Comment voir Jésus ?
LA MÉTHODE ZACHÉE
Nous aimerions parfois “voir” Jésus. C’est difficile. Et pourtant une méthode a fait ses preuves, elle est exposée dans Luc 19,1-10. Zachée est publicain, donc suspect d’être un “collabo” des Romains ; il est riche et ce n’est pas dans cette catégorie sociale que Jésus recrute ses amis ; il est petit au milieu d’une foule, donc peu visible lui-même. C’est-à-dire que rien, a priori, ne va lui faciliter la rencontre. Mais “il cherchait à voir qui était Jésus”, ce qui est un désir que l’on peut souhaiter à tous les chrétiens, et qui correspond bien à une question du Christ lui-même : “Pour vous, qui dites vous que je suis ? ”
Au delà de ce désir impérieux, la méthode Zachée est simple : “Il courut en avant et monta sur un sycomore.” Aller de l’avant, quel que soit notre état de vie, quelle que soit notre situation, ne pas se laisser engluer dans un passé peut-être plein de soucis ou de plaisirs, peu glorieux ou douloureux… “laisser les morts enterrer les morts ”, pour courir en avant, vers le Vivant. Précéder ce qu’aurait pu continuer à être notre vie pour trouver la lumière.
Et, en même temps, car il ne faut pas courir sans but, au hasard de nos fantaisies : s’élever, sortir des tracas et distractions de la vie quotidienne. Ce n’est probablement pas un hasard si, parmi tous les arbres de Palestine, Zachée a choisi un sycomore. Déjà, chez les anciens Égyptiens, le sycomore était, avec ses grandes branches, un symbole de protection, de sécurité. Le pape Grégoire le Grand appelle cet arbre ficus fatua. Fatua, c’est la vanité, et grimper sur le sycomore c’est, en quelque sorte, faire fi de la vanité, de l’esprit du monde. Ce serait même participer à une certaine folie consistant à se dégager de tout intérêt terrestre. Mais on sait que la “foi au Crucifié est scandale pour les Juifs et folie pour les païens” (1e lettre aux Corinthiens 1,23).
Pour voir Jésus, il faut donc sauter dans l’inconnu, hors de la routine de nos vies installées ; c’est dur, mais la récompense est là :
Zachée s’entend dire “Descends vite, car il me faut aujourd’hui demeurer chez toi.” C’est-à-dire qu’après s’être éloigné du monde pour la Rencontre, il faut y revenir, car le
Seigneur a besoin de nous ici-bas ; nous avons une tâche à accomplir, ne serait-ce que, comme Zachée, “ égler nos comptes” avec justice, rendre ce que nous avons reçu en partageant et en
dédommageant ceux à qui nous avons pu faire tort.
Albert OLIVIER