaire vitalité. Nous sommes dans une famille de la banlieue, d'origine africaine. Les événements se précipitent : le fils arrêté par la police pour une affaire de drogue, la fille aînée qui se marie, le mari qui meurt brutalement d'une crise cardiaque. Mais la mère (admirablement interprétée par Félicité Wouassi), sur qui tout repose, réussit à tenir bon, non sans émotion ; quand elle pleure pendant le mariage de sa fille, on s'étonne autour d'elle : est-ce la joie ? ou bien la souffrance ?

Le film continue ainsi sur un rythme très enlevé, on est emporté, on en apprend plus sur ce qui se vit en banlieue que dans bien d'autres films ou des documentaires. Claude Rich intervient à contre-emploi dans un rôle savoureux de vieil homme un peu libidineux (on est durant la canicule de l'été 2003 si éprouvante pour les vieux). Dans tout cela, l'auteur choisit délibérément le ton de la comédie et un style proche du conte, sans prétention à la vraisemblance, mais c'est pour que nous nous sentions plus proches de tous ces personnages et de leur difficulté à vivre.

On a pu parler de « réussite ». « Tous les comédiens jouent leur partition avec talent ». C'est que le film est l'œuvre de François Dupeyron, un réalisateur qui ne cherche pas à briller mais construit une œuvre originale avec des films très différents les uns des autres : souvenez-vous du très beau « C'est quoi, la vie ?», avec Jacques Dufilho, de l'émouvante « Chambre des Officiers », et de « Monsieur Ibrahim et les fleurs du Coran ». Films disparates, apparemment, mais tous habités par une même perspective : des êtres humains affrontés au tragique de la vie (la mort, le vieillissement, la guerre, la vie difficile en banlieue) gardent leur dignité et retrouvent, malgré tout, l'amour de la vie.

Et si c'était le message que des artistes nous lançaient, en cette fin d'année 2008, alors que tant d'autres courants incitent à se laisser gagner par le nihilisme ou par l'idée de crise ? Car on a trouvé le même message chez le Britannique Mike Leigh avec « Be happy », ou avec les frères Dardenne avec « Le silence de Lorna ». La vie humaine traverse le tragique, mais la dignité et l'amour peuvent avoir le dernier mot.


Jacques Lefur

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