L’homme du temps présent

Publié le par Garrigues

Voici un article qui est publié peu après Les chrétiens ont ils "quelque chose " en plus ? Ce n'est peut-être pas un hasard.

Le petit jeu pour fêter le retour du soleil sur les sentiers des garrigues : DE QUI EST CE TEXTE ? DE QUAND DATE-T-IL ? est maintenant terminé et l'article est signé.

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Nous éprouvons une sorte de terreur à considérer les conditions funestes de l'humanité à l'heure présente. Peut-on ignorer la maladie si profonde et si grave qui travaille, en ce moment et bien plus que par le passé, la société humaine, et qui, s'aggravant de jour en jour et la rongeant jusqu'aux moelles, l'entraîne à sa ruine ? Cette maladie, Vénérables Frères, vous la connaissez, c'est à l'égard de Dieu, l'abandon et l'apostasie ; et rien sans nul doute qui mène plus sûrement à la ruine, selon cette parole du prophète : « Voici que ceux qui s'éloignent de Vous périront. » [...]

 

De nos jours, il n'est que trop vrai, « les nations ont frémi et les peuples ont médité des projets insensés » contre leur Créateur ; et presque commun est devenu le cri de ses ennemis : « Retirez-vous de nous. » De là, en la plupart, un rejet total de tout respect de Dieu. De là des habitudes de vie, tant privée que publique, où nul compte n'est tenu de sa souveraineté. Bien plus, il n'est effort ni artifice que l'on ne mette en œuvre pour abolir entièrement son souvenir et jusqu'à sa notion.

Qui pèse ces choses a droit de craindre qu'une telle perversion des esprits ne soit le commencement des maux annoncés pour la fin des temps, et comme leur prise de contact avec la terre, et que véritablement le fils de perdition dont parle l'Apôtre n'ait déjà fait son avènement parmi nous. Si grande est l'audace et si grande la rage avec lesquelles on se rue partout à l'attaque de la religion, on bat en brèche les dogmes de la foi, on tend d'un effort obstiné à anéantir tout rapport de l'homme avec la Divinité ! En revanche, et c'est là au dire du même apôtre, le caractère propre de l'Antéchrist, l'homme, avec une témérité sans nom, a usurpé la place du Créateur en s'élevant au-dessus de tout ce qui porte le nom de Dieu. C'est à tel point que, impuissant à éteindre complètement en soi la notion de Dieu, il secoue cependant le joug de sa majesté, et se dédie à lui-même le monde visible en guise de temple, où il prétend de recevoir les adorations de ses semblables. « Il siège dans le temple de Dieu, où il se montre comme s'il était Dieu lui-même. » Quelle sera l'issue de ce combat livré à Dieu par de faibles mortels, nul esprit sensé ne le peut mettre en doute. Il est loisible assurément, à l'homme qui veut assurer sa liberté, de violer les droits et l'autorité suprême du Créateur ; mais au Créateur reste toujours la victoire. [...]  C'est de quoi Dieu lui-même nous avertit dans les Saintes Écritures : « Il ferme les yeux, disent-elles, sur les péchés des hommes », comme oublieux de sa puissance et de sa majesté ; mais bientôt, après ce semblant de recul, « se réveillant ainsi qu'un homme dont l'ivresse a grandi la force, il brise la tête de ses ennemis, afin que tous sachent que le roi de toute la terre, c'est Dieu, et que les peuples comprennent qu'ils ne sont que des hommes. »

Tout cela, Vénérables frères, nous le tenons d'une foi certaine et nous l'attendons. Mais cette confiance ne nous dispense pas, pour ce qui dépend de nous, de hâter l'œuvre divine, non seulement par une prière persévérante : « Levez-vous, Seigneur, et ne permettez pas que l'homme se prévale de sa force », mais encore, et c'est ce qui importe le plus, par la parole et par les œuvres, au grand jour, en affirmant et en revendiquant pour Dieu la plénitude de son domaine sur les hommes et sur toute créature, de sorte que ses droits et son pouvoir de commander, soient reconnus par tous avec vénération et pratiquement respectés.

Accomplir ces devoirs, n'est pas seulement obéir aux lois de la nature, c'est travailler à l'avantage du genre humain. Qui pourrait, en effet, Vénérables Frères, ne pas sentir son âme saisie de crainte et de tristesse à voir la plupart des hommes, tandis qu'on exalte par ailleurs et à juste titre les progrès de la civilisation, se déchaîner avec un tel acharnement les uns contre les autres, qu'on dirait un combat de tous contre tous ? Sans doute, le désir de la paix est dans tous les cœurs, et il n'est personne qui ne l'appelle de tous ses vœux. Mais cette paix, insensé qui la cherche en dehors de Dieu ; car, chasser Dieu, c'est bannir la justice ; et, la justice écartée, toute espérance de paix devient une chimère. « La paix est l'œuvre de la justice. » Il en est, et en grand nombre, Nous ne l'ignorons pas, (il en est) qui poussés par l'amour de la paix, c'est-à dire de la tranquillité de l'ordre, s'associent et se groupent pour former ce qu'ils appellent le parti de l'ordre. Hélas ! Vaines espérances, peines perdues ! De partis d'ordre capables de rétablir la tranquillité au milieu de la perturbation des choses, il n'y en a qu'un : le parti de Dieu. C'est donc celui-là qu'il nous faut promouvoir ; c'est à lui qu'il nous faut amener le plus d'adhérents possible, pour peu que nous ayons à cœur la sécurité publique. [...]

