Quelques remarques de vocabulaire
Destinées à clarifier un débat impliquant l'Islam,
elles ne constituent pas un traité d'Islamologie !
1) Le Qoran n'est pas seulement "inspiré" par Dieu, comme la Bible, mais dicté par Lui, ce sont ses propres paroles : on ne peut donc pas seulement en changer un mot, mais difficilement l'interpréter, ce qui peut favoriser le fondamentalisme. En outre, le poids de la tradition est compliqué par l'existence des hadiths, « faits et gestes du prophète » recueillis auprès de témoins (quoique l'authenticité de certains ait pu faire l'objet de discussions). Or leur autorité est très forte, se situant immédiatement après celle du Qoran, parfois, concurremment. Toutes les traditions forment la sunna.
2) Presque dès l'origine, diverses interprétations juridiques s'établirent dans différentes régions du monde musulman. Quatre "rites" sont reconnus, plus ou moins stricts. Des "schismes" aussi tels les Chiites ou les Kharidjites...
3) Il n'y a pas, en pays d'Islam, de séparation du politique et du religieux. D'ailleurs, le musulman ne devrait vivre, en principe, que dans un état musulman ou tenter de le rendre tel. La laïcité - du moins telle que nous la vivons en France depuis 1905 : religieux réduit au for privé, séparé de l'État - est, dans l'état actuel de la "théologie" musulmane, difficilement admissible, même si des tentatives intéressantes (représentatives ?) se perçoivent ici ou là.
4) Persuadés d'avoir la Vérité et d'agir comme le bras "armé" de la Volonté de Dieu, certains Musulmans (les "Islamistes radicaux") peuvent avoir la tentation de se reconnaître le devoir - comme l'Église a prétendu l'avoir au Moyen-Âge - d'imposer cette vérité, même si d'autres passages du Qoran (comme de la Bible) interdisent la violence, du moins à l'égard des Chrétiens et des Juifs.
5) On a beaucoup disserté sur la notion de Djihad... Il est vrai qu'il y en a des interprétations mystiques, cette lutte pour la foi devant être exercée avant tout sur soi-même. Mais l'interprétation littérale, induisant une guerre de religion, existe aussi, ne serait-ce que, parce que Mahomet a dicté certaines sourates, alors qu'il était réfugié à Médine, dans un contexte de guerre farouche contre ses adversaires de La Mecque.
6) La Ùmma, ensemble des croyants professant l'Islam, est plus qu'une simple communauté. Elle institue, en principe, une solidarité fondamentale, supérieure à tous autres liens personnels ou sociaux : familiaux, ethniques ou nationaux (Cf. l'aman donné à des talibans afghans).
7) La majorité des fidèles musulmans dans le monde ne sont pas originellement de culture arabe, mais la langue du Qoran et de la prière reste l'arabe, qui est donc une langue "sacrée". Et les lieux saints de La Mecque sont situés en Arabie.
8) La manière de vivre leur religion par les Africains ou les Indonésiens reste largement différente de l'arabo-islamisme, même si certains Islamistes rêvent de constituer un front commun contre ceux qui n'admettent pas strictement la charya.