Les cafés théos vus par leurs animateurs
CHAQUE MOIS, UNCAFÉ THÉOLOGIQUE AU BISTROT DES DEUX
GARES
Dans la polyphonie de sens qui domine notre société actuelle, trois chrétiens – un pasteur de l’Église Réformée, un prêtre
ouvrier et une laïque – ont osé faire un choix singulier, celui de proposer la foi dans un restaurant, le Bistrot des Deux Gares. C’est ainsi qu’est né le Café
théologique toulonnais le 14 mars 2000.
Dès le début un choix a été fait : celui de travailler en « équipe élargie » et de formuler les objectifs de ce projet.
·
Dans un monde marqué par le pluralisme, la désinstitutionalisation, le subjectivisme et la baisse des pratiques collectives et obligées, les croyants que nous sommes avaient le désir de dire
librement comment leur adhésion au Dieu de Jésus-Christ et leur pratique de l’Évangile façonnaient leur existence de façon durable.
·
Ce désir de partager notre expérience, non de façon magistrale mais dans des mots balbutiants, orienta le choix du lieu de ces rencontres. Il serait convivial, non confessionnel, au cœur
de la ville, afin de signifier notre volonté de partager avec tous ceux qui n’oseraient peut-être jamais se présenter à la porte d’un presbytère, d’une église ou d’un temple.
·
Les consignes données de façon précise au début des rencontres (l’écoute totale dans le respect de toute parole) signifieraient quant à elles le but des rencontres : temps de
débat pour toute personne intéressée par les thèmes proposés, temps de gratuité et de fécondité de la parole livrée et échangée.
En septembre 2005, nous nous sommes constitués en Association (Loi de 1901) et avons élaboré à cette occasion une charte, document écrit précisant l’esprit et
présentant de manière claire et précise ce que nous souhaitons proposer et vivre dans ce lieu. De plus, ce document de référence permettra sans doute à l’équipe, tout en évoluant, de pouvoir
régulièrement évaluer sa fidélité aux intuitions de départ.
Le premier thème abordé s’intitulait : « Croire aujourd’hui, à quoi ça sert ? » À ce jour, le rythme est celui d’une rencontre par mois,
d’octobre à mai, la moyenne étant de 50 personnes par rencontre. Le public est très différent selon qu’il s’agit d’un sujet religieux (Prier qui, pourquoi, comment ? L’archéologie et la
Bible font-elles bon ménage ? Pèlerinage et quête de sens) sans connotation religieuse (Naître ou ne pas naître ? Fin de vie, faim de vie ? Et la souffrance, qu’en dire ?
Autorité et liberté, amies ou ennemies ?).
Les sujets religieux et existentiels alternent régulièrement.
Le Café théologique, mode d’emploi : des échanges de 19 h 30 à 21 h, suivis d’un repas
Pour commencer, une brève prise de parole : 15 minutes. L’objectif est de susciter la réflexion et déclencher des réactions. L’intervenant
est soit un des trois théologiens de l’équipe, soit un invité « spécialiste » de tel ou tel sujet (soins palliatifs, psychologue, enseignant, théologien, artiste…)
De façon systématique, nous souhaitons ensuite un temps de 10 à 15 minutes de libre parole autour de chaque table, afin de permettre une réaction en
petits groupes et de faire émerger des questions ou réactions. C’est au cours de ce moment que se commandent les boissons chaudes ou froides : notre participation à l’accueil.
L’heure de débat qui suit est l’occasion pour les uns et les autres de prendre tour à tour la parole pour donner avis et points de vue, poser des
questions qui seront soumises tout autant au groupe qu’aux trois « spécialistes » et à l’invité. Ceux qui le souhaitent peuvent alors poursuivre le débat en partageant le repas au
restaurant.
LES SUJETS
Depuis 5 ans les sujets et les intervenants ont été très variés, mais il semble que de manière générale nous puissions les classer ainsi :
·
Les sujets sans connotation religieuse :
Et la souffrance qu’en dire ? Vivre, pourquoi pour quoi ? Et si la colère était bonne conseillère ? Autorité et liberté, amie ou ennemie ?