D'où il suit que tout restaurer dans le Christ et ramener les hommes à l'obéissance divine sont une seule et même chose. Et c'est pourquoi le but vers lequel doivent converger tous nos efforts, c'est de ramener le genre humain à l'empire du Christ. Cela fait, l'homme se trouvera, par là même, ramené à Dieu. Non pas, voulons-Nous dire, un Dieu inerte et insoucieux des choses humaines, comme les matérialistes l'ont forgé dans leurs folles rêveries, mais un Dieu vivant et vrai, en trois personnes dans l'unité de nature, auteur du monde, étendant à toute chose son infinie providence, enfin législateur très juste qui punit les coupables et assure aux vertus leur récompense.

Or, où est la voie qui nous donne accès auprès de Jésus-Christ ? Elle est sous nos yeux : c'est l'Église  [...] Vous voyez donc, Vénérables Frères, quelle œuvre nous est confiée à Nous et à vous. Il s'agit de ramener les sociétés humaines, égarées loin de la sagesse du Christ, à l'obéissance de l'Église ; l'Église, à son tour, les soumettra au Christ, et le Christ à Dieu.

Certes, le jour où, dans chaque cité, dans chaque bourgade, la loi du Seigneur sera soigneusement gardée, les choses saintes entourées de respect, les sacrements fréquentés, en un mot, tout ce qui constitue la vie chrétienne remis en honneur, il ne manquera plus rien, Vénérables Frères, pour que Nous contemplions la restauration de toutes les choses dans le Christ. Et que l'on ne crie pas que tout cela se rapporte seulement à l'acquisition des biens éternels ; les intérêts temporels et la prospérité publique s'en ressentiront aussi très heureusement.

Car, ces résultats une fois obtenus, les nobles et les riches sauront être justes et charitables à l'égard des petits, et ceux-ci supporteront dans la paix et la patience les privations de leur condition peu fortunée ; les citoyens obéiront non plus à l'arbitraire, mais aux lois ; tous regarderont comme un devoir le respect et l'amour envers ceux qui gouvernent, et dont le pouvoir ne vient que de Dieu.

1e Encyclique de (saint) Pie X
E Supremi Apostolatus
4 octobre 1903

Publié dans Fioretti

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A
Damned ! Pourquoi ne pas y avoir pensé... ce ton inimitable me disait quelque chose ! <br /> J'aurais dû faire le lien avec cette anecdote du "Bloc notes" de F. Mauriac, quand il est reçu en 1955 à Venise par le patriarche Roncalli (le futur Jean XXIII) et qu'on lui fait visiter le palais :<br /> "Le secrétaire de Son Éminence m'introduit dans la chambre de saint Pie X qui fut patriarche de Venise. Je cache mon manque d'émotion : à chacun ses saints. Celui-ci n'est pas de ma paroisse. Je l'invoque pourtant : "Saint Pie X, priez pour les autres." (éd. Points-Essais, Paris, 1993, t. I, p. 281).
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L
Je dirai qu'il s'agit de Pie X, le 4 octobre 1903 dans sa lettre E Supremi apostolatus.
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A
Pas d'accord, Angelo, car ces "conneries", comme tu dis, se répètent sous des formes diverses et variables de siècle en siècle ; elles touchent certaines personnes (les "nobles et les riches" seraient d'accord, certains gouvernements aussi, et tous les "tradis"). Elles permettent de comprendre d'où on vient, quel Dieu notre monde refuse aujourd'hui et pourquoi il le refuse … Bref, c'est au cœur de notre combat pour un christianisme évangélique. <br /> <br /> Les autres commentaires sont pertinents : oui, ça pourrait être du Clavel ! mais non, ça n'en est pas, «nom de D…» Quant à saint Augustin, il est tout de même plus subtil …même quand il apparaît conservateur, et il écrit mieux. <br /> Albert OLIVIER
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A
texte horrible, insupportable, terrifiant: pour le résummer: tout va mal depuis que l'homme s'est détourné de Dieu. Tout irait mieux si l'homme revenait à Dieu et pour cela une seule voie, une seule possibilité: revenir à l'eglise car en revenant à l'eglise on revient à Dieu et l'eglise soumettra ensuite le tout à Dieu: je cite :"où est la voie qui nous donne accès auprès de Jésus-Christ ? Elle est sous nos yeux : c'est l'Église [...] Vous voyez donc, Vénérables Frères, quelle œuvre nous est confiée à Nous et à vous. Il s'agit de ramener les sociétés humaines, égarées loin de la sagesse du Christ, à l'obéissance de l'Église ; l'Église, à son tour, les soumettra au Christ, et le Christ à Dieu". <br /> Alors tout le monde y trouvera son compte: l'éternité et les hommes: les nobles et les riches seront toujours à leur place et les petits et les peu fortunés seront aussi toujours à leur place grâce à l'assistance que les nobles et les riches leur feront et Dieu sera toujours sur son perchoir et le monde entier sera en bon ordre.<br /> comment peut on dire de semblables conneries qui insultent tout le monde Dieu, Jésus Christ les hommes. Je ne sais de qui est ce blabla mais le savoir n'a aucun intérêt -<br /> angelo
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A
En tout cas, pas Jean XXIII !
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A
Benoît XVI ?
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D
saint augustin<br /> <br /> dostoievsky?
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D
maurice clavel?<br /> roger peyrefitte?
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