Suis-je responsable de l’autre comme de moi même ? Femme, compagne et mère. Fin de vie, faim de vie ? Demain, je jette mon agenda. La violence éducative est-elle éducative ?
·
Les sujets religieux à proprement parler :
Le pluralisme religieux, une chance pour la foi aujourd’hui ? L’évangile est-il démodé ? Ce Dieu-là, non merci. Prier qui, pourquoi, comment ?
Dernières nouvelles du diable. Un juif peut il dire le Notre Père ? Croyants, incroyants quelles frontières ? Jésus a-t-il fréquenté Qumran ?
Quel que soit le type de sujet, existentiel ou religieux, le dialogue véritable s’instaure dans le groupe, lorsque les personnes présentes s’impliquent dans une
parole personnelle et la prise de parole initiale de l’intervenant est primordiale.
En effet, certains sujets font plus appel à des « connaissances » et le débat se situe alors au niveau des idées, les participants font alors appel à
la « compétence » de l’intervenant mais le façon dont l’intervenant s’implique ou non personnellement dans la présentation du sujet va orienter la qualité du débat.
Si le sujet concerne la prière et que l’intervenant (quelle que soit son appartenance religieuse) parle en son nom propre et non « de la prière juive, ou de la
prière chrétienne », les participants spontanément prendront la parole dans un « je ».
Chaque rencontre est une aventure que nous osons mettre sous le signe de l’Esprit car nous ne savons jamais à l’avance le nombre de personnes, la façon dont
l’intervenant prendra la parole et comment le dialogue s’instaurera. Il arrive que le conflit pointe. Le désirer pour lui-même n'a aucun sens. L'éviter à tout prix n'en a pas davantage. Les Actes
des Apôtres ne nous cachent pas le conflit qui a divisé la première génération chrétienne, et les Apôtres eux mêmes au sujet des observances mosaïques pour les chrétiens venus du
paganisme.
Le conflit ne peut s'évacuer par une fausse paix qui reviendrait à occulter la question en débat, mais dans la diversité des opinions exprimées, après 5 années de
rencontres mensuelles, je peux affirmer que ce qui permet le dialogue c’est la quête de vérité des uns et des autres. Non pas le désir de convaincre autrui du bien fondé de sa Vérité mais le
désir de partager avec autrui ce qui le guide dans son cheminement personnel et communautaire.
Nathalie GADEA
Le Café Théo de Toulon
Le deuxième mercredi de chaque mois (en année scolaire) de19 h 30 à 21 h
au Bistrot des deux gares (en face de la gare routière).
Puis possibilité de partager le repas au restaurant L’Entre nous.
Renseignements : 04 94 89 04 64 Centre Diocésain de Communications
Prochain rendez-vous :
mercredi 10 mai 2006, où Anne Marie Dreyfus nous entretiendra sur la question : Un juif peut-il dire le « Notre Père » ?
LA CHARTE DU CAFÉ THÉOLOGIQUE DE TOULON
Le café théologique de Toulon est né de la rencontre de trois chrétiens, chacun situé et enraciné dans son église respective : un pasteur de l'Église Réformée, un prêtre ouvrier
catholique et une laïque catholique formée en théologie.
Désireux de vivre entre eux le dialogue, porteurs de leur propre questionnement lié à leur différence même, conscients de la charge symbolique qu'ils représentent, ils veulent rencontrer
leurs contemporains et travaillent à énoncer pour aujourd'hui la foi chrétienne dans un langage simple, accessible à tous, afin de rendre compte de la foi chrétienne, tout en se laissant
interpeller et interroger par la démarche propre et singulière d' hommes et de femmes.
Dès le début ils ressentent la nécessité de travailler au sein d'une équipe rassemblant des chrétiens engagés dans la société et dans l'Église, afin de réfléchir à plusieurs sur le projet, sa
mise en œuvre et son évaluation.
L'équipe ainsi constituée est œcuménique ; elle invite au dialogue tout homme en recherche, dans le respect profond et total de tous les cheminements : humain, spirituel et
religieux.
Pour mettre en œuvre cet esprit d'ouverture à tous, le lieu des rencontres est un restaurant au cœur de la ville. Non confessionnel, il facilite le contact et les rencontres avec ceux qui ne
franchiraient pas le seuil d'une église ou d'un temple. Chacun se sent libre d'entrer, sortir, participer à telle ou telle rencontre : aucune recherche de fidélisation d'une clientèle. La
structure est souple, légère, non institutionnelle. Chacun chemine à son rythme. Le climat est convivial, toute personne désireuse de s'exprimer peut le faire : pas de pensée unique mais une
recherche commune de paroles qui font vivre.
Une brève prise de parole (par un intervenant de l'équipe ou celle d'un invité) pose un éclairage théologique et quelques convictions personnelles qui permettent aux participants de réagir en
petits groupes d'abord puis en grand groupe. A partir de là, un animateur est chargé de faire circuler la parole au rythme des questions qui émanent du groupe. Lors des échanges, l'équipe
animatrice reprend régulièrement la parole pour proposer des repères, si cela s'avère nécessaire. La possibilité de poursuivre autour d'un repas facilite une prise de parole plus spontanée,
difficile en grand groupe.
Écouter, accueillir, se dire, permettre de dire sont les maîtres mots des rencontres.
Des convictions fortes animent l'équipe.
·
La différence reconnue et acceptée est une richesse, elle renforce le cheminement de chacun.
L'être ensemble, l'ouverture à l'autre dans le respect, est source de fécondité. Notre monde a soif de lieux où vivre ces dimensions qui ouvrent à l'espérance.
·
Le chrétien est tout autant responsable d'annoncer Celui qui le fait vivre, qu'appelé à recevoir du questionnement humain, non croyant et inter religieux. Il est invité à prendre au sérieux
la part de vérité dont tout interlocuteur, en quête de sens pour sa vie, est porteur.
·
La parole lorsqu'elle est partagée et écoutée dans le respect devient chemin de vie , de construction personnelle, de croissance responsable.
·
Les dimensions humaine, psychologique, spirituelle et croyante constituent la personne et ne peuvent être dissociées. L'articulation entre le spirituel et le psychologique est un
travail exigeant mais nécessaire.
·
L'Évangile n'appartient pas aux seuls croyants, il peut être aussi source de libération et de guérison pour tout homme, quelle que soit sa démarche. Il offre des points de repère pour vivre.
Donnons à l'Évangile sans frontière la chance de vivre des temps nouveaux .
·
Le grand acteur du café théologique est le Saint Esprit qui souffle où il veut.
Toulon, le 22 septembre 2005
LE CAFÉ THÉOLOGIQUE
Depuis 1998, un "café théologique" se réunit, une fois par mois, dans une brasserie de la ville d'Aix. Il est actuellement animé par
deux jésuites du Centre de La Baume-lès-Aix, et deux laïcs : une ancienne responsable de la catéchèse diocésaine et un historien. Le nombre des participants, généralement autour de 30
personnes, varie de 20 à plus de 50, selon les thèmes annoncés et... la météo ! Ils sont de tous âges, de toutes origines sociales, majoritairement catholiques (quelques-uns un peu en marge
de Rome), mais aussi protestants, athées, juifs, musulmans, et on a même eu un bouddhiste.
La "règle" est simple : après un très court exposé du sujet, les animateurs ramassent les petites fiches qu'ils ont distribuées,
sur lesquelles ceux qui le désirent peuvent poser leurs questions ; on fait immédiatement connaître celles-ci au public. Ensuite, chacun peut réagir et s'exprimer à son tour, mais tous
doivent écouter celui ou celle qui intervient sans l'interrompre, à la fois par courtoisie et par efficacité, si l'on veut obtenir un échange vrai et ne pas empêcher les plus timides de prendre
la parole. En cas de besoin, à la demande, l'un des animateurs peut intervenir pour préciser un point de théologie, d'histoire ou autre.
Ce qui ressort des témoignages de participants, c'est qu'en matière religieuse – plus encore que l'attente d'un "enseignement"
didactique, par des conférences par exemple – il existe un réel désir de parler de sa foi, d'exprimer tantôt ses convictions, tantôt ses doutes. Les deux ne sont d'ailleurs pas absolument
contradictoires, car ce qui semble dominer, c'est le désir de clarifier ses idées et sentiments. On observe, en même temps, une exigence profonde de partage sur ce qui touche des croyants,
souvent "en recherche", au plus profond de leur être. Or les lieux de paroles "conviviaux" ne sont pas nombreux, exceptés quelques petits groupes paroissiaux ou privés (cercles bibliques,
rencontres-débats sur des sujets religieux ou de société, etc.). Lorsque l'occasion en est offerte, on a confirmation de cette soif d'exprimer sa recherche, ainsi en est-il des "partages
d'Évangile" qui ont lieu au cours de la messe dans certaines paroisses ; ils permettent à chacun de "s'approprier" le texte comme on dit aujourd'hui, et non de rester des spectateurs externes.
Mais la "prise de parole" n'est pas facile dans les églises. Leur cadre, plus ou moins austère et impersonnel, ne s'y prête guère, et les fidèles ont coutume d'y écouter passivement le prêtre
desservant. Au contraire, un café est un lieu d'échanges "naturel", si l'on peut dire, et les clercs présents dans un café théologique sont là expressément pour faciliter le
dialogue.
Au café théologique d'Aix, le choix des thèmes se fait en partie en fonction des demandes des participants à la fin de la séance
précédente. Mais il faut prendre aussi en compte l'obligation de ne pas s'en tenir à un monde religieux trop strictement chrétien, ni se laisser coincer par des sujets trop "obligés" parce qu'ils
nous affectent au plus près. Ainsi, ressurgissent régulièrement le scandale du Mal (et, parfois relié à lui, la possibilité ou non du pardon), ou encore le "mystère de la mort" et de son
"après". De même, "la liberté du croyant face à la volonté de Dieu", question essentielle, dont la réponse détermine le type de notre foi : figée dans une tradition, plus ou moins comprise,
ou ouverte, ou "aventurière"... Les animateurs essaient, le plus souvent, de donner au titre de la rencontre un aspect "problématique" afin d'ouvrir d'emblée le débat le plus largement possible.
Parce que "discutable" au sens propre du terme, les formules : "Dieu est-il moderne" ? "Peut-on être moderne et croyant ?" incitent plus à la discussion que "Religion et modernité". De même
: "L'aventure mystique ... pour tous ?" nous implique dans un état que nous pourrions croire totalement étranger à notre vie.
La liste des sujets abordés depuis sept ans est significative des questionnements de certains de nos contemporains. On ne s'étonnera
pas si l'un des plus fréquemment demandés et abordés, c'est Dieu : il est implicite et sous-jacent à pratiquement toutes les questions abordées. Il a été traité pour lui-même 3 fois et, en
rapport avec lui, la foi (3 fois également). Sur une quarantaine de réunions, 7 ont porté sur l'ensemble des religions, leur apport au "vivre ensemble" ou, au contraire, leur éventuelle
nocivité dans la vie des hommes. L'opposition classique entre une foi libératrice et une "religion" potentiellement oppressive ressort une fois ou l'autre. On observe souvent une grande méfiance
à l'égard de ceux qui – prétendant parler au nom de Dieu, annexé à leur propre volonté – veulent imposer leur "Vérité" par la force. Une réflexion sur la laïcité, qui pose au niveau de la société
en partie le même genre d'interrogations, est revenu 3 fois, sous des intitulés différents.
Contrairement à ce qu'on pourrait penser, en fonction des insistances de la presse dans le domaine religieux, les questions de morale
sont rarement réclamées directement et restent donc traitées au hasard des circonstances. Peu de participants s'affirment passionnés par les dogmes, lors même qu'ils admettent qu'il est sans
doute nécessaire de réguler les "croyances" pour qu'elles n'aboutissent pas au "n'importe quoi" ; de même qu'un minimum de structures restent indispensables pour réunir les croyants. En
revanche, la préoccupation d'une authentique vie spirituelle est revenue 5 fois, soit avec un souci pragmatique : "Prier qui ? Pourquoi ? Comment ? ", soit dans une perspective
plus large, ainsi la proposition : "L'aventure mystique ... pour tous ? "
Pour beaucoup de participants, d'après leurs témoignages, la religion, même vécue en Église ou dans une communauté de croyants,
représente un engagement de soi, un élan de con-fiance (fides = foi) qui ne se contente pas de pratiques de piété ou de demandes de "grâces" parfois entachées de magisme, mais correspond
à un désir personnel de relations singulières avec Dieu. Pour progresser dans cette démarche, un "café théologique" n'est certes pas le moyen privilégié, mais il peut permettre des prises de
conscience de blocages dans sa vie religieuse, de réaliser qu'on n'est pas seul à se poser telles questions, ni à rencontrer telles difficultés. La mise en commun des unes et des autres, dans la
réelle amitié qui s'est construite au fil des réunions autour d'un "noyau dur" fidèle, peut favoriser une remise debout, la reprise d'une marche vers Dieu.
Marcel BERNOS
Le “Café théo ” d’Aix se réunit de 19 h 30 à 21 h 30, un mardi par mois. En principe le deuxième, mais les contraintes
des vacances et congés scolaires obligent, selon les cas, à avancer ou reculer dans le mois la date de la rencontre.
Le plus sûr, pour la connaître est de consulter le programme de la Baume-lès-Aix, ou son site : http://www.labaumeaix.com.
L’entrée est libre ; cependant, comme la brasserie-restaurant “La Madeleine”, (4 place des Prêcheurs, 13100
Aix-en-Provence) accueille la réunion gratuitement, en réciprocité de “service”, chaque participant choisit sur une liste, au début de la séance, la consommation qu’il désire, et la règle à
la caisse de la brasserie en partant.
Enfin, ceux qui le veulent, parmi les participants, dînent ensuite sur place, poursuivant les échanges qui se sont
établis.
présenté par son fondateur
Depuis des années, et des soirées, je cherche la brèche où les cris de la vie s'écrivent sur les
quais de la rencontre.
Là, sur un fond sans fond, nos questions fondamentales toujours en mal d'exister ont laissé germer, que dis-je, ont laissé s'échapper ce désir fou d'un café, d'un
troquet, où l'éphémère et le dérisoire disputent les lieux à l'essentiel et l'éternel.
Une paroisse, et même une communauté ouverte ne pouvait suffire à mon désir.
Face à un monde cloisonné et programmé où l'on meurt trop tôt avant de vivre, soyons ivres de vie et de fraternité.
J'ai donc ouvert un lieu où tout se dit, où tout se prie et tout se vit au prix de la rencontre.
Un café chrétien ? Paradoxe étonnant où des liens inattendus de la rue à la vertu, de la foi à l'émoi, cassent les prisons de nos
mentalités et fêtent déjà le fruit subversif d'un évangile oublié entre le croyant et l'incroyant, et le tout sur un même banc. Voilà. Voilà le projet, le premier jet à peine versé autour d'un
café ! les chrétiens, même mes amis les plus intimes, ne l'ont pas cru... ou si peu... et je suis donc parti tel Abraham, loin de ma communauté, de mon Église pour aller vers un pays où
coulent le lait et le miel...
Ce café ? Non pas le café catho, protesto, charismato bétonné dans ses dogmes et ses vérités, mais le café où fume la question du
Christ à soumettre et à commettre encore et toujours, à temps et à contre-temps dans un souci d'épanouissement de l'homme, pour l'élévation de l'âme et pour l'incendie de la foi qui fait feu de
tous bois, dans ce monde blasé et résigné.
Boire un coup ? Au bar. Danser ? En boîte. S'instruire ? A l'école. Prier ? A l'église.
Eh bien, non ! J'ose croire qu'on peut ouvrir un café communautaire, où boire, chanter, parler, cogiter, créer et prier feront bon
ménage hors de la pensée unique et inique.
Le café s'ouvre sur le questionnement et sur l'étonnement de l'homme. La philosophie et la théologie s'agiteront sur les trottoirs de
l'histoire et sous le regard des sciences d'hier et de demain. Et au gré de ce café chaud et fumant, nous pourrons mijoter, mes amis, nous pourrons mijoter des projets de solidarité, prier et
méditer, ramasser les forces égarées en nous, et contempler en vous, le Dieu intérieur.
La guitare et le piano joueront leur duo sous les feux de la poésie et à l'ombre d'une bougie pleurant de tendresse...
J'imagine ce Jésus, cet homme dont je me sens l'ami et le disciple. Je l'imagine dans un café de Jérusalem, dans une taverne en face du temple. Les évangiles nous
le montrent rarement dans le temple ou la synagogue. Il était plutôt en face. Jésus le laïc, Jésus le comme tout le monde fréquente les cafés de tout le monde. On ne le sait que trop, Jésus
mangeait et buvait à la table des hommes. Et c'est à table et autour d'un verre qu'on refaisait le monde et que la Parole divine et créatrice soufflait.
Je vous invite donc, mes amis, à retrouver le sens de la table et du verre partagé pour retrouver le sens de l'amitié et de la
fraternité. Je crois de plus en plus que dans nos villes, l'évangile si fragile ne peut se dire et se boire qu'à table, dans un climat de sympathie et d'appétit. Appétit de justice, d'amour et de
poésie.
Déjà des liens se tissent ici et des réseaux de foi et d'amitié sont crées ici ou là de par le monde, dont ce café fait partie. Les
chrétiens du Parvis osent cette aventure et ce lien visible et invisible... Serait-ce possible dans une paroisse ? non.
Ici, croyants et incroyants se croisent au café... un lieu où tout est possible, tout s'invente... l'Esprit souffle ! ....
À la sagesse des hommes, Dieu a répondu par la folie. À la puissance des hommes, Dieu a répondu par la fragilité de la crèche. Au fric
des hommes, Dieu a répondu par la pauvreté et par le “ Lève-toi et marche ”. Le café du Courant d'Air souffle des idées de création et d'invention. Non pas un air courant mais un
courant d'air. Trinquons à l'ouverture du café de la foi et de la joie qui n'en finit pas !
Pierre Castaner
LE COURANT D'AIR CAFÉ
45, rue Coutellerie - 13002 MARSEILLE
Un petit café, au pied du plus vieux quartier de Marseille, le Panier, dans une rue parallèle au vieux port. Tables et chaises en bois. Grand tableau noir à l'entrée où la craie affiche les activités et les pensées du soir. Une très longue échelle dite échelle de Jacob. Une cloche fixée au mur. Un établi de menuisier qui sert de comptoir. Une cafetière napolitaine. Un piano. Une guitare. Et au fond, le petit oratoire, havre de paix, de silence et de prière.
Un petit café, au pied du plus vieux quartier de Marseille, le Panier, dans une rue parallèle au vieux port. Tables et chaises en bois. Grand tableau noir à l'entrée où la craie affiche les activités et les pensées du soir. Une très longue échelle dite échelle de Jacob. Une cloche fixée au mur. Un établi de menuisier qui sert de comptoir. Une cafetière napolitaine. Un piano. Une guitare. Et au fond, le petit oratoire, havre de paix, de silence et de prière.
Les activités culturelles qui nourrissent l'esprit sont prétextes aussi pour la rencontre et la convivialité. Là naissent des projets et des créations.
C'est un café associatif et donc, les personnes s'inscrivent sur les registres et reçoivent une carte d'adhérent. Les permanents sont des jeunes qui accueillent,
servent les boissons, écoutent, expliquent, font le lien entre les personnes. Ils sont de service chacun un soir. Leur disponibilité et le sens du service sont des valeurs évangéliques que nous
voulons vivre. Pas de grands discours mais une manière d'être et de faire. Dans ce monde matérialiste, individualiste et compétitif, le Courant d'Air café se veut un lieu de partage, de
fraternité et de résistance spirituelle.
Ouvert tous les jours du mardi au samedi de 18h30 à minuit.
Rencontres à 19 heures.
Café Prière et Partage : premier vendredi du mois
Café Écriture : premier mercredi
du mois
Café
Psycho : deuxième mercredi du mois
Café Histoire : dernier
mercredi du mois
Café Poésie
: premier jeudi du mois
Café Théo
: deuxième jeudi du mois
Café CD
: troisième vendredi du mois
Café Philo
: dernier vendredi du mois
Café Blues
: premier samedi du mois
Adresse électronique : http://courantair.free.fr
LES SAINT-LUC P’TIT DÉJ’
Les « P’tit déj » de Saint-Luc : un café improvisé, non dans un lieu public, mais dans les locaux de l’Espace
Saint-Luc, 231, rue Saint-Pierre à Marseille. Point de sujet arrêté à l’avance, ni de thème préétabli pour ces rencontres qui ne s’affichent ni « théologiques », ni
« philosophiques » mais se veulent simplement ouvertes aux « signes des temps ».
Un dimanche par mois, de dix heures à midi, pour nourrir les idées et sujets de discussion que chacun porte en soi (et apporte avec
soi), « petit noir », thé et lait, croissants et brioches sont fournis par la maison – laquelle accepte cependant toute (libre) participation aux frais ! Cela commence
par un tour de table où chacun dit ce dont il aimerait débattre, puis par un vote pour décider du sujet qui convient le mieux au groupe ; après quoi, vers 10 h 30, la discussion est ouverte.
Quand on le désire, on s’inscrit auprès du meneur de jeu pour demander la parole, ce qui permet, sans être interrompu, d’exposer ses idées et d’alimenter un débat dans lequel l’écoute de chacun
est la première règle.
Point de « prise de tête », d’abstraites spéculations intellectuelles, dans tout cela ; point d’oiseuses
« discussions du Café du Commerce », non plus, mais des hommes et des femmes – une quinzaine en moyenne, dont beaucoup d’habitués – qui partagent, librement, sérieusement, en toute
franchise et en pleine égalité, sur des sujets qui « font la une » de l’actualité ou qui les touchent plus personnellement. Des hommes et des femmes qui sont venus là comme chrétiens et
comme citoyens car au fil des mois – et sans que cela soit voulu ou recherché – la parité s’est établie entre sujets d’actualité et sujets plus religieux.
Qu’on en juge par les thèmes qui ont été récemment abordés. À l’automne 2005, quand les conflits sociaux (SNCM, RTM) étaient la
préoccupation de tous les Marseillais, le débat a porté sur les valeurs qui sont en jeu dans une grève. En novembre, lorsque la France entière (mais non Marseille) connaissait l’embrasement des
banlieues, il s’est attaché à scruter « Les signes d’Espérance », un sujet qui intéresse également chrétiens et citoyens. Et cet hiver, le groupe a retenu des thèmes plus intimes et
parfois plus « cathos », si l’on veut. En janvier il s’est interrogé sur cette notion de « souffrance rédemptrice » que beaucoup ont héritée de leur éducation
religieuse ; en mars, il s’est demandé comment résister à la « culture de l’angoisse » que les médias distillent jour après jour dans nos esprits.
Mais la liste est longue des sujets auxquels il faut renoncer chaque mois pour ne retenir qu’un thème à débattre. Car dans ces
« P’tit déj » qui tiennent de l’« auberge espagnole », la découverte de ce que chacun porte en soi et souhaiterait partager autour de soi n’est pas la moindre
richesse.
Jean GUYON
Les Saint-Luc P’tit déj à l’Espace Saint-Luc
231, rue Saint-Pierre 13005 MARSEILLE
De 10 h à midi, un dimanche par mois – le deuxième en principe – mais la date peut varier, en particulier en fonction des
vacances !
Mieux vaut donc consulter le blog de la Communauté Saint-Luc